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Que chacun reste à sa place – (RC )


carreaux -  raku -

 

montage  perso  2012

 

 


Je me méfie des signes
Clignotant dans la nuit.
Ce sont peut-être des phares,
Guidant les marins vers le port,
Ou des feux  sournois qui égarent…

Je me méfie des symboles,
Et des grandes formules;
Des lions ailés  sur les  drapeaux,
Des discours et grandes phrases,
De bavards, et de l’emphase.

L’image peut-être  trompeuse,
Et celui qui l’utilise,
Le fait souvent habilement,
L’abondance  nous cerne,
Ce qu’on appelle « prendre des vessies pour des lanternes ».

Que chacun reste à sa place,
Et vénère ou non, un dieu.
Je n’ai rien contre les  convictions,
Le parcours de l’imaginaire.
Chacun est libre, les pieds sur la terre,

De percevoir entre les nuages,
Les murmures des oracles,
Et de croire  aux miracles,
De lire des figures
Dans le marc de café…

Chacun ses choix.
Quant à en faire une loi,,
Imposer ce qu’il faut croire,
Permettez que je doute,
Je ne partage pas avec la planète,

Mes hallucinations.
Je ne suis pas  conforme,
Et pas fait pour les dogmes.
Et j’ai quelque  suspicion,
Envers la politique, et la religion.


RC –  sept  214


Venise déserte en sa nuit tiède ( RC )


photo HDR: Daniel Laurentin Adam

 

D’anciennes façades  décrépies,       sont comme  tachées,
Une végétation touffue croise ses bras verts pour cacher
Une grille que nul ,      depuis longtemps, n’a fréquentée,
Scellée par la rouille,  –      et dont personne n’a la clef

La fontaine est muette,  l’eau ne chante plus sous le tilleul,
La vasque est presque remplie  de feuilles  en deuil,
Et de papiers, qui se soulèvent  avec le vent
La place,  désertée par l’été et les gens

On ne comprend pas où mènent ces escaliers
Qui s’élancent, puis, s’arrêtent par paliers
Vers une  tour          en partie détruite
Et que plus personne  n’habite

La nuit  est tombée, accompagnée par la lune
L’humidité  s’étale,  de la proche lagune
Le satellite, se double  d’un halo
Qui se mire dans les  flots

Du canal, aux reflets de vagues molles
Venant lécher de noires gondoles
Echouées, là,  de biais, elles ont perdu leur emphase
Embarcations envahies par la vase…

De pâles lueurs tremblotent derrière les vitraux  de l’église
Dans ce quartier un peu à l’écart,                     de Venise,
De briques  et de marbres, les palais ont les pieds  fourbus
Les murs qui s’écaillent, disent un prestige  déchu.

La madone  sculptée, au nez rongé, est toujours dans sa niche
Une fenêtre bouchée effeuille             d’anciennes  affiches
Indiquant des saisons passées les fêtes  du Grand canal
Paillettes,   danses          et masques  du carnaval…

Tout est silence à part une gerbe  d’étincelles….
>    D’une  radio lointaine,  parvient une  tarentelle,
Et la brise déplace doucement ses voiles,
Dans un ciel de velours piqueté  d’étoiles.

Où se traînent paresseusement quelques nuages
Dont le zodiaque ne prend pas ombrage
Même pas  le verseau et Ganymède
–   Toujours brillants  dans la nuit tiède.

RC – 7 juillet 2012

photo             Olimpo