_ Je me souviens de l’arbre dans la cour de récréation ; c’était un de ces platanes dont on rognait les grosses branches.
Au roulement des nuages d’automne, le platane abandonnait ses feuilles avec des nuances , où il restait du vert et du jaune , parmi la rouille .
A sa base, une rondelle de béton comportait un multitude de stries en creux où les enfants se groupaient pour jouer aux billes avec le but d’en faire le tour le plus rapidement, tout en évitant les creux.
Je me souviens y avoir joué aussi, les doigts tachés d’encre violette. C’était celle qu’on utilisait encore dans ces récipients en porcelaine blanche incrustés à droite dans le trou du bureau .
Je me souviens… ( comme dirait Pérec ) aussi , de l’odeur âcre des feuilles, que l’agent d’entretien faisait brûler, odeur qui marquait définitivement la fin de l’été.
Par-dessus le toi des guitares Ses yeux et son sourire bleu La nuit mêlée à ses cheveux Chaque train oubliait sa gare Le flux et le reflux de la mer intérieure Qui animait mon coeur à la cause du sien Me faisait ressemblant à ces ombres de chien Qu’on voit laper la nuit des restes de lueurs Mon égyptienne ma mythique Quand nous baignerons-nous à nouveau Au port d’Alexandrie entre ces vieux rafiots Dont la voile crevée donnait de la musique Du haut de la plus haute pyramide Léchée par des millions de regards touristiques Entre Son Lumière légendes et cantiques Je t’apporte ces mots de sang encore humides Ces inhumains versets d’amours supra-humaines Quand le poète écrit d’amour à son aimée Il charge son stylo d’encre à éternité Puis lui dit simplement Madame je vous aime Et je vous saurais gré de l’avoir remarqué
Le chat ignore l’oiseau, qui figure sur la photo, juste à côté de lui. C’est que l’image ne le rencontre pas. Cela sent l’encre et non le duvet .
Le côté plat ne fait pas illusion: le monde n’est pas amputé d’une partie de sa réalité, c’est juste la lumière qui s’est posée sur l’oiseau, et dont on a prélevé une trace fugace, mais aucune plume, aucune chaleur. Le chat ne s’y est pas trompé.
L’attente est l’espace d’apparition des images et celui de leur retenue / La rencontre avec l’image : percussion de notre propre attente avec cet espace / Un monde à part du monde / Un monde de la suppléance (Derrida) / Fait de copeaux qui auraient l’étrange pouvoir d’exister sans pour autant entamer le bloc d’où ils proviennent, de prélever sans laisser de traces du prélèvement. (Le travail du seuil in L’imagement / Jean-Christophe Bailly. – Editions du Seuil, 2020. – (Fiction & Cie))
Un filet d’encre te relie à ta terre même au fin fond des mers.
Ce dessin inscrit à même la peau, tu ne vas pas le cacher : Tu transportes une partie du monde: un tatouage de Bretagne, un angelot en haut du bras ( landes et rochers te suivent partout où tu vas ): c’est aussi bien qu’une mappemonde .
Pour ceux qui ne connaissent pas la géographie tu vas leur indiquer aussi. chaque partie du corps qui représente une région chère à ton coeur, – on voit que tu as parcouru la France et que tes errances t’ont conduit à maints endroits que tu peux montrer du doigt -.
C’est sans doute mieux que le prénom du chanteur passé de mode dont il faut qu’on s’accommode comme un blason ou celui de la petite amie depuis longtemps tombé dans l’oubli, ou encore le dessin du lion rugissant qui t’accompagne par tous les temps.
Ta peau a connu les tempêtes malgré les ans, les tatouages survivent: ils ont la mémoire abusive tout à fait tenace que tu arbores avec fierté et audace sur tout ton corps à l’exception de la tête.
Si on t’examine de la tête aux pieds tu pourras sortir le certificat d’origine quand on voudra te contrôler… Produit garanti certifié par lieu de naissance mis en évidence…. …peut être rapatrié
Il y a bien un moment, où le bateau, à force de dériver, accoste à une île. Je suis d’abord méfiant, puis y risque quelques pas, on ne sait quel sera l’accueil. > Je laisse passer du temps.
On apprivoise l’île et ses occupants, animaux, végétaux et humains ( s’il y en a ).
Inversement l’île apprivoise, on dirait qu’elle veut m’inclure dans elle, faire connaître ses humeurs, à travers ses mangroves, ses lianes, ses singes et insectes .
Les fruits exotiques sont mon apéro, et j’ai trouvé un abri pour les jours de pluie.
Bientôt je vais me greffer aux arbres, je serai leurs racines, et une extension de feuillage, comme si avant j’étais une chose morte, et qu’alors j’eusse renoncé à l’inutile.
C’est ainsi que j’ai abordé l’île d’écriture, porté par les alizés, et maintenant je fleuris d’encre .
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RC – oct 2017
On peut distinguer ce qui s’écrit, par l’ombre qui en émane… Bien que le procédé soit le même: – s’agissant toujours de noircir une page avec l’encre….
Alors que les journaux se repaissent de nouvelles tragiques, qui font couler beaucoup d’encre, et obscurcissent les jours,
Le poète jette pareillement de l’encre sur le papier, plus discrètement mais, paradoxalement, il en émane souvent la lumière…
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( A partir de Ph Jaccottet ) :
« l’encre serait de l’ombre (Aux liserons des champs) »
La vie m’écrit demain . Je ne saurais pas dire si c’est d’encre violette Ni qu’elle me choisit un destin ( je n’en fais qu’à ma tête ) ! – Je suis né par accident Parce qu’un jour mon auteur Qui aimait cette couleur Fut un peu imprudent
En voulant remplir les pages Contre l’avis du vent Le livre s’est fermé brusquement, – Et plutôt qu’en être otage J’ai fui sous le canapé En emportant quelques lettres Que je pourrais peut-être Utiliser sans me faire attraper.
J’ai donc dû m’aplatir Le nez dans la poussière, Avec tous ces caractères . Ils m’ont aidé à grandir, A me rendre autonome Ce fut une aventure De se lancer dans l’écriture, Nom d’un petit bonhomme !
Me glisser dans un feuille, Une autre encore et ainsi de suite Mon récit n’a pas de limite Jetez-y un œil ! : J’y inscris les rires Je m’invente des personnages Pars pour de lointains voyages Parcours des souvenirs
Je rencontre Prévert… – Ah, ce qu’on a ri, Au rayon poésie En vidant des vers… !! ( Il faut être un peu ivre Pour qu’au moindre prétexte On caresse un texte , Qu’on écrive un livre ).
Je n’ai aucun programme …. » Est-ce grave, docteur ? « D’avoir échappé à son créateur Et des brumes de son âme ?
Maisons improvisées dans l’étendue vide pas encore achevées et vides encore d’ habitants.
Mais elles sont, depuis le commencement, habitées par le personnage des souvenirs.
( Comme s’il n’y avait pas de mur et qu’avec cela, malgré cela, on y ouvrait une porte. Comme s’il n’y avait pas de père, de mère, d’enfants, et qu’avec cela, malgré cela, il y avait des lits, des vases, des livres et une table. Comme s’il n’y avait pas de salle de séjour et qu’avec cela, malgré cela, il y avait des canapés, une table basse, une lampe, une télévision, des tiroirs pour le papier à lettres, les journaux intimes,
les numéros de téléphone, les adresses postales, la note de l’épicier, la facture d’électricité, la boîte d’aspirine, les stylos à encre, les crayons à papier, le livret de famille, le vieux passeport, la boîte de dragées et la vieille montre, la boucle d’oreille qui reste en attendant de retrouver l’autre, le carnet, beaucoup de clés, dispersées ou reliées par un anneau et personne ne se souvient maintenant si elles ouvraient des portes et où sont ces portes…)
( variation sur un texte de Michèle Dujardin, tiré de « Abadôn » elle-même évoquant Henri Thomas avec cet extrait : « Je n’ai le goût de rien exprimer, si ce n’est ce noyau d’obscurité tenace qui est mon être même, ma substance morale et poétique. »
Henri Thomas )
image: « Six personnages en quête d’auteur », mis en scène par Emmanuel Demarcy. » – provenance lepoint.fr
–
J’ai du mal à ordonner les choses, ordonner dans le sens « ordre donné », plutôt que dans celui de ordre-désordre… : J’ai dû prendre la formule à l’envers.
Je navigue sans doute à contre-sens, et justement les choses sont comme on n’a pas l’habitude de, ( l’inversion du mode d’emploi) et du mélange du tout …
( Qui de l’ordre du fantasme, des mailles écorchées de la réalité, des formules à l’alchimie incertaine, où le fil qui les tient ensemble se dissout… )
J’énonce des choses, où, comme les légumes, se juxtaposent, ceux qui crus , crissent sont la dent, ceux qui , trop cuits , dont la matière s’échappe .
Et avec le tout, une architecture fantasque. On se demande comment ça tient debout, quelle est la part du rêve, et où se glissent les carillons des fêtes,
La sonate des pages qui s’envolent, le pavillon de l’impatience, l’essence volatile des sentiments, et l’encre qui se dépose,
où je vais puiser… encore sous le coup du choc d’un regard, des noces de plume, et de l’obscur affrontement des mots.
Vingt minutes d’arrêt à l’Estaque .
Des voyageurs, debout dans le couloir,
sont penchés aux fenêtres,
d’autres ont sorti de quoi boire .
Il y a un peu de vent.
Les cigales grésillent.
J’ai sorti le cahier aux lignes fines,
quelques pastels, qui racontent le ciel
d’encre liquide,
l’alignement des wagons d’un train de marchandises,
les pins qui s’inclinent, comme des flammes, à l’air marin.
Je les rends rose,
comme s’ils étaient en barbe-à-papa .
Il y a quelque part un air de fête .
Je me livre, à ma « petite sensation »
Des oiseaux se disputent des miettes.
Les rails sont des traits lumineux
sous la pression du soleil.
Je n’ai pas le temps de trouver le temps long,
ni de pousser plus avant le dessin.
Le paysage s’ébranle, la gare est loin déjà ,
Je serai bientôt à Marseille .
–
RC – oct 2015
Est-ce qu’on a le droit de demander à quelqu’un pourquoi il marche de la façon dont il marche… Est-ce qu’on demande à quelqu’un pourquoi il respire comme il respire, pourquoi il a ce grain de voix, cette odeur corporelle, pourquoi il dort sur le côté, pourquoi il crie quand il jouit ou pourquoi il ne prend jamais de sucre dans son café… Mais alors, pourquoi donc demander toujours à celui qui écrit peu ou prou, pourquoi il écrit comme il le fait ? Est-ce que ça ne suffit pas, que ce soit là, parce que ça devait sortir et surtout parce que ça devait sortir comme ça ? N’y a-t-il pas que cela qui compte en fait, en réalité et en définitive…
Parce que, dis-donc ! tu ne la trouves pas un peu compliquée toi, la Vie, des fois… Et ta vie-même, la tienne-là ! celle qui s’écrit sous tes yeux sans s’écrire ! est-elle vraiment si simple, ta vie… Ne se nourrit-elle pas de traces confuses, de paillettes morbides, d’illusions kaléidoscopiques et d’ombres et de lumières… Est-ce que tu as déjà regardé de près une feuille de papier, une tache d’encre, un mille-feuille, un marc de café, un morceau de sucre ou la lampe de ta cuisine…
A chaque fois que l’on me parle d’un écrivain tellement si « super » ou « génial » en la raison de sa simplicité, de son accessibilité ou de son art supposé de la belle communication (spécialité du journaliste-culture estampillé France Inter par exemple)… A chaque fois oui ! un malaise insidieux s’empare de moi, dont l’essence m’entre dans l’oreille comme le poison de Hamlet et je ne cherche plus dès lors qu’à m’enfuir au loin, tel un daim au devant des bulldozers autoroutiers… Sans rien demander.
De la paire symétrique,
L’habit rigide du coquillage,
Désormais s’écarte,
Pour laisser les éléments le traverser,
Comme l’encre des chagrins :
Sables et algues,
Un tapis imbriqué,
Où des pieds malhabiles, la brisent .
L’animal marin,
Ne laisse de sa présence,
Qu’un crépuscule calcaire,
Où se réfugient les ombres :
Peu de mémoire ;
Peu de poids,
Sous la poussée du ressac,
Et la caresse du vent.
Il y avait sur le mur,
Plein d’ailes portées par le papier.
Oiseaux et papillons se multipliant
Identiques … – papiers pleins
– Conséquence d’anciennes générations,
Jungle de gestations d’encre.
Ils ont même voulu,
De l’épaisseur plate de leurs pensées
Sauter le pas, jusqu’au plafond
– ( ce ciel leur tendait l’espace )
Et camoufler innocemment,
Tout ce qui faisait obstacle .
Mais il est difficile d’aller
Jusque dans les recoins.
L’ombre ne souhaitant pas trahir ses meubles .
L’idéal aurait été que tout fut plat,
Et même notre corps ,
Notre cerveau, se mettant àpenser plat :
( optimisation d’espace ) .
L’illusion serait parfaite
Nous allons peupler un décor,
Et l’être aussi .
Voilà donc , cette pensée plate :
Livrée , prête à encoller…
…. Lés alignés , de décors des corps .
« Je ne relis jamais ce que j’écris ; je ne trouverai plus mon chemin pour partir ailleurs. Mes phrases sont des villages pour les âmes en peine. Mieux vaut ne pas se retourner vers eux, ça ferait pleurer l’encre des mots écrits…
J’ai du mal à tenir une plume : ma main droite a trop longtemps tenu en équilibre sur un portique de cirque. »
Je sais que je me suis mis à sourire chaque fois que je rencontre le monstre qui dévorait le jardin dans mon unique rêve.
A présent j’ai commencé à voir que des orbites célestes se croisent sur les lignes qui se rencontrent dans ta paume blanche.
Comme si le ciel était dessiné par deux lignes dans ta paume, peu de ciel, mais suffisamment pour que le inonde ne meure pas de solitude, pour que le serpent ne le morde pas.
Si seulement tes mains étaient là-bas.
A présent je sais pourquoi je pleurais et pourquoi l’abîme
où je sombrais ressemblait à une page blanche avec deux
lignes en bas, et une étoile à l’encre de Chine, qui brillait toutefois.
Et son éclat me tourmentait.
Il a suffi que tu soulèves,
d’une caresse, le marbre du lourd sommeil.
Et que tes mains m’emportent, pas tant que cela, juste à la mesure à laquelle je vis.
Il a suffi que tu essuies mes lèvres du bout de ton index
pour que parler cesse de me faire souffrir.
–
Tu vois, je t’ai écrit,
Enfin , après des années,
Et des feuillets éparpillés,
Des jardins de papier,
Des ratures et des gros mots…
Je suis allé boire à la source,
Remonter le cours des histoires,
Et les pieds mouillés,
Face à mon miroir,
Je t’ai perçue par-derrière,
Happant mon reflet,
Les cheveux en bataille,
Prenant dans tes mains diaphanes,
La danse de mon âme,
Leurrée par ton regard.
Et j’ai trempé la parole dans l’encre,
Maladroit, et incertain,
Encore ahuri de la nuit, ce matin,
Répandant sur les pages blanches,
Les empreintes de mes mots.
Un temps sans cruauté,
Où les phrases jaillissaient
Avec difficulté.
Une petite récolte, glanée,
Reconquise à ta mémoire.
Mais finalement,
Après quelques essais,
Et ces pages rassemblées,
Je ressentais déjà le parcours de tes yeux,
Etreignant mes lignes.
Tu vois, je t’ai écrit,
J’ai fini le reste de la cafetière,
Le temps s’était dilué
Avec le fil du récit,
Qui t’était destiné.
Je n’ai plus que quelques pas à faire,
Pour achever l’entreprise,
Et glisser dans la boîte,
Cette lettre.
Après une dernière hésitation…
J’ai entendu le petit floc ! ,
Une fois lâchée…
Je ne pourrais plus alors
Interrompre son voyage .
….Une parole émise, qui se déplace,
peinture perso: créée à partir de l’écoute de la musique d’Alexandre Scriabine: — suite n°4
—
Et de la grande feuille, si je la lis
Et si j’y participe, à cette folie
En lançant des traits d’encre noire
Sur l’espace libre – bienvenu- d’écritoire
C’est que j’aime aussi où nous entraînent
Des mots, le heurt et la mise en scène
Au jeu des miroirs inversés, aux reflets mobiles
Qui font de l’écriture la rencontre habile
D’avec celle et celui , qui va lire et rebondir
De sa tête et ses doigts, au mieux dire
A la fantaisie, aux profondeurs des pensées
Aux thèmes connus et caresses dansées…
—-
——–NB: caresse dansée est le titre
d’une pièce pour piano d’Alexandre Scriabine.
Une de mes peintures de cette suite – qui en comporte 6,
a fait l’objet d’une pochette de CD de la part de la pianiste Virginie Dejos, interprète de A Scriabine ( étude, préludes, et sonate n°9) et M Ravel (Gaspard de la nuit) – voir son site et écouter des extraits du disque
Et toi, saupoudrée d’encre, ta page, celle qui m’est destinée,
suivant des parallèles, avec ces boucles calligraphiées,
parfois un peu tremblantes….. je pensais aussi aux temps,
où il fallait nourrir la plume métallique,
d’encre violette – ( elle y laissait aussi des reflets mordorés) .
Le fil des récits de ta vie là bas, accompagné de minuscules éclaboussures
– la résistance du fil du papier –
sous la lumière vacillante du chandelier, arabesques s’envolant,
se liant en fantaisie. Tu y joins un pétale de rose.
L’écriture appliquée, court ainsi sur plusieurs feuillets, régulière,
et les mots sur la page, posés sans effort,
….ce qu’il faut en quelque temps pour te dire, fluide et posée.
Et si la place vient à manquer, resserrer les lettres,
introduire une remarque entre les lignes,
qui parfois s’échappe en travers, ou bien donne dans l’angle droit,
sur la marge.
Ces paroles, à défaut de les entendre, nourries du geste souple de ta main,
conservées telles quelles, dans ta missive,
pliée en trois dans une enveloppe, couleur saumon,
ouverte par sécurité, dit-on.
Et les premiers mots de notre fils, les boucles hésitantes des mots gravitant
entre la rigidité des lignes grises , accompagnant le dessin d’un bonhomme tétard,…
çà doit être moi…
il y a écrit « Papa »… premiers mots à franchir les murs de la prison.
Non, tu n'as pas parcouru
L'arc de tes rêves
De tes paupières entr'ouvertes
Et la nuit, était peut-être le jour
Où se dessinait le pont des regards.
Tu ne l'as pas parcouru,
Puisque le rêve n'en était pas,
Et que, voulait se dire
A travers l'écriture du cœur
Qui n'est pas d'encre bleue,
L'écho de ton âme,
Attachée à son sourire,
Et l'ombre de ses pas.
Mais la matière même,
Et l'éclat du regard,
L'odeur de sa peau,
Dont tu t'es vêtue,
A imaginer confondre tes lignes
Avec celles de sa vie,
Comme l'histoire peut se dessiner,
Et cristalliser rêves en réalité.
RC - 6 juillet 2013
-
en relation avec "my Dream" de Colette Fournier
Vivre avec le bruit du sang dans les veines,
Et le treillis rouge , modelant la vie,
Noué tout contre le corps, et qui nous lie,
Aussi bien le sang d’encre de la peine
Circule à notre insu, à l’abri des lumières
Les anneaux se contractent, et donnent leur poison,
Le coeur sous le feu de la trahison,
Ces artères, ces veines se changent en vipères…
Il est du corps comme une sculpture,
A l’âme habillée de chair,
Qui soupire , dans l’inconnu, erre
Mais connaît aussi du serpent, sa morsure.
J’ai voulu penser des lunes
Des lunes blessées, des lunes percées, des lunes-perce-neige,
des lunes de sang
Pour tes nuits qui quittent les visages, les mains et les terres, pour tes nuits
désertes et ocres.
J’ai voulu croire aux soleils d’encre pour couronner tes fuites.
J’ai voulu boire les soleils; être froid, en veille.
J’ai voulu cracher les lunes: brûler de froid.
…
Chouchanik Thamrazian: « Dans le jardin des glaces », Encres Vives n° 339
peinture John Singer Sargent – les gros rochers du Simplon aquarelle
dans des temps concordants, l’été,
bien qu’en des lieux différents
du même Apennin,
nous avons essayé, enfants,
de remonter les torrents
pour en trouver la source.
Il y avait une obscurité de sous-bois,
des fougères, un vert à peine plus intense,
un peu de mousse
et des pierres ruisselantes
et rien d’autre :
la déception de l’origine
elle suit un mouvement fluide et vertical
cette montée de la colline
tournant après tournant
vers le soir.
Même les assassins disent
que le vent de septembre est doux :
il nous pousse
parmi les oliviers et les cyprès
et il nous défend
jusqu’à l’anse neutre du balcon
qui sous le ciel gris clair
s’ouvre face à la mer.
Mais à présent, dans le noir,
nous sommes encore en quête
de ton aide :
nous t’appelons du jardin
cachés, par jeu, derrière le mur
sur le terre-plein de la voie ferrée
longeant le bois
les troncs des acacias
sont noirs après la pluie
comme des traits d’encre qui s’écartent.
Pâques est désormais le papier d’argent,
poussiéreux et pâli,
des oeufs, suspendu
aux branches des cerisiers.
Rubans qui miroitent dans le vent
et devraient tenir à distance
le peuple envahissant des merles