S’arracher au sol – ( RC )

photo Parc des Cevennes
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La tête à l’envers,
Montée sur l’échelle,
quelque part sur la terre,
Au delà du ciel,
crevant les nuages
Après l’ascension lente,
que rien ne décourage,
Même pas les pentes,
D’abruptes avancées,
de rochers branlants
Aux horizons fermés
leurs glaciers luisants
comme des mâts de cocagne,
plantés comme un défi,
au milieu de la campagne,
– caprices de topographie…
Alors , il est bien tentant,
De s’arracher au sol
Combattre la pesanteur en la bravant
Pour prendre son envol.
Il est tombé, le soir,
Sur le Mont Aigoual,
Tu vas mieux pouvoir
observer les étoiles,
Que depuis son observatoire
croiser les satellites
Dans la nuit noire,
d’un espace sans limites
Les cheveux de couleur
des aurores boréales,
feront ton bonheur,
d’un vol sans escale
En chevauchant Pégase,
ses ailes ,sur l’air,appuyées ,
ignorant les cases,
des jeux de société.
Tu iras bercer les lunes
dans tes bras blancs
survoler les dunes,
les soleils aveuglants.
et les pays lointains,
dont tu rêvais,
Seront à portée de main,
et même si près,
que la planète te semble
bien petite , ma foi,
Même si elle tremble,
encore, et aussi de froid
pour les habitants de la terre,
Il serait aussi, passé de mode,
de se faire la guerre,
jusque aux antipodes….
Fini le temps des nations,
Des bains de sang,
de la désunion,
Tu auras bien le temps
de faire un petit tour et revenir,
Accrochée à une étincelle
le temps d’un soupir,
Et d’un coup d’aile….
Cause commune – ( RC )
Nous faisons cause commune,
en nous tenant juste
à la jointure des textes.
Chacun en prend sa part
et navigue comme il l’entend
dans les paroles.
Ce sont les unes et les autres
qui se rejoignent,
se superposent, et conversent.
Les pages pourraient se tourner,
se plier, et même se lire à l’envers,
tu le sais bien .
En étant de l’autre coté …
si nous tirons chacun du nôtre,
la page s’étend comme on le désire,
sans jamais se rompre.
Comme cette page,
pourrait-on dire que nos écrits
ont quelque chose d’élastique ?
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RC – août 2018
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Les pierres du Mont Lozère – ( RC )
photo perso 2005 : Mont Lozère et « clapas »
On a semé sur le mont Lozère,
quantité de pierres,
de gros calibre,
parfois en équilibre .
Elles sommeillent,
la face contre le ciel,
portent le monde à l’envers,
le nez en l’air…
Elles se disputent souvent
avec l’âpre vent,
la tempête et le froid
où les arbres peinent à tenir droit.
Entens-tu leur chanson
qui accompagne les saisons ?
Sur leur peau douce
ne s’aggrippent pas les mousses
Ne crains pas leur fuite :
ce sont des masses de granite,
lentement accumulées
qui ne risquent pas de s’envoler.
Ce sont des sentinelles
dépourvues d’ailes ,
qui veillent sur la plaine,
et le décor de la scène ,
où les millénaires peuvent s’écouler:
leur muette consistance
parle de leur patience :
ce n’est pas demain qu’elles vont s’écrouler…
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RC – avr 2017
De l’image, son retour permanent – ( RC )

sculpture: La Dame d’ Elche, Huerto del Cura, Elche, Espagne
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Ce texte est une variation » réponse », sur celui de Jean Malrieu ( qui suit )
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D’avril à novembre,
De Novembre à avril,
Je tisse à l’endroit, à l’envers,
Des mailles pour que je contourne l’hiver .
J’écris toujours, à la lumière de tes feux :
Et ceux-ci sont un don.
Une présence faisant s’ouvrir mes yeux,
Même aveuglé par la pluie fine des jours .
Ceux ci passent et, même changeants,
Sont un retour permanent .
Et si les sillons du temps,
Laissent leur empreinte sur ma peau…
Ton image est un miroir,
Suspendu quelque part,
Impalpable et lisse,
Au delà du tain .
Chaque chose est nouvelle,
Et toi, vivante, au défilé des heures.
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RC – nov 2014
—
.
Je suis devant toi comme un enfant,
plein de pluie et de ravage,
ai cour d’un automne de silence
comme au centre d’une place assiégée
par l’herbe brûlée.
Je t’écris pour alléger le temps.
Cette page que je griffonne est un miroir.
D’elle va surgir un destin inattendu.
Car ma lutte contre le temps est ancienne.
J’écris toujours la même chose :
elle est nouvelle.
Que je lise à l’envers, à l’endroit,
l’inquiétude est éclairée
Je n’y peux rien.
Les années passent, me révèlent.
Mon visage s’affirme sous la pluie fine des jours
qui vient vers nous sur ses milliers, de pas agiles.
J’écris pour être avec toi
dans la paille douce et chaude de la vie.
Jean Malrieu
La plume vagabonde ( 2 ) – ( RC )
J’ai récupéré un morceau de papier
qui m’attendait là, où on n’attend plus
qu’un remous originel,
… et parfois longtemps,
qu’il fleurisse
… Mais en quelle saison était-ce déjà ?
Le don de la lumière
la couleur qui s’annule, en flocons,
autant les mots s’enchevêtrent,
et disputent à la nuit,
leur encre sympathique …
Il fallait contourner un rocher solitaire,
déplacer en un mouvement circulaire
ces graviers en nappes, étendus
à l’ombre des bambous,
agités par un souffle,
qui me fit d’écriture,
détachés du sol,
l’encre mouvante des nuages
d’étourneaux,
délivrés du souvenir de l’été.
Etant , des deux
( rocher et papier,
son ombre et l’esprit
en cavalcade ) – pris au geste,
le râteau ordonne les mots
comme ils viennent,
ou la brosse d’encre
effleurant la surface des choses, —-
———–Il n’y avait pas de choix possible,
plus d’envers et d’endroit
sur la feuille aérée prenant son envol,
au jardin de la plume …
Le texte s’est fait sensation,
et l’émotion image
Avec ( ou malgré) moi.
RC – 11 novembre 2012
la « plume vagabonde », a fait l’objet d’un « premier épisode », publié ici
…
Si l’envers était endroit ( RC )

aquatic world ou Russell Blackwood
Si l’envers était endroit
Et le sommeil liquide, le reflet du monde, et celui des plus proches, les sombres forêts moussues, en sentinelles.
Et les algues, au milieu de la matière glauque d’un en-dessus de ciel…
La mémoire porterait le souvenir d’un monde terrestre,
Quelque part, comme en réminiscences.
Plus de pesanteur terrestre pour ta chevelure, que seuls les courants mouleraient de leurs doigts.
Plus de pesanteur pour ta robe, en cloche comme une méduse habitée de toi.
Plus de distance de paroles, même la bouche ouverte, où viendrait parfois s’interposer, l’ombre d’une carpe.
L’ange de l’étang ne montrera pas ses larmes, puisque mêlées aux ondulations des tiges têtues des nénufars.aux parapluies étalés au regard d’un autre monde, collé à la lumière.
Seules les grenouilles en traduiraient l’existence, et , dans leur prophétie, nous diraient les sources, et les orages.
Silence cependant des eaux étales, juste piquetées, en surface, de temps en temps par des points de pluie, ces seules notes de musique d’un piano mouvant, accompagné d’éclairs furtifs…
Et nous serions dressés, à l’horizontale, ou tête bêche,
-peu importe – , à la pliure du monde, la vie traversière….
RC – 23 juin 2012
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