voir l'art autrement – en relation avec les textes

Articles tagués “envol

Colombes – (Susanne Derève) –


sculpture : The flight ( Etienne , France) Raffles city , Singapour
Laisse une porte entr'ouverte sur le passé
là où ma voix se brise je veux encore chanter

J'ai remisé au grenier les lits les draps
les vêtements d'enfants les mols édredons 
de percale

les colombes ont pris leur envol
oiseaux des terres lointaines
cygnes cigognes aigrettes blanches

leurs plumes ont l'étincelante pâleur des avalanches
et leur voyage l'aridité des terres brûlées  


extrait de : Suite malaise : voyage Malaisie- Singapour ( Septembre Octobre 2022)

(voir partage de Susanne)


Ici, on a les oiseaux – (Susanne Derève) –


Max Ernst – Les oiseaux –
Ne t’inquiète pas :
ici, on a les oiseaux, 
qui font de charmants tête à queue 
sur la gouttière, 

Ils  piaillent, piaillent 
 - et pas besoin de leur répondre -
recouvrent de leur chant l’incessant va et vient 
des voitures qui vrombissent au bas du jardin,
et sèment leurs miasmes de gazoline au soleil

Ne t’inquiète pas pour moi, appelle 
quand tu peux, 
les oisillons sont nés, ils tendent un bec avide
comme un enfant jamais rassasié 
de tendresse ; 

et puis voilà qu’un moinillon prend 
son premier envol, 
atterrit tout ébaubi à mes pieds, 
recouvre doucement ses esprits 
pour gagner le couvert d’une patte incertaine

Le second s'égosille au bord du nid s’avance,puis recule, 
effrayé,tel nageur vacillant 
pris de vertige en haut du grand plongeoir 

Et pas de mère oiselle pour lui venir en aide 
sous le vent …




Eugenio de Andrade – avec le soleil


035 the nest.jpg

Je suis à toi, de connivence avec le soleil
dans cet incendie du corps jusqu’à la fin :
les mains si avides à leur envol,
la bouche qui sur ta poitrine oublie
de vieillir et sait encore refuser.

 

Aqui me tens, conivente com o sol
neste incêndio do corpo até ao fim:
as mãos tão ávidas no seu voo,
a boca que se esquece no teu peito
de envelhecer e sabe ainda recusar.

Eugénio de Andrade,
Matière Solaire, XIII


L’Ogre et l’hirondelle – (Susanne Derève)


 

Bomarzo & bird

Photomontage – René Chabrière

 

 

 

J’étais l’Ogre    j’étais l’Ogre

petite hirondelle sous les toits

et tu te ceignais de nuages

à tire d’ailes

 

 

et je chaussais mes bottes de sept lieues

pour te rejoindre

par dessus les montagnes   par-dessus les vallées

 

 

et les nuages t’emportaient

loin des montagnes et des vallées

petite hirondelle

à tire d’aile

 

 

 

 


Aquarium – ( RC )


photo aquarium de Barcelone

 

Tu entends  des sons
Comme  à travers une  paroi de verre :
Ecoute bien …             on dirait la mer .
Les branchies ouvertes  des poissons,

Semblables  à la conscience : palpitantes
A la surface glisse la lumière,
Là où l’eau s’appuie  sur  l’air.
Entre les nuées,       un soleil dilettante…

Prisonnier  de ta  condition,
Regarde un peu plus haut, que ton univers,
Et même si c’est le monde à l’envers,
Attrape au passage, un rayon,

Porte  les mains à tes oreilles,
Courbées  comme des  coquilles  de noix.
Tu entendras peut-être ma voix ,
A nulle  autre pareille .

On peut les boucher, à la cire
Et laisser  s’échapper      bien des paroles,
Qui poursuivent  ailleurs,      leur  envol ,
Ou faire le choix            de les  saisir…

Ecoute bien…         on dirait la mer .
Son ressac incessant  sur la plage,
Cet aquarium est comme une  cage,
Transparente,  mais  amère…

 

RC – dec 2014


Vers des mots d’une autre langue – ( RC )


 

travail de Daniella Spinat

 

Vers des mots d’une autre langue, le silence résonne,
Des mots  lui donnent suite ,comme
Happés de l’intérieur, ils restent submergés,

Et en attendant qu’ils se retournent,
Et prennent leur envol, il y a toujours un temps,
Une distance.

Elle mesure leur poids, toujours considérable,
Ce qu’il faut de temps, pour prolonger leur sens,
Et peut-être les comprendre.

RC- décembre  2013

Issu d’une parole  d’Alain Veinstein:

 »
Après un silence, un mot ne donne suite à la phrase qu’une faible part de lui-même. »


Malika Farah – Papillon


papillon azuritis

Deux extraits de l’ensemble de textes intitulé « papillon », de Malika  Farah, visible dans le recueil  « dans tous les sens » ed  La Passe Du Vent   Parution : 17/05/2001

 

Hissez là-haut ! Encore plus de recul !
Portées au-delà de l’ennui, sérénité et lucidité s’élèvent.
Dans ce lieu rêvé, l’âme est en sursis.
Rêve, papillon, de lumière  d’étoiles.
Papillonne au-delà de la simple jungle terrienne et menaçante !
Rien autour  du débordement de la vie,
Que le va et vient du vent
Portant un air de désir inassouvi,
Vole, papillon, les ailes déchirées.
Survole l’horreur,
Survit !  le mal s’enlise seul.
Sous la lumière divine, l’envol est possible.

——————–

Arbre de l’humanité, l’esprit en chacune de tes feuilles.
Quand  le corps  se décompose en une poussière  d’ange.
Plane au-dessus des branches  d’oxygène,
Pour nous pauvres mortels.
L’automne arrive au gré du vent, on vole et se régénère
En des âmes profondes  !

Malika  FARAH

 


Zeno Bianu – Chet Baker – déploration


CHET BAKER (DÉPLORATION)

je joue au bord du silence chaque note a sa pesanteur son apesanteur particulière je ne bavarde jamais
je n’aime pas le brio le brio c’est toujours l’égo et ses vieilles lunes je préfère jouer vers autrui vers l’autre
tendre sereinement mon cœur oui ma musique s’envole vers autrui c’est un art de l’envol quoi d’autre .

ZENO BIANU .


Mur ment ( RC )


photo:              destruction du mur de Berlin

Il a poussé ,         cette nuit
Un mur ,  au fond de l’allée
Il barre le jardin ,    de gris
Et même          l’allée  dallée

Si je ne peux pas passer au travers
Et te voir                 de l’autre  côté
Comme           d’une paroi en verre
Avec l’échelle des songes ,  l’ôter

—–>  Je vais  l’habiller  de lierre
Ou           le peindre de ton visage,
Enlevant une par une, ses pierres
Qui bousculent le paysage.

Je vais dessiner        une  fenêtre
Pour                que rentre la lumière
C’est  quand même ,   peut-être
Somme toute, affaire  d’imaginaire

Le coucher  sur le sol,
Le mettre en suspension,
Et faire           que s’envole
L’ombre     et l’oppression…

Tout ce que les murs murent,
Et l’ennui,           l’enfermement
Ce que le prisonnier    endure,
Quand durement , le mur ment.

Il n’y aura plus,   sur place
Que son dessin dans le jardin,
–Ton sourire  qui remplace,
Tout ce que j’avais peint.


RC  – 26 novembre  2012

document visuel: Jean-Pierre Tingaud


Jean Mogin – Quand j’ai besoin de bleu


 

 

peinture: H Matisse:                la fenêtre bleue       1911

Quand j’ai besoin de bleu, de bleu,
De bleu de mer et d’outre-mer,
De bleu de ciel et d’outre-ciel,
De bleu marin, de bleu céleste,
Quand j’ai besoin profond,
Quand j’ai besoin altier,
Quand j’ai besoin d’envol,

Quand j’ai besoin de nage,
Et de plonger en ciel,
Et de voler sous l’eau,
Quand j’ai besoin de bleu
Pour l’âme et le visage,
Pour tout le corps laver,
Pour ondoyer le cœur,

Quand j’ai besoin de bleu
Pour mon éternité,
Pour déborder ma vie,
Pour aller au-delà
Rassurer ma terreur,
Pour savoir qu’au-delà
Tout reprend de plus belle,
Quand j’ai besoin de bleu,
L’hiver,
Quand j’ai besoin de bleu,
La nuit,
J’ai recours à tes yeux.
La belle alliance

, Paris, Seghers, s.d.

 

 

 


La plume vagabonde ( 2 ) – ( RC )


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J’ai  récupéré un morceau de papier
qui m’attendait là,      où on n’attend plus
                       qu’un remous originel,
…  et parfois longtemps,
qu’il fleurisse

…  Mais en quelle  saison était-ce déjà ?
                    Le don de la lumière
la couleur qui s’annule,    en flocons,
           autant les mots s’enchevêtrent,
et disputent à la nuit,
leur encre  sympathique …

Il fallait contourner un rocher solitaire,
déplacer en un mouvement circulaire
ces graviers en nappes,   étendus
                         à l’ombre des bambous,
agités par un souffle,
qui me fit d’écriture,

détachés  du sol,
l’encre mouvante des nuages
d’étourneaux,
délivrés du souvenir de l’été.

Etant ,   des deux
          ( rocher et  papier,
           son ombre et l’esprit
          en cavalcade ) – pris au geste,
le râteau ordonne les mots
comme ils viennent,
        ou la brosse d’encre
effleurant la surface des choses, —-
———–Il n’y avait pas de choix possible,
plus d’envers et d’endroit

sur la feuille  aérée prenant son envol,
au jardin de la plume …
       Le texte  s’est fait sensation,
                     et l’émotion image

Avec         ( ou malgré) moi.

RC  –  11 novembre 2012

Rathava _       Musée des  Arts Premiers

la « plume vagabonde »,  a fait l’objet d’un « premier épisode », publié ici


Else Lasker-Schüler – Arrivée


peinture: Andrew Wyeth  -   from   Helga's  suite

peinture: aquarelle -Andrew Wyeth - from Helga's suite

ARRIVÉE
Je suis parvenue au but de mon coeur. Aucun rayon n’ira plus loin.

Derrière moi, je laisse le monde

Et les astres – oiseaux dorés – qui prennent leur envol.
La tour de lune hisse l’obscurité
… Oh, cette tendre mélodie qui doucement
me hante… Mes épaules se soulèvent, coupoles hautaines.


ANKUNFT
Ich bin am Ziel meines Herzens angelangt.
Weiterführt kein Strahl.
Hinter mir lass ich die Welt,
Fliegen die Sterne auf: Goldene Vögel.
Hisst der Mondturm die Dunkelheit –
…O, wie mich leise eine süße Weise betönt…
Aber meine Schultern heben sich, hochmütige Kuppeln.


les  » Icare  » d’Alice ( de rêves d’écriture)


Alice dans son blog http://revesetecrituresdalice.over-blog.com/

nous offre ses variations sur le mythe d’Icare...

La chute d’Icare

A l’approche du soleil rougeoyant

Les battements désordonnés de tes ailes

Apportent le froid dans ton cœur, du vide annoncé

Proche des flots noirs

Se désarticule ton corps vulnérable

Tes bras se tendent vers l’éternité.

 

Alice

———

 

 

Vendredi 19 février 2010

L’envol d’Icare

La Terre quittée, à l’ombre des bras-ailés

Se tend ton corps fragile vers le ciel azuré

Loin du flamboiement mortel

Une douce chaleur attise ta quête de liberté

Les lents battements d’ailes grisent

Ce voyage vers l’éther

homme ailé,  d'après un dessin d'Odilon Redon,  vu à la grande  expo Redon été  2011  Montpellier, Musée abre..  technique utilisée   encre

Alice

 

 

voir aussi l’article précédent ( sur Apollon et sa concurrence à Icare)…

 

Pour Juliette En Résonnance : L’envol d’Icare