blés attendant l’orage – ( RC )

Sous un ciel immobile,
ce calme trompeur.
Pas un vent, pas une brise n’arrive.
Les oiseaux se sont tus.
Le sage alignement des arbres
repose sur la ligne d’horizon ,
comme des notes
sur une partition.
Une mer d’épis
dressés les uns près des autres
patiente avant l’orage
résonnant déjà au loin.
Liés à la terre nourricière,
ne pouvant fuir,
ils se tiennent debout
sous la lumière blafarde.
Telle une armée de fantassins
attendant la pluie de fer,
ils portent le renouveau, cependant.
Du champ massacré,
des épis éparpillés
renaîtront d’autres blés,
une fois calmée
la fureur des temps.
Vois comme ce ciel
pesant, presque noir;
est lourd de menaces,
confronte sa puissance
sur les têtes fragiles
courbant bientôt sous la grêle
sans abandonner l’espoir
d’une renaissance…
Alda Merini – née le vingt-et-un au printemps
peinture D Rossetti – détail – Proserpine
Je suis née le vingt-et-un au printemps
mais je ne savais pas que naître folle,
ouvrir les mottes
pouvait déchaîner la tempête.
Ainsi Proserpine légère
voit pleuvoir sur les herbes,
sur les gros épis gentils
et pleure toujours le soir.
C’est peut-être sa prière.
(de Vuoto d’amore, Il volume del canto)
Le lac et le blé (RC)
J’ai entendu récemment cette belle légende, à la radio, que j’essaie de transcrire aujourd’hui….
Il existe un pays où certaines personnes ne s’aventurent pas, car ces endroits un peu particuliers, peuplés de cailloux sont des lieux où son soupçonne qu’ils abritent des djinns, des petits génies malicieux, qui peuvent provoquer des surprises, le bonheur ou le malheur des hommes…
Un jour Ahmed, vit un endroit au détour d’un chemin, plat, mais encombré de pierres, qui lui semblait propice à la plantation d’un champ de blé… il commença à déplacer quelques unes, lorsqu’il entendit une voix sortir de derrière les roches..
– Que fais tu donc là, dans notre territoire?
– Je déplace des pierres, pour espérer faire de cet endroit merveilleusement placé, un champ de blé, et ainsi aider ma famille à sortir de la famine..
– C’est un beau projet, dit le djinn, qui apparut de derrière les pierres, nous allons t’aider…
Apparurent alors deux, trois dix, cent, mille djinns qui aidèrent Ahmed à déplacer toutes les pierres du champ, pour faire apparaître une belle surface cultivable, cernée de hauts murets…
Viens donc avec ta famille semer, et nous demanderons au ciel de t’envoyer l’eau nécessaire à une abondante récolte…
Ainsi fut ,fait, et au bout de quelques mois , une prairie verdoyante comportant de nombreux épis tendres était apparue au détour du chemin…
Mais les djinns goûtant les épis, les trouvèrent si bons et à leur gout , que des dizaines, des milliers de djinns vinrent chacun manger les beaux épis…
La famille venant pour la moisson, constatant le désastre, ne put retenir des flots de larmes devant ce spectacle, et c’est ainsi qu’aujourd’hui, dans l’espace qui avait été jadis porteur d’espoir, il y a à sa place un grand lac issu de toutes leurs larmes .
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Sur le net je n’ai pas trouvé trace du récit que j’ai retranscrit, par contre des contes berbères qui semblent, dans l’esprit, s’en approcher;..