Un long chemin depuis les Landes – ( RC )

Un long chemin serpente entre les arbres,
irrégulier, parsemé d’ornières et de flaques.
semé de pierres ,
comme le fit le Petit Poucet,
et depuis le temps,
couvertes de mousse.
Loin est le pays auquel j’appartiens;
il monte insensiblement
depuis les Landes :
je le sais en allant vers l’amont,
suivant ruisseaux et cascades,
sous l’arche du vent.
Je quitte les fougères
pour des herbes plus maigres,
des buissons de ronce,
des asphodèles,
et marche sous le regard immobile
des champignons.
C’est comme dans un livre de Pierre Bergounioux,
ajouter mon pas au précédent,
mettre peut-être mes traces
dans celles que je laissais ,
cheminant dans l’autre sens
- un retour imprévu pour d’autres saisons _.
Des années se sont écoulées;
je tiens ma vie en équilibre
sur deux jambes
qui remontent le courant,
les pentes arides
les rochers éboulés.
Je ne devrais pas penser
au temps qui trépasse ,
aux murs lézardés de la maison rose,
trop longtemps abandonnée,
que j’irai retrouver,
après cette trop longue pause.
note: il est fait référence ici à deux ouvrages de Pierre Bergounioux;
» Ce pas et le suivant« , et « la Maison Rose«
Tirer de l’eau du puits – ( RC )

Se pencher par dessus la margelle,
tirer sur la ficelle,
au milieu même du petit oeil rond
– découpe du ciel tout au fond -.
Lui, renvoie mon reflet,
jamais je ne ferai
taire cet éclat de lumière,
même en lui jetant une pierre.
Un reflet minuscule
tout au fond du noir
d’où je crois voir
crever quelques bulles
Il faut hisser le seau
du puits le plus profond.
Remonterai-je quelques poissons
voulant voir à quoi ressemble en-haut ?
Que ce seau est donc lourd !
est-ce seulement de l’eau
ou un chargement de lingots,
qui me vient en retour ?
une eau si précieuse
valant son pesant d’or,
comme un trésor
tapi dans l’ombre ténébreuse.
… Se pencher par dessus la margelle,
mais voilà qu’une main invisible
me fait perdre l’équilibre :
je bats des bras et chancelle ,
chute brusquement dans l’obscur,
à toute allure .
… au fond du puits
me saisissent soudain, les griffes de la nuit.
Les pierres du Mont Lozère – ( RC )
photo perso 2005 : Mont Lozère et « clapas »
On a semé sur le mont Lozère,
quantité de pierres,
de gros calibre,
parfois en équilibre .
Elles sommeillent,
la face contre le ciel,
portent le monde à l’envers,
le nez en l’air…
Elles se disputent souvent
avec l’âpre vent,
la tempête et le froid
où les arbres peinent à tenir droit.
Entens-tu leur chanson
qui accompagne les saisons ?
Sur leur peau douce
ne s’aggrippent pas les mousses
Ne crains pas leur fuite :
ce sont des masses de granite,
lentement accumulées
qui ne risquent pas de s’envoler.
Ce sont des sentinelles
dépourvues d’ailes ,
qui veillent sur la plaine,
et le décor de la scène ,
où les millénaires peuvent s’écouler:
leur muette consistance
parle de leur patience :
ce n’est pas demain qu’elles vont s’écrouler…
–
RC – avr 2017
Le tracé lumineux des écarts – ( RC )
Se lancer comme un projectile, à travers les espaces, à la manière d’une fusée destinée à explorer d’autres mondes, et dont elle ne sait rien encore..
Ainsi les étoiles seraient bien reliées entre elles, par des fils ténus cheminant de l’une à l’autre,
Ce serait l’équilibre des pensées, reflétées, ou renvoyées ( une balle au rebond), sur la perpendiculaire d’un mur de verre, invisible, .
Le tracé lumineux fixé dans les écarts, et dont on tire de l’invisible, l’écrire,
( comme un souffle vital que l’on expulse).
Le libre intervalle entre l’immobile, et le moment où court la plume, chantournant les mots.
Toujours en équilibre instable .
Ce serait ainsi que l’on parcourt l’univers
( en le construisant au fur et à mesure ).
–
RC – mai 2015
Katica Kulavkova – Premier soleil : Sagitarius

image : 5 ème Festival photo peuples et nature La Gacilly , 2008
——–
Ô, mère, comme la journée est courte !
Comme une maille de l’infini
le cercle solaire se retourne
non par amour, par obligation
et sans l’infidélité de la femme
pour laquelle rien n’est certain
rien n’est sien ni étrange
dans l’écliptique de l’existence.
Le jour croît et tombe
dans un rythme parfait
il répare la mort
et l’homme est confus et désorienté
dans la pantomime du temps.
Le solstice est initiation
aux coutumes supraterrestres
aux cultes païens
au feu et à l’eau
à la libido et à l’aventure.
Quand il s’arrête
le soleil renonce
aux affaires journalières, frivoles.
Au sommeil de l’ours. Au scepticisme.
Il a devant lui le rituel de l’équilibre
et du hasard. Faste et volupté.
Non, je ne pleure pas ;
je ferme seulement les yeux
devant les vies duelles
avec le sceau d’une évacuation précoce
devant la nuit blanche des amours parallèles
non échangées
non édifiantes.
Si Talmont devient une île – ( RC )

Talmont église- cf laboutiquede Royan
–
C’était un soir frisant,
Sur ses eaux calmes …
Et le sanctuaire se dresse,
Juste au bord de l’estuaire,
Presque en équilibre sur un fil..
La lumière bondit sur l’eau .
Ses vieilles pierres amassées, comme
Une sentinelle attentive
Qui patiente, toutes voiles dehors,
De ses arcades romanes.
Le temps est ralenti,
Poussé entre deux rives,
Mémoires d’or
Brins de fièvre sous la caresse,
Des derniers rayons du soleil.
Peut-être son vaisseau immobile,
Un jour , se décidera,
A traverser l’Atlantique,
Belle endormie,pour tenter l’aventure,
Comme un bouchon sur les flots.
Si Talmont devient une île .
–
RC- mars 2015
photo auteur non ident

montage et photos persos… panoramique des modillons de l’église de Talmont — ……. cliquer sur l’image pour l’agrandir…
ifié
Au bord de l’image – ( RC )
peinture Tammy Zebruck-
Je suis resté là, au bord du miroir,
Prêt à y allonger le pas,
Pour, comme Alice,
Passer à travers,
Si, sur le lac,
La pellicule de glace casse,
Et qu’ainsi je me retrouve,
Happé par les nuages,
Et dans la flaque,
– L’onde replie ce qu’elle boit,
Dans l’autre sens …
Car on sait,
Que l’eau se fait un plaisir,
D’inverser le cours de la logique,
Enfin, celle que l’on croit posséder.
Et je suis resté là,
En équilibre,
Les pieds devant l’image,
Un monde qui n’existait
Plus que par son reflet,
Et son illusion,
Doutant même de son existence,
–
Juste sous la surface,
Des choses.
–
RC – avril 2014

Et avec bien entendu, sur ce thème, les célèbres « nymphéas » de C Monet
Katica Kulavkova – solstice 01

photo zazenlife: Stonehenge
Solstice
Premier soleil : sagitarius
Ô, mère, comme la journée est courte !
Comme une maille de l’infini
le cercle solaire se retourne
non par amour, par obligation
et sans l’infidélité de la femme
pour laquelle rien n’est certain
rien n’est sien ni étrange
dans l’écliptique de l’existence.
Le jour croît et tombe
dans un rythme parfait
il répare la mort
et l’homme est confus et désorienté
dans la pantomime du temps.
Le solstice est initiation
aux coutumes supraterrestres
aux cultes païens
au feu et à l’eau
à la libido et à l’aventure.
Quand il s’arrête
le soleil renonce
aux affaires journalières, frivoles.
Au sommeil de l’ours. Au scepticisme.
Il a devant lui le rituel de l’équilibre
et du hasard. Faste et volupté.
Non, je ne pleure pas ;
je ferme seulement les yeux
devant les vies duelles
avec le sceau d’une évacuation précoce
devant la nuit blanche des amours parallèles
non échangées
non édifiantes.
***
Compte à rebours, en émois ( RC )
Je compte jusqu’à trois,
Je ne sais plus combien de fois,
Peut être que, petite fille,
A cloche-pied, tu t’égosilles,
Sautant de case en case,
Et la jupe s’envole, un peu grivoise
Si tu es prête à l’envol
Dans ton parasol
Je compte à rebours,
Au visage de l’amour,
Un deux, trois,
Et si nous sommes à l’étroit,
Je vise le ciel,
Il y a plein de soleils,
Avec tes cheveux de soie,
Au-dessus de moi.
Je compte sur toi,
Au bout de mes doigts,
Et parcours monts et vallées,
Aux courbes avalées,
Quand la musique de chambre
Ôte les dernières feuilles de novembre,
Je voyage à pas menus ,dans l’inconnue
Si l’automne laisse ton parc à nu.
Je compte en émois,
Aux mois succèdent les tois,
Les vents portent la bise,
Remettons la chemise,
Contre les courants d’airs,
Je te couvre pour l’hiver,
Tandis que fuient les hirondelles…
> Te souviens-tu de ta marelle ?
Tu y comptais tes pas,
En moulinant des bras…
Suivant les cheveux libres,
Le corps en équilibre,
Je te regarde, je t’attends !
Regarde, c’est déjà le printemps,
Maintenant, comme je vascille,
A tes bas en résille,
Viens vite dessiner le bonheur !
Le dessin de tes mains a la forme d’un coeur…
–
RC – 27 août 2013
–
Cathy Garcia – Luciole

photo Paige de Ponte, extraite de Gaia
–
Tu es
beau
de cette beauté brute
encore un peu gauche
bougonne
farouche
tes pommettes tes yeux
me parlent d’un ailleurs
que j’ai déjà connu
comment pourquoi
résister
tendre esquisse de vol
les gestes en équilibre
étonnés d’eux-mêmes
comment pourquoi
oublier
cette lumière
au dedans
au-dehors
le vent qui berce
sur nos têtes
les arbres en partance
imaginaire
le parfum du bois
le grognement de la chienne
et la nuit soûle
d’étoiles
qui se roule à terre
comment pourquoi
s’arracher des lèvres
ce goût d’effraction ?
tu es
vois-tu
de ceux qui me voient
comme je me rêve
l’illusion
est si belle
vaut bien la blessure
que tu ne manqueras pas
de me faire
–
Le rêve du bâtisseur ( RC )

voir le site unbabel
–
Il y a toujours dans notre tête,
Le rêve du bâtisseur,
Qui commence dès qu’on s’assure,
En mettant un pas devant l’autre,
…L’équilibre est trouvé
On ne peut rester sur place,
Et attendre que le temps passe.
–
Une défaîte de l’abîme
Le défi oriflamme
Inverser l’ordre
Et la pesanteur,
Posant maladroitement
Un objet sur un autre,
Une pierre sur l’autre.
–
Puis conjuguer les efforts,
Assembler ce qu’il faut
Pour conjurer le sort
Et élever dans les siècles
Pyramides et cathédrales,
Quittant peu à peu le sol,
Les murailles qui se dressent…
–
Au défi qui se joue
La pensée qui décolle
Au grand bec d’acier
Jusqu’à la girouette
Chaussant l’azur
En démesure,
Tout contre le soleil.
–
RC – 7 mars 2013
–
Perspectives basculées ( RC )
–
En posant un pied devant l’autre,
Si c’est suivre le fil,
Comme celui de la conversation,
Déplacer une syllabe
Soulever la semelle,
Autre jambe en équilibre…
De la portée de musique,
S’échappent les soupirs
Et s’envolent dièses et bémols
La partition se dilue
Croches et blanches, se perdent
Aspirées par le fond.
Je suis arrivé au bord,
La ligne changeante du stable,
Où le reflet des nuages
Est sous mes pieds
La limite indécise
Où l’espace bascule
Et ouvre des perspectives
Basculées qu’accompagne
La fuite des vents.
Posant un pied dans l’inconnu,
Sur la surface toute proche,
–
RC – 5 décembre 2012

photo Marie, de photosNature 2012, avec son aimable autorisation
–
« Tout un monde lointain » est le nom d‘une pièce musicale de Henri Dutilleux
–