Un mois de des cendres – ( RC )
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D’une grande étendue,
Un pays tout entier,
Recouvert de gris.
De minuscules détails ,
Si l’on maintient l’oeil immobile,
Refluent, sous toutes les mues,
Du bruit et du silence, et son poids d’ écailles .
Il y a des morts.
Des petites et des grandes,
Charriées par les matins .
Une sueur de sang,
Se décolore et va rejoindre
les fleuves. S’écoulent
Lentement.
C’est le corps desséché de l’astre,
Qui ne peut imposer le jour ,
Pesant sur le gris des draps .
L’indifférence des dieux,
Qui se détournent des champs de bataille …
Les lignes de la nuit
Se perdent dans les cendres.
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RC – oct 2014
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art minimal: Roman Opalka : ‘Detail 1965 / 1-∞’, 1965
En témoin immobile – ( RC )
En témoin immobile,
Personne ne crie,
Et dans l’attente,
Le mouvement de la terre
Se poursuit, jusqu’aux collines,
Sans tester la distance,
Qui m’en sépare,
Puisque je suis soudé à elle …
Cette terre , avec sa vie propre,
Qui glisse sur elle-même,
Avalant l’impact sourd
Des météorites,
Et des ères salutaires,
Courues d’espèces,
Dont on retrouve les fossiles,
Eux même englués dans la roche.
Et même si des indices,
Nous écrivent ce passé,
Dicté sous nos pieds,
Encore aujourd’hui,
S’étire l’argile,
Détrempée des fins d’hivers,
Comme aussi, sur les pentes,
Se détachent des blocs mutiques.
Laissés sur place,
Au seuil au sommeil ,
Des mers basculées.
> Elles ne disent que leurs lointains.
Et les vagues sont loin,
Justement,
Gelées dans des mémoires.
Les nôtres ne pouvant les contenir.
On se demande,
Quels furent ses habits,
A la terre, encore,
Où ce qui fut forêts denses,
Est maintenant soustrait,
Dans l’étendue ventée ,
D’horizons de pierres,
Et de montagnes effacées…
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RC – février 2014
André du Bouchet – loin du souffle
Loin du souffle
M’étant heurté, sans l’avoir reconnu, à l’air,
je sais, maintenant, descendre vers le jour.
Comme une voix, qui, sur ses lèvres même,
assécherait l’éclat.
Les tenailles de cette étendue,
perdue pour nous,
mais jusqu ‘ici.
J’accède à ce sol qui ne parvient pas à notre
bouche, le sol qui étreint la rosée.
Ce que je foule ne se déplace pas,
l’étendue grandit.