Un être de mer – ( RC )

photo RC – Finistère -janvier 2021
Ce n’est pas une frontière,
ni une ligne, ni une surface,
une zone interdite,
c’est un océan, une mer,
qui vient et se retire
mais jamais trop loin.
C’est comme un être qui respire,
aux baisers salins.
Un être qui t’invite
quand la marée se lasse
dans de petite flaques
autour du sable mouillé,
se dissimule derrière les rochers,
les épaves rouillées
dans l’attente du ressac.
Il n’a pas d’étendue définie,
pas de limite ,
se rétrécit au découvert de plage,
puis revient comme un cheval sauvage,
lui que l’on croyait assoupi,
étincelant au soleil de midi,
jouant de sa robe ouverte
sur la gamme bleue des gris.
Ceux qui empiètent sur son territoire
le font en pure perte :
c’est ce pays sans mémoire
qu’on ne peut pas cerner,
trop indocile
pour qu’on puisse le dompter.
Il peut dévorer les îles
les engloutir sous la brume;
à coups d’écume.
Il reprend ce qu’on lui a volé,
des châteaux éphémères
aux navires téméraires
des temps écoulés….
……tel est le pays de mer.
André Blatter – Je couds ma bouche

Je couds ma bouche
au plus près du silence
pour mieux t’entendre
je brise le miroir
du mourir quotidien
au fil du rien la réponse
j’habite au plus près de l’hiver
comme une racine de l’être
Valeriu Stancu – Dans le violet de l’ombre –

.
Seul un cri a été
emprisonné dans les épines
juste un pas,
la blessure d’un seul pas
vers l’abîme de mon propre être
juste un reflet
enveloppé dans le violet de l’ombre
seulement une âme
pour la souffrance
juste la charge d’un vol
pour l’aiguille des minutes de l’aile
juste un verset
que je n’ai pas encore écrit
un seul mort
un seul mort….
.
. Festival international de poésie de Medellin 2021
Valeriu Stancu est né à Iasi, en Roumanie, le 27 août 1950. Il est poète, conteur, essayiste, traducteur, journaliste et enseignant. Diplômé de l’Université Alexandru Ioan Cuza, il s’est spécialisé en Littérature à la Faculté des Arts. Il est membre de l’Union des écrivains et traducteurs et de la Société des journalistes en Roumanie. Depuis 1997, il est directeur de la maison d’édition Crónica et rédacteur en chef de la revue littéraire du même nom. Son travail a été traduit dans une vingtaine de langues et a remporté de nombreux prix importants.
Alexandre Rolla – Ici
photo: Richard Ross from « waiting the end of the world »
Ici à Trêlles, les choses s’allongent indéfiniment ,
il semble
que rien ne soit fini,
le rétrécissement y est inconnu
la matière vous étire malgré vous
de chaque côté de l’être
les jours et les nuits
passent des chemins
et encore d’autres
et d’autres encore .