Fenêtres, portes, lucarnes : amies intimes, complices de mon évasion quotidienne, messagères d’un monde clair et agile qui pose sur les meubles son éclatant reflet.
La fenêtre est invitation incessante au voyage : son fleuve d’air et de lumière débouche dans le ciel. Dans ses profondeurs transparentes plus d’un rêve a naufragé.
La porte évite ma présence et me laisse passer dans l’éternelle attitude roide du soldat. Ne déjouent sa consigne que le jour et l’air.
Avec sa corde de lumière la lucarne me hisse jusqu’au bord du ciel. Les nuages et les pigeons domestiques s’approchent en leur voyage de sa bouche de puits.
extrait de l’anthologie « poètes d’aujourd’hui ( Seghers )
les îles au thé et les îles citronnelle Les îles d’ivoire Et celles aux sables noirs Les îles où l’on but l’eau de Perrin les îles d’où l’on ne voulait plus s’en aller Les îles transparentes Les îles aux moines Celles du nord et du sud, de l’ouest, des tropiques et du golfe persique
Nos îles !
Isolées des terres d’où l’on venait, chacune était un bout du monde qui menait en bateau nos envies d’évasion.
Fille je suis fille d’un homme d’une autre saison feu je suis feu de l’éclair et de l’univers belle je suis belle dans le don et le pardon femme je suis femme de pensées et d’évasion flamme je suis flamme de plaisirs et de passions
âme je suis âme du présent et de l’horizon âme je suis âme âme je suis âme
mère je suis mère de nos bases, nos fondations fière je suis fière de l’homme que tu peux devenir cœur je suis cœur du passé et de l’avenir promesse je suis promise sans ombre et sans trahison forte je suis forte de caresses et de tendresse
âme je suis âme du présent et de l’horizon âme je suis âme âme je suis âme
sœur je suis sœur de la terre et de la mer racine je suis racine de l’harmonie, de la vie lumière je suis lumière de nos clartés, nos voluptés pleurs je suis pleurs sur nos plaies, perles de rosée amour je suis amour le flux et reflux des marées
âme je suis âme du présent et de l’horizon âme je suis âme âme je suis âme
femme je suis femme debout, sans compromission
âme je suis âme du présent et de l’horizon âme je suis âme du présent et de l’horizon
peinture: Raphael- madone – détail – ( the Norton Simon collection )
La voix
Il manquera toujours une voix à nos plumes
Un timbre une musique vibrante qui allume
Des feux de la Saint Jean aux buchers de nos nuits
Et disperse les ombres des regrets infinis.
Il manquera toujours, une main à nos rimes
Posée sur une épaule quand la vie nous abime
Pour vibrer du désir d’une nouvelle aurore
Et forcer les bourgeons qui refusent d’éclore
Il manquera toujours un regard à nos vers
Pour dire sa tendresse quand tout va de travers
Essuyer une larme d’un trop plein de bonheur
Recevoir un sourire comme on cueille une fleur.
Il manquera toujours la douceur d’un visage
Sur la page où s’écrit le plus fou des voyages
Quand le vent de l’amour souffle d’imaginaires
Evasions sans retour tout au bout de la terre.
Et je remercie Brigitte pour son commentaire poétique…
Du coup je mets aussi ce poème de Armando Valladeres ,( poète cubain ) qui passa 22 années en prison (1960-1982) pour ses convictions chrétiennes et politiques. Armando Valladeres a écrit des poèmes d’une haute portée contre la dépossession humaine. L’un de ses textes porte les couleurs de la résistance et mérite qu’on s’y arrête:
« Ils m’ont tout enlevé , les porte-plumes les crayons, l’encre car, eux, ils n’aiment pas que j’écrive. Et ils m’ont enfoui dans cette cellule de châtiment mais même ainsi ils n’étoufferont pas ma révolte. Ils m’ont tout enlevé – enfin, presque tout – car il me reste le sourire l’orgueil de me sentir un homme libre (…) Ils m’ont tout enlevé, les porte-plumes , les crayons. Mais il me reste l’encre de la vie – mon propre sang- et avec lui, j’écris encore des vers. »