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Désintégration – un chant dans les hautes terres de Mongolie – ( RC )


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Le soir devient un fait établi,
et s’étale,          presque fluide,
sur les hautes plaines de Mongolie.

On perçoit dans la langueur des ombres,
un chant étrange,       comme si les pierres,
en tapis, étaient le fruit de paroles sèches,

une métaphore du désert chantant  :
le reste de l’explosion des roches,
répandu dans le désert de Gobi,

l’esprit des dunes,
une désintégration,
à échelle minuscule,

un fractionnement ( en tous petit morceaux ) ,
qui s’assemblent au gré du vent,
avec                 une fluidité lente .

>    On n’en cerne pas les formes,
car les dunes se déplacent
et ondulent,            dans le silence,

( ou presque, )
puisque ce chant ténu,
serait celui ,

produit par la friction
de quantités de grains de sable,
auquel l’horizon         répond,

en un bourdonnement continu
qui semble de loin,
horizontal,       justement,

mais recule,
de même     que les distances
alors que l’on s’avance .

Les ondes s’étirant,
tant dans l’espace aérien , qu’au sol,
arrivant à  fusionner.


RC – juill 2017

 

basé  sur la musique  de Tristan Murail  » désintégration »,

composée précisément par rapport au désert de Gobi .


Paul Valery – Bouche


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dessin Lalaluce  (deviantArt)

Le corps veut que nous mangions, et il nous a bâti ce théâtre succulent de la bouche
tout éclairé de papilles et de houpettes pour la saveur. Il suspend au-dessus d’elles
comme le lustre de ce temple du goût, les profondeurs humides et avides des narines.
Espace buccal. Une des inventions les plus curieuses de la chose vivante.
Habitation de la langue. Règne de réflexes et de durées diverses.
Régions gustatives discontinues. Machines composées.
Il y a des fontaines et des meubles.
Et le fond de ce gouffre avec ses trappes assez traîtresses, ses instantanés, sa nervosité critique.
Seuil et actes — cette fourrure irritée, la Tempête de la Toux.
C’est une entrée d’enfer des Anciens. Si on décrivait cet antre introductif de matière,
sans prononcer de noms directs, quel fantastique récit !
Et enfin le Parler… Ce phénomène énorme là-dedans, avec tremblements, roulements,
explosions, déformations vibrantes…

PAUL VALERY « Mélange » (N.R.F.)


Etienne de l’Abbaye – A l’avant de sa colère


 sculpture:  J Pierre Baldini

A l’avant de sa colère

Elle fonce

A l’avant de sa colère
Comme on donne
Son visage aux embruns
Comme on se presse
A la proue d’un navire
Et nous
Qui avions joué
Les connards
Au fond de l’eau
Qui avions gaspillé
Des torpilles
Qui ne savions
En réalité
Comment mettre le feu
Qui ne maîtrisions pas
Ou à peine
L’art de l’explosion
Nous les salopards
Elle nous fend
Par le milieu
De l’avant
De sa colère

E de l’Abbaye  propose  beaucoup de ses créations  sur  son site « carburatrices »

 


Arthémisia: – Au Bord de l’explosion


 

Elle descend.
Elle tombe, lourdement, fluide épais et visqueux, fuel bleuté et métallique.
Sa couleur pourrait être froide mais sa consistance dit le contraire. Elle fraye avec la caresse.
Elle se tord autour de tous les objets, autour de toutes les images.
Elle entortille, emballe, lace de ses bras fluides et lisses, de ses jambes accortes, enrobe de ses sucs, enrubanne de ses étoffes sombres. Tout est soudain cadeau, merveille orientale, Taj Mahal, mirage.
 
La pacotille déposée sans grâce sur la commode brille d’un éclat adamantin.
 
Les tissus amollis sur les tommettes en capturent honteusement les rougeurs provençales.
 
Les couvertures des livres se raidissent dans le cavagesque repère orthonormé de la bibliothèque et jouent un mikado d’ombres à la parade. Gauche – droite ! Gauche – droite ! Rectifiez la position, braves petits soldats de papier…
 
Les nus suspendus au mur, s’incarnent en hauts reliefs chryséléphantins. Ils résistent inertes mais j’entends déjà leurs cœurs battrent. Je ne cherche pas d’explication. Ils sont de ma chair.
 
Le rideau pacifique ne remue que d’un silence éteint et le drap crayeux prolonge ton corps endormi en vagues laiteuses sans écume. Où nages tu ?
Les deux chaises 1900 se parlent-elles ? Seuls les ans le savent. Trouvées sur un trottoir, elles poursuivent leur duo secret auquel je n’ai pas encore eu accès. Serai-je déshonorée si je vous dis que mon imagination rose leur invente des histoires d’Amour pas toujours romantiques ? Vous m’avouerez : que pouvaient elles bien faire là où je les ai trouvées à part racoler?
Me voilà proxénète.
Ce soir, j’ai faim.
Les lèvres entr’ouvertes de la nuit me nourrissent.
D’une sérénité au bord de l’explosion.
Copyright © Arthémisia – juillet 2007
Accompagnement peinture            : Mark ROTHKO – Rouge, blanc et brun
A noter  que beaucoup de ces toiles  dans ces tons  brun et rouge  sont  présentées  à la Tate Modern  de London