Des pas mènent à la source – ( RC )
Photo perso – source du pêcher – Florac
Des pas d’oiseaux dans la boue,
eux qui mènent à la source,
dont on perçoit le murmure
contournant les rochers.
Mais d’où vient-elle, cette eau,
sinon du secret de la montagne obscure,
des vallons habillés de mousse,
du souffle du temps,
– une résurgence mystérieuse.
où s’étire le liquide ?
et c’est le miroir facétieux des neiges
dissoutes par le printemps :
une langue muette qui se délie
et s’infiltre dans toutes les failles,
pour s’unir à d’autres langues, bruire
comme un oiseau nouveau né,
grossir son cours
s’élargir, chanter, puis rugir
à mesure que se dessinent les pentes.
Elles n’en retiennent, une fois apaisées,
que le reflet des arbres pensifs,
les nuages qui se mirent,
dans leur substance même
courant et nourrissant le sol.
–
RC – nov 2016
Spirales adhésives – ( RC )
–
J’imagine, qu’il y a encore du chemin à parcourir.
des obstacles à dépasser, des creux à contourner,
des rocs dont les failles sont autant de pièges,
sans compter la faune qui guette, toujours à l’affut.
La chevelure se confond avec celle des lianes,
et il y a toujours une nuée d’insectes volants,
Ils semblent te suivre… une proie bien tentante,
Ils se sont extraits du plâtre?
Une génération spontanée – comme on disait,
qui s’inscrit en biais des jointures de faïence.
le chemin est d’autant plus long,
que c’est un dédale de pièces, refermées sur elles-mêmes.
Un moment d’inattention, et ce sont des rubans,
qui t’enveloppent à ton insu, tout droit descendus du plafond,
déjà, ils ont fini par occulter complètement les fenêtres,
et se dévident en spirales adhésives, dès que tu t’arrêtes.
–
RC- oct 2014
Coeur volcan – ( RC )

photo: Alain Gerente piton de la Fournaise
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Brûlant cratère,
Fumant de ses entrailles,
S’écoulant de ses failles,
La terre secoue sa crinière,
S’ouvre en son coeur,
Où les pierres se confondent,
Tout au corps du monde,
Et mélangent leur saveur…
Il n’y a plus, sous tes paupières,
Que ton volcan embrase, et brave,
Et son torrent de lave,
Rien d’autre qu’une rivière,
Qui emporte tout sur son passage,
Et mélange l’argile et les rires,
Tout ce qu’il faut pour écrire,
Des arabesques en messages,
Virevoltant , tels des papillons,
Se formant en un seul poème,
Aux seuls mots de je t’aime,
Lancés en ta destination.
RC – mars 2014
—
sur l’incitation poétique de Patricia Fort
(
…
Rien d’autre.
Le torse ouvert en deux hémisphères
Et l’or sous mes paupières.
Rien d’autre
Intarissable rivière
Roulant ses galets dans le brûlant cratère
Rien de plus
Le calame et l’argile
Et le mot empêtré de sublime
… )
Gregorio Scalise – Que le monde suive une ligne verticale
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Gregorio Scalise
( re-bloggé du site ‘une autre poésie italienne » )
Poète, dramaturge, Gregorio Scalise est né en 1939 à Catanzaro et vit actuellement à Bologne. Ses débuts sont sous le signe de la poésie visuelle et de la néo-avant-garde ; son premier recueil (A capo) est publié par la maison d’édition Geiger dirigée par Adriano Spatola. Avec Segni, présenté dans l’anthologie Il pubblico della poesia de A. Berardinelli e F. Cordelli (1975), il obtient une large reconnaissance de la critique, notamment de Fortini. Parmi ses recueils l’on peut citer aussi La resistenza dell’aria (1982), Poesie dagli anni ’90 (1997), La perfezione delle formule (1999).
1.
Che il mondo segua una linea verticale…
Que le monde suive une ligne verticale,
les nuages le font comprendre,
car les choses les plus belles
viennent à nous entre les failles de vent ;
si son esprit pouvait se délier
mais l’évocation est une zone sèche
où s’épuise le langage,
si au cours des siècles
les hommes décident toujours :
l’eau frappe de mille langues
une plage herbeuse
et les objets, réunis à la chose,
savent que les yeux ne suffisent pas
pour conserver un secret.
(Danny Rose, 1989)
–
Karen Dalton ( RC )
Karen Dalton
-( C’est un hommage à la voix de la chanteuse des années 70..(lien Youtube)..
pas si connue que cela aujourd’hui, et dont j’ai essayé de traduire
la sensation éprouvée…)
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Elle me parle…
Je ne sais
Comment dire, comment la dire
Etre happé par la musique
Et le déroulement sans heurts
D’une mélodie douce
Mais cette voix
Ecorchée, rouge et triste
Qui dit
Comme le son du cor.
Du vécu , qui s’étire
Le blues
Des raisons du vivre *
Un sentier, de failles
Et ses feuilles desséchées, fondues avec le sol,
Offertes, en fragilité ,et cassures,
Et la parole saupoudrée
Franchissant les années
Sans la nuit couvrant la terre
Et vibrant , avec en pensée Lady Day *
Dans un même espace
La tunique serrée autour du corps du monde
Et l’émotion, avec
Etrange chose que sa voix
Qui m’emporte au loin…
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RC 10 juin 2012
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* Lady Day est le surnom donné à Billie Holiday, dont il y a effectivement
beaucoup d’affinités – voir ma parution précédente sur « Strange fruit »
* Raisons de vivre est un des titres de Karen Dalton