En pire d’un sourire – ( RC )
dessin: Paul Gauguin (1848-1903) Madame la Mort , 1890-1891 Fusain sur papier –
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la belle aux joues lisses,
a la bouche calice,
qui brille de toutes ses dents…
Comment oublier son oeil ardent
est celle dont le regard
fait que l’on s’égare ,
que l’on tombe sous l’empire,
aiguisé de son sourire,
comme un reflet de l’ âme,
où s’affutent les lames,
sous un masque aimable,
celles d’un sabre
dans un étui de velours.
C’est toujours l’amour,
et l’éternel désir,
qui toujours attire ;
l’envie de possession,
les fruits de la passion,
à placer dans la corbeille,
aux côtés d’une bouche vermeille …
Le galbe moelleux d’une poitrine,
– mais les roses ont des épines,
l’aventure libertine
cachait ses belles canines ;
c’étaient celles d’un fauve,
sous une robe mauve :
le baiser de la mort
embrassant encorps,
juste l’instant du crime,
– ce moment ultime…
tout en jouissant
du goût du sang :
un très court avenir
confié à une vampire
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RC- dec 2015
Leopold Sedar-Senghor – L’éthiopienne
…Puisque reverdissent nos jambes pour la danse de la moisson
Je sais qu’elle viendra la Très Bonne Nouvelle
Au solstice de Juin, comme dans l’an de la défaite et dans l’an de l’espoir.
La précèdent de longs mirages de dromadaires, graves des essences de sa beauté.
La voilà l’Ethiopienne, fauve comme l’or mûr incorruptible comme l’or
Douce d’olive, bleu souriante de son visage fin souriante dans sa prestance
Vêtue de vert et de nuage. Parée du pentagramme.
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Léopold Sédar Senghor
in » Ethiopiques «
En devenir … ( RC )
Masque Ventral de Tanzanie
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En devenir…
Les chairs enveloppées de fougères,
Ont des murmures clairs,
Qui repoussent les mers
Au delà- des lierres.
C’est un autre horizon,
Que tu portes en toi,
Cet enfant qui croît
Et sera peut-être blond.
Pétri de grondements,
Tes veines de murmures,
Disent les temps futurs,
Naissance et avènement…
Mais sa masse animale,
Nourrie de ton sang,
Se berce des avants
Et reviendra danser au bal,
Future d’indépendances
Aux heures lourdes, et lentes
Confiné dans l’attente,
Se prend soudain de danse
Dans les décors de rouges,
Ce tout petit fauve,
D’un incendie mauve,
Doucement se bouge,
D’un univers partagé, relié
A l’invisible outremer,
La navigation des chairs
Lui fait prendre pieds
Tu peux compter ses doigts,
Ses formes rondes, de haricot…
Si proche de ta peau,
Il n’est pourtant plus toi,
Si tu écoutes son être pousser,
Pour s’aventurer sans préavis,
Affronter les destins de la vie,
Vers laquelle il va s’élancer.
Au terme du voyage sommeil,
Porteur de tous les rêves,
A la mer immense, au coeur de sa sève,
Toute jeune bouteille…
Portée par les flots,
Une feuille blanche à écrire,
Toute sa vie en devenir,
Dont tu es le terreau…
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RC – 15 juillet 2013
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( sur l’incitation poétique de Nath ( bleu-pourpre) avec indocile – ancre )
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Inexplicable soi-même – ( RC )
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photo gdefon.com
L’après-midi fauve
S’ourle de la lumière dorée des chênes…
> C’est le soir qui monte,
Et inexplicablement le creux qu’ils entourent,
Se creuse un peu plus,
Et de l’ombre, en fait un puits,
Un cône en entonnoir,
Que je suis, lentement attiré
Par une descente
Qui semble ne jamais finir.
Les voix extérieures se sont tues,
La lumière évanouie
Jusqu’à n’être qu’un petit orifice affadi,
Se voit remplacée peu à peu par des formes,
Que l’on perçoit, plus qu’on ne les voit,
Aux inimaginables amalgames,
Dotés d’une vie indépendante
Qui palpite,
Et me parle d’un monde
Où les certitudes basculent,
Les contradictions émergent,
Jusqu’à la part la plus secrète de nous-même.
A part les sons des pas qui évoluent,
Toujours plus loin et plus profonds,
Seul le battement régulier du coeur,
Jusqu’à présent anecdotique,
Me parvient aux oreilles,
Et cogne de plus en plus fort.
Il occupe progressivement toute la place.
Au coeur du monde intime,
Où la communication s’établit d’elle-même,
Avec la part de la pensée et la mémoire,
Au plus profond d’une vérité , tue,
Qu’on peut y déchiffrer,
La part la plus inexplicable de soi-même,
Loin de la surface des choses.
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RC – 24 juin 2013
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Ahmed Mehaoudi – La fin d’une hirondelle

hirondelles à Ouessant
que ce nid pourtant d’hirondelle riait
en printemps
la main de l’homme le déchanta
le gâcha de son instant de fauve
et l’arbre où la branche brillait
est morte cette année
allez pleurer sur cette absence
à n’avoir pas garder intact le chant
l’inneffable douceur des toits
ou ce qui dolence au coeur
rafraichi tant d’épreuves
que ce nid ait disparu
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