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Articles tagués “fées

Sylvia Mincès – Sanglots jetables


photo-montage – auteur non identifié

près d’immenses planètes hexagonales
pleurent et pleurent sur infini
les ravissantes fées-musiques
cantates aux lourds plis chauds

cheveux fa jambe ré
s’arrachent le baldaquin
d’un dieu mineur exalté
désireux avant bleu
d’occuper mille croches
aux sommeils utérins

sanglot à la blondeur d’âme-vestale
sanglot plus frisé que moutons
sanglot-murmure un peu cassé
je viens de déchirer le mien

achèterais — très cher — sanglot stradivarius
— bon état


Dans le mystère des bois – ( RC )


photo perso – Lozère octobre 2020

Il y a encore quelques hommes,
pour recueillir des dons d’un ciel
de novembre, étrangement clément .

Ceux qui arpentent les forêts,
se guident sur les chemins
presque complètement enfouis

sous l’ocre des feuilles.
La terre aimable a caché l’été ,
sous les jaunes et les oranges.

La sève se retire des arbres,
se préparant à l’hiver,
le petit peuple des champignons en profite .

Ce sont peut-être de petits gnomes
qui montrent leur visage,
en dansant en cercles serrés.

Dans le mystère des bois,
commencent à roder les brumes
entre les roches de Huelgoat .

Certains y verraient les fées
qui font leur cueillette d’herbes
de cèpes et d’amanites.

C’est de leur cuisine
que les brumes
s’enroulent dans la futaie .

Si les doigts du vent font silence,
c’est peut-être leurs pas sur les feuilles sèches
que tu entendras,

mais ne t’attends pas à les surprendre,
car leurs robes les cachent
et nos yeux ne peuvent les apercevoir.

Forêt de Huelgoat - Automne 2017 - Lit de rochers
photo lecocon : forêt d’Huelgoat

Vesna Parun – la vague


010309_0775_0764_nsls.jpg

J’écoute la rumeur basse de la mer

Qui surgit de la vague et se répercute,

Masquée par un agave antique, j’épie

Sa gorge qui se change en une mouette

Pour s’envoler avec un gémissement

Vers l’or des nuages. Et de l’airain du ventre

Somptueux s’érige sombrement le roc

En fleur qui porte un cortège de princesses

Fascinantes, de fées surgies des légendes.

 

I listen to the down rumor to the sea
That emerges from the wave and reverberates,
Masked by an ancient agave, I watch
Her throat that turns into a seagull
To fly away with a moan
To the gold of the clouds. And belly brass
Sumptuous rises darkly the rock
In bloom carrying a procession of princesses
Fascinating, fairy tales arisen from legends.
.

.


L’ép(r)ouvante – ( RC )


Image associée

peinture – Frida Kahlo

  Epouvante,
qu’il pleuve ou qu’il vente,
tu t’échappes des contes pour enfants,
et ris de toutes tes dents:
et si c’était une comptine,
on verrait luire tes canines  …

   Et encore, l’épouvante , chante
comme la cigale de La Fontaine,
mais trouves avec peine
l’hiver étant venu, ( air connu ),
où se loger dans les arbres dévêtus
que l’on sait trouver fort dépourvus.

        Voila qu’elle a caché la lumière,
et qu’elle effraie la bergère,
avec des histoires de loup,
ou à dormir debout :
on peut presque palper la peur,
distinguer au loin le château la Terreur.

        Pendant que tes pas s’égarent
tu erres dans les idées noires :
Si les arbres ont perdu leurs feuilles,
l’épouvante a répandu son deuil,
et les racines d’une forêt ingrate,
multiplient les croche-pattes .

        La fontaine s’est refermée,
oubliée dans les ronces et l’églantier :
les fées sont capturées
pieds et poings liées
prisonnières
au coeur de l’hiver.

  •      Les eaux obscures m’ont bu
    tu n’en as rien su :
    je me suis noyé
    dans l’eau glacée :
    mes yeux te regardent
    et ma peau est blafarde:

elle a pris les couleurs de la cendre
dans le long bain de décembre :
il m’a été ôté la joie :
nous n’irons plus au bois :
j’ai pris pour compagne l’épouvante ,
dans la forêt   –  – désormais je la hante.

         Mais les années s’étant écoulées,
et tu m’as désormais oublié:
tu as délaissé tes terreurs d’enfance :
la vie a pris une autre consistance,
elle t’emmène vers d’autres horizons,
( c’est maintenant une autre chanson ) .

        Tu as remisé toutes ces fadaises,
et t’en vas cueillir des fraises :
Cigale, cigale,         il te faut rechanter :
les lauriers des bois ont bien repoussé !
la fontaine est garnie de fleurs d’églantiers,
… tu en accroches une sur ton chemisier…

       Attention quand même aux épines :
elles sont restées assassines ! ,
voila qu’une fleur de sang grandit sur ta poitrine ,
alors… te revient en tête la comptine :
l’épouvante et la peur de mourir…
(     je me rappelle à ton bon souvenir… )


RC – mars 2018


Christian Hubin – Personne


 

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Montant vers l’absence aspirée,
qu’est-ce qui retourne

— les cimes comme des impacts de chutes,
ellipses acérées à gravir.

Silhouettes en file que la lumière pointillé
— le vent, le soir.

Surgit un lieu qu’on n’a jamais vu, et
connaît.

Touchant la corde la plus grave,
le millième de seconde où la présence finit,
le son retranché hors
du son.

Ceux qui écoutent tombent d’âme en âme,
dans l’antérieur répercuté.

Sur l’herbe le pied nu des ombres,
les volutes de la petite éternité.
C’est ici qu’on venait prédire
— une autre voix, un autre temps.

Qui veut se recueillir se perd.
Sa face première est celle des fées,
de  la lune blanche en plein jour.


René de Obaldia – J’ai trempé mon doigt dans la confiture


 

 

 

 

DSC00126.jpgpeinture: Qamar Siddiqui

 

J’ai trempé mon doigt dans la confiture
J’ai trempé mon doigt dans la confiture Turelure.
Ça sentait les abeilles
Ça sentait les groseilles
Ça sentait le soleil.
J’ai trempé mon doigt dans la confiture
Puis je l’ai sucé,
Comme on suce les joues de bonne grand-maman
Qui n’a plus mal aux dents
Et qui parle de fées…
Puis je l’ai sucé Sucé
Mais tellement sucé
Que je l’ai avalé I

René de OBALDIA « Innocentines »