Else Lasker-Schüler – Écoute
peinture : Constant Detré : Kiki de Montparnasse ( années 20 )
Écoute
je vole dans les nuits
les roses de ta bouche,
afin qu’aucune femelle ne puisse y boire.
Celle qui t’enlace
me dépouille de mes frissons,
ceux que j’avais peint sur tes membres.
je suis la bordure de route
qui t’effleure,
te jette à terre.
Sens-tu ma vie autour
partout
comme un bord lointain ?
Mouloudji – Cache-cache
C’est de texte de sa chanson….
Vous êt’s-vous caché
Un jour de cache-cache
Sous la jupe lâche,
Quoiqu’ intimidé,
Dans l’intimité
D’une dam’ ombrelle
Aux senteurs si blêmes
Strident’s de douceur
L’avez-vous rêvé ?
Ce doux goût de peur
Couleur de péché,
Était-ce inventé ?
Sous la jupe folle,
Vous flairiez la chair
De dame prison
Ell’, dans son émoi
Ouvrait de plus belle
Ses ciseaux femelles
En prison de joie,
Vous étiez ému
Sous la chèr’ ombrelle,
Un soleil diffus
Éclairait tout bas
La tendre bastille
Vous, les yeux béats
La tête levée
Au ciel albinos,
Vous suiviez le vol
D’un corbeau velu
Entre chair et rose
Des cuisses jouflues
Et du pantalon
Comme rêve glauque.
Patti Smith – animaux sauvages

photo: Robert Mapplethorpe – crâne
Est-ce que les animaux crient comme les humains
quand leurs êtres aimés chancellent
pris au piège emportés par l’aval
de la rivière aux veines bleues
Est-ce que la femelle hurle
mimant le loup dans la douleur
est-ce que les lys trompettent le chiot
qu’on écorche dans l’écheveau de sa chair
Est-ce que les animaux crient comme les humains
comme t’ayant perdu
j’ai hurlé j’ai flanché
m’enroulant sur moi-même
Car c’est ainsi
que nous cognons le glacier
pieds nus mains vides
humains à peine
Négociant une sauvagerie
qui nous reste à apprendre
là où s’est arrêté le temps
là où il nous manque pour avancer
Patti Smith, Présages d’innocence, Christian Bourgois éditeur, 2007, pp. 96-97. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacques Darras.
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photo patries71
Photo Patries71
Vampire et vautours (RC)
J’ai choisi ma victime
J’ai déployé mes ailes
Pour commettre mon crime
Selon le rituel (inscrit au manuel)
Aiguisant mes dents
J’ai choisi une belle femelle
Dont le sang giclant
Sentait l’eau d’javel
Il fallait s’attendre au pire
Avec celà, gluant sur ma poitrine
Hémoglobine, qui lentement s’agglutine
Car je suis l’étoile noire,le divin vampire
Aux côtés duquel, Gilles de Rais
Qu’aimait faire souffrir lentement
Avec pinces et couperets
Ne serait qu’un enfant
J’ai aimé ses cris infâmes
Pendant que je suçais
Sa tiède vie de femme
Qu’aussi j’embrassais.
Ma pauvre victime sans défense
S’en allant doucement, la v’la qui s’épuise
Au regret des blessures, souffrances
Me donnent ainsi sa vie, tandis qu’elle agonise.
Je nettoierai plus tard mes lames
Et le rouge sombre, accroché à mon couteau
Au silence revenu, après le drame
J’me suis régalé — à lui faire la peau…
Oiseaux nocturnes, hiboux et effraies,
Vautours et rapaces, restant à distance
J’ai pu leur laisser, un peu de sang frais
Pour nourrir leur nuit – Ce sera bombance…
Aux nuits longues, sans lune
J’ai fini mon repas, le ventre replet
Là bas , au loin, sur la lagune
En compagnie d’un astre sans reflet..
RC – 18 juin 2012
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