
Blanche est ma voix – ( Susanne Derève) –

Mes illusions perdues,
plus pauvre qu’en ma jeunesse, je suis,
et mes cheveux coupés.
Pour vêtir un roi nu, n’ai qu’un maigre édredon
que chacun tire à soi
et quand sur vous, mes frères,
les mâchoires d’acier des frontières se ferment,
j’appelle, j’appelle encore,
blanche est ma voix,
noyée dans le grondement du flot,
blanche,
la supplique qui monte des radeaux
accrochés à nos flancs, au bout de leur errance,
blanche la plainte,
qui fuse des barbelés, le cri du sang
épandu sur la neige,
et sous les bombes, les gravats,
les villes qu’on assiège,
blanches d’horreur les pupilles,
blancs les membres brisés.
Mes illusions perdues …
à Kaboul Ispahan Téhéran ,
blanc le cahier d’écolière,
blancs le niqab et le linceul,
la corde et le nœud coulant,
et quand sur vous mes sœurs,
les mâchoires d’acier des prisons se referment,
j’appelle, j’appelle encore
au delà des frontières , blanche est ma voix …
***
sur la Chapelle Maradène ( commune de Martel, Lot) , acquise par Miklos Bokor ,
dont il a entièrement recouvert les murs intérieurs de fresques monumentales
qu’il a voulues comme « sa mémoire » de la Shoah, voir :
Chapelle Maradène, journée du patrimoine – Martel 2020
Isabelle Pinçon – des taches

Quand l’homme fait ses opérations, il met toujours une blouse blanche. L’ennui ce sont les taches.
Personnellement je n’y vois pas d’inconvénient, mais d’autres femmes s’acharnent à les faire disparaître.
Elles essaient toutes sortes de produits et finissent par quitter l’homme qui reste seul avec les taches indélébiles.
C’est curieux que tout repose sur des calculs compliqués.
extrait du recueil » c’est curieux » ( Cheyne editeur )
Corinne Freygefond – le féminin

Ma gorge avale un cortège De bagages vides Portés par des femmes Toutes de noir vêtues Je devine en strates La voix de celle Par qui la vie m’a été donnée Je l’entends crier en moi-même Un cri Privé de matière Hérité du silence séculaire Je voudrais donner ma bouche A un arbre un oiseau une pierre issu du site de l'auteure
Franck André Jamme – La récitation de l’oubli

Taloi Havini – From Refugee to Exile
Les fleurs ? Pour une autre fois.
Toutes les fleurs de sable de la
ville. Sur les fenêtres, dans les
cheveux de jais des femmes, au
cou des suiveurs de chariots. Et
tous les champs : les carrés blonds,
le vent, frissons sertis de flaques
blanches. Mille insectes s’agitent,
gerbe d’or, petits pas. Terra Nostra !
James NOEL (Des poings chauffés à blanc)
Ernst JEAN PIERRE Paradis Perdu de Haïti
–
Sous le manguier des femmes mûres
Sous le manguier
des femmes mûres
je me mets un plâtre au cœur
maintenant ça bat
tout bas
bas bas bas
pour les jupes volantes
des femmes qui veulent
monter au ciel
au ciel bleu des cerfs-volants
maintenant
elles peuvent
croiser leurs bras
mâcher du chewing-gum
dire je m’en fous
et puis point merde
aux mots d’amour
elles peuvent tout dire
tout se permettre
moi je joue bien
aux mots croisés
elles peuvent prendre
leurs brosses à dents
ces femmes-là
elles peuvent prendre
une cigarette
moi j’aime bien
la mèche des femmes
des femmes qui fument
sans se cacher la chevelure
sans éteindre les feux de joie
elles peuvent jouir
si ça ne dérange
c’est à l’unisson
que naît la chanson
dans le naufrage
–
Confession des formes
La nature est confession de courbes
de montagnes qui se déplacent
à reculons
une femme enceinte a plusieurs veines
plusieurs identités
des densités multiformes
aérées par des respirations profondes
pour prolonger
les mouvements du monde
filles d’orfèvre qui cherchez des rayons d’or
pour vous parer en face du soleil
parcourez la terre dans le parfum du jour
et renvoyez dans le sommeil cette vapeur acquise
allez dire
paix sur les nuages
paix sur les fleuves
s’il pleut du miel
tendez-lui votre bouche
si c’est du sang
dites que vos mains sont bien trop frêles
pour empoigner la cueillette de l’épée
–
Extraits du recueil Des poings chauffés à blanc (Ed Bruno Doucey)
James NOEL ( né en Haïti en 1978)
Formant une colonne chantante – ( RC )
photo perso – Burkina Faso
Il fallait que je marche
sur les sentiers secs
parsemés de pierres
et d’herbes sèches,
longtemps ,
depuis le village
– je n’en ai plus la notion –
pour arriver jusqu’au puits.
Il y avait un cercle de béton:
une rondelle comme une estrade,
où des femmes en pagnes
s’activaient à la pompe,
en exprimant la soif du monde :
il y a au village
toujours des bouches
qui demandent à boire…
Sous le soleil de l’Afrique.
l’ombre des manguiers ne suffit pas
à en tempérer l’ardeur….
Elles avaient la peau luisante
d’éclats d’eau et de sueur,
et riaient de me voir attendre,
empoussiéré,
une bouteille en plastique vide, à la main .
Elles s’apprêtaient,
quelquefois avec un enfant accroché au dos,
à prendre à leur tour
les sentiers secs
parsemés de pierre,
un gros bidon jaune,
en équilibre sur la tête
formant une colonne chantante .
–
RC – nov 2017
Virginia Woolf – les femmes ne doivent pas avoir peur de l’obscurité
photo Agnès Perroux
Les femmes doivent toujours se souvenir ce qu’elles sont
et de ce dont elles sont capables.
Elles ne doivent pas avoir peur de traverser les champs vaincus de l’irrationalité,
ni de rester suspendues sur les étoiles de la nuit,
posées sur le balcon du ciel.
Elles ne doivent pas avoir peur de l’obscurité qui abuse les choses,
parce que cette obscurité libère une multitude de trésors,
les ténèbres qui, libres, déshabillées et ferventes,
savent que personne ne les connaîtra jamais.
Alain Grandbois – Il y avait les palais noirs…
Il y avait les palais noirs et les hautes montagnes sacrées
Il y avait ces trop belles femmes au front trop marqué de rubis
Il y avait les fleuves avant-coureurs de la fin du Monde
Il y avait la pourriture la moisissure et cette chose qui ne s’exprime pas
Il y avait ces mauvaises odeurs les excréments des êtres
Il y avait trop de dieux
(Alain Grandbois, Poèmes inédits, 1985 )
docu animé: Andantonius – lady sanguine
Eugenio de Andrade – Avec la mer
J’apporte la mer entière dans ma tête
De cette façon
Qu’ont les jeunes femmes
D’allaiter leurs enfants;
Ce ne qui ne me laisse pas dormir,
Ce n’est pas le bouillonnement de ses vagues
Ce sont ces voix
Qui, sanglantes, se lèvent de la rue
Pour tomber à nouveau,
Et en se trainant
Viennent mourir à ma porte..
Jean-Joseph Rabearivelo – Ton oeuvre

Arthémisia – Chronique d’un autre monde
Le soleil tomba tôt dans le puits.
Les trois lunes apparurent, roses, à l’horizon, derrière l’usine de verre.
Depuis la révolution des orbes célestes ¹, les formes et les couleurs avaient beaucoup changé.
C’était heureux.
Désormais, la bouche des femmes avait des saveurs de coquelicot, et, les mains des hommes, lisses comme la mer, étaient devenues aimantes.
Ils se cueillaient et alimentaient l’usine de leurs caresses.
Dans les jardins de lait, couraient des enfants blonds, qui, le soir venu, décrochaient les lunes et les roulaient par terre en y semant des fleurs.
Puis, à l’heure du sommeil, les mères rangeaient les lunes dans le ciel, embrassaient leurs enfants, et se fardaient la bouche pour leur amant.
Le clocher sonna dix fois. C’était l’instant de quiétude. Chacun pouvait garder les yeux ouverts sans souffrir.
¹ Oeuvre de Nicolas COPERNIC
© Arthémisia – oct 2011 visible sur son site corpsetame.
Denis Scheubel – La vie est colorée de jambes de femmes
–
La vie est colorée
De jambes de femmes
Il disait
De noeuds à défaire
La vie est colorée
De jambes de femmes
Qui injectent à l’asphalte
Des rythmes affolants
Alors boire et danser
Il disait
Boire et danser
La vie est martelée
De jambes de femmes
De bas qui crissent
De bateaux qui grincent
De voix d’enfants
Qui pincent
Le coeur.
La vie est un bateau
Où tanguent les jambes de femmes
Qui grincent
Il disait
De boucles bouclées
Qui tintent à leurs oreilles
Quand elles martèlent l’asphalte
Pendant qu’on boit.
–
Denis Scheubl dans » Sex and Cities »
Cribas – Fils de l’homme OU L’enfant humain
Fils de l’homme OU L’enfant humain
Par Cribas
Vois, mon frère bien aimé, vois ce que je deviens. Ce que nous avons rêvé autrefois, près du lac, dans la vallée où mille ricochets ont répété nos pactes et nos mots les plus idiots à l’époque. Toi, mon frère à jamais, comme nous le gravions sur les écorces d’arbre à sang chaud, ou sur les pierres de craie tendre, avec nos canifs aujourd’hui perdus.
Que de nostalgie, mon ami, mon frère, que de temps inutile depuis, a traversé nos vies.
Nous nous jurions de nous partager le monde, de nous en obtenir les plus gras morceaux, et cela sans jamais le moindre regret.
Il ne me reste que la mélancolie de ces années insouciantes, et tout ce que j’ai pu tenir, c’est de ne me laisser ternir par aucun regret.
Depuis longtemps pourtant, j’ai perdu ta trace, ton sourire efficace qui menait à bien nos projets, nos quatre cent mille coups tantôt en méchants, tantôt en indiens, et qui finissaient toujours avec des accrocs à nos pantalons, des taches de mûres et de sureau sur nos joues qui laissaient apparaître des fossettes, sous nos yeux brillants bénis des dieux. Je crois bien qu’il y eut aussi des centaines de fous rires contenus, lorsqu’il nous fallait rendre les clés de nos cabanes imaginaires, la nuit venue, à des adultes et des parents habitant un autre monde que le nôtre, venus d’une autre terre.
Vois mon frère bien aimé, ce que le temps fait disparaître. Sans crier gare, un jour on pose une valise au pied de sa vie, sur un quai de grisaille, et les grandes destinations de l’existence séparent, scindent en dizaines de méga-octets l’imagerie de notre vie.
On se retrouvera peut-être un jour, mon être sans la fierté d’avoir su monter un pur-sang pour revenir à la source, avec des chevaux moteurs rutilant de réussite sociale.
Je ne suis jamais revenu près de ce lac. Je n’ai jamais osé me représenter là-bas pour vous montrer à tous l’album de ma vie resté vierge à vos yeux. Je sais, mon frère bien aimé, que la famille a grandi au rythme de ta réussite. Qu’on ne mange plus aujourd’hui que sous l’immense verrière dont les fondations ont été creusées sous les souches à sang froid, arrachées comme s’il s’agissait de simples nuages et que l’on avait attendu la fin de la tempête.
Si tu voyais, mon frère, si tu pouvais comprendre ce que ma différence autrefois imperceptible avait voulu pour ma vie.
Je n’ai pris qu’un seul train, et lorsque l’arrivée a sifflé, je suis descendu.
Ici ou ailleurs, ma destination n’avait que peu d’importance. Je n’ai pas d’amours inscrites, sur des registres ou des certificats de baptêmes.
Les femmes que j’ai rencontrées, je ne leur ai offert que le meilleur de moi même, elles ne m’ont appris que ce qu’il me manquait, et à chaque fois qu’elles avaient compris que le partage n’était pas une affaire de signature, mais seulement d’écriture du destin, je me suis éloigné sans trop de pleurs, sans crier gare non plus. Je suis toujours resté dans le coin dans le cas d’un appel un mauvais jour, souvent un mauvais soir, je suis l’inaccessible joignable sur simple appel d’un numéro de téléphone ad vitam aeternam.
Ma destination finale a toujours été ma première idée. Aimer, aimer comme un aide, aider comme on sème, aider chacun, chacune, à s’aider sans peine, à s’aimer autant que j’ai compris mes peines.
Vois mon frère, ma plus belle réussite. On m’aime !
Jamais l’on ne regrette, de m’avoir aimé. Je suis celui qui tait celui que tu es. J’accomplis mon devoir comme les ricochets de l’écho ; je répète juste assez lorsqu’un amour a besoin de plonger pile poil à l’endroit de la rescousse où son autre se noie.
Je n’ai voyagé que pour prendre le recul nécessaire à mon égo de naissance. Je n’ai rien fui d’autre que mes racines malades. En route, j’ai pris quelques rails de trop, mais étant sur la bonne ligne, j’ai rapidement récupéré mes facultés de conduite.
Non, mon frère, je n’ai pas non plus vendu mon âme à Rome ou à La Mecque. Mes frères sont du genre humain. Tous mes frères, du premier au dernier, même si parfois avec le temps, leurs canifs se sont transformés en guillotines ou en lames de boucher à décapiter.
Regarde mon frère, ce que ma différence qui était aussi la tienne peut faire de nous. Ni des moines, ni des archevêques, ni des frères musulmans au gosier plein de haine, mais sans aller trop loin, simplement des hommes appliquant enfin un garrot à la folie sanglante, simplement des femmes libérées de leurs sangles, et rappliquant afin d’appliquer un baume sur les peines de sang, vides de sens.
Vois, mon frère bien aimé. Bois, ma sœur bien lésée, ceci est le godet que tout homme véritable n’a jamais laissé de côté.
Vois ce que je deviens, ce que nous avons rêvé autrefois, frère enfant, frères et sœurs. Il ne doit nous rester qu’une rivière pleine de lacs, qu’un lasso unisexe pour sauver l’Homme des cascades.
Les trains éloignent des hommes. Les traînes embaument les femmes.
Quelle mélancolie mon amour ?
Voyager pour ses peines, avoir peur de se noyer parce que l’âge ?
Reviens me voir un beau jour
Un de ces jours où tes peurs au lavoir ne trahiront plus ton linge en nage
Mon frère, ma sœur
Tu trembles encore au bout de tes phalanges et c’est ton cœur
Ma sœur c’est ton droit
Mon frère tes regrets sont déjà froids
Revenons par dizaines
Ou par milliards marchons dans nos pas
Mes sœurs, mes frères, mon amour
Il ne me reste que la mélancolie pour me battre
Et je le fais depuis toujours
Mes frères, mes sœurs, ne nous laissons pas abattre
Brassons à côté de nos amours
Aimez-les comme on se noie chaque jour
Au dernier instant de l’apnée
Un dernier coup de canif dans les filets autour
Un reste d’oxygène, une dernière bouffée
Un sacrifice humain pour l’humanité…
Cribas 07.03.2013
Ernest Pépin – Le vent m’a demandé

Le vent m’a demandé
Quelle est ton histoire
C’est une histoire de vents et de mers enchaînés
Une histoire de caravelles et de bateaux négriers
Une histoire d’îles volées et de cimetières d’eau salée
Le vent m’a demandé
Quelle est ton histoire
C’est une histoire de cannes et de jardins créoles
Une histoire de maîtres et d’esclaves tourmentés par l’histoire
Une histoire des couleurs du monde
Une histoire de peuples qui déménagent les greniers du monde
Une goutte d’île dans l’histoire des continents
Le vent m’a demandé
Quelle est ton histoire
C’est une histoire de crabes amarrés et de liberté
Une histoire des droits de l’homme et de femmes violées
Une histoire de citoyens à part
Une histoire d’îles à part
Le vent m’a demandé
Quelle est ton histoire
C’est une histoire de révoltes et de nègres marrons
Une histoire de langue que j’ai inventée avec des restes de langues et des étincelles de mer
Une histoire d’épices et de cuisine créole
(Toute chose brûlante au midi de la faim)
Une histoire de femmes sans ailes et d’enfants arc-en-ciel
Une histoire d’êtres humains à réinventer
Le vent m’a demandé
Quelle est ton histoire
C’est une histoire de salaisons
Une histoire de rhum et de sucre amer
C’est une histoire de marchandises importées et d’idées toutes neuves
Une histoire de cyclones
De mémoire de volcans
De gens contrariés
Une histoire d’île en somme
Qui cherche son chemin sur la carte des oiseaux-malfinis
Le vent m’a demandé
Quelle est ton histoire
J’ai répondu
C’est l’histoire d’un vent fou de colère contre des siècles d’histoire
Querbes, le 07 août 09.
D’autres textes de E Pepin, sur « recoursaupoème »
Café noir – ( RC )

photo: Giacomelli – Lucio Fontana
Le café tinte plus noir qu’un prêtre,
La soutane donne une corolle sombre,
Sur la place, les pavés blancs ordonnés
Se déplace, l’envolée noire
( c’est un homme)
sur le parvis d’une église
les pigeons noirs sont ses fidèles,
D’ailleurs, s’il les nourrit, comme Saint-François
la messe pourrait être dite dehors
– le temps s’y prête –
( nonchalant )
Déjà, les vélos sont de sortie,
Et de grosses autos noires.
C’est un matin à Catane,
ou un village de Sicile…
La panetteria vient d’ouvrir,
La manivelle et le rideau de tôle
dont le bruit répond aux cloches.
Le tourbillon du café dans ma tasse
Répond à sa cuiller,
Hommes portent chapeaux,
Femmes forment silhouettes,
Et s’affairent en noir,
Un ciel limpide s’étire
Et prépare la journée,
Dans ma bouche, le souvenir serré
Du café du matin,
Et des photos de Mario…
Je repose ma tasse.
RC – 8 septembre 2012 ( à partir de « lecture » de photos de Mario Giacomelli )

photographie: Mario Giacomelli
–
Robert Piccamiglio – Midlands – 01
J’apprécie beaucoup les textes de Robert Piccamiglio; Poète, il est aussi l’auteur de romans et pièces de théâtre…
Son grand récit « Midlands », fait écho – hommage, à son père, mineur…
en voici un court extrait… ( j’ai fait attention à respecter les retours de ligne).
———
Le matin quand je suis parti
Peggy dormait encore.
Ou faisait-elle seulement semblant ?
Mais quelle importance !
elle avait su se montrer si aimante
malgré la tristesse de ses yeux.
Avant de quitter la chambre une main sur la poignée’ de la porte j’ai fait un signe amical aux poissons multicolores enfermés dans l’aquarium.
Toujours en mouvement. Nageant silencieusement. Sans but.
Mais pourquoi dans le fond faudrait-il toujours chercher un but?
De Denvers nous avions filé dès le lendemain vers le Texas. Houston.. La ville près du désert.
De la fenêtre de l’hôtel je l’apercevais au loin. Charnel. Immobile. Mystérieux.
Avec ces dunes déployées
comme des ailes battant d’une mesure millénaire les promesses de l’horizon.
J’ai fermé les yeux
et j’ai pensé à des épaules dénudées
de femmes.
Ces femmes que nous avons cru aimer.
Ou était-ce nous-mêmes que nous cherchions
à aimer un peu plus à travers elles ?
Le matin la fille est sortie la première de la chambre. Je devais dormir. Ou je faisais seulement semblant