Marchant dans le néant – ( RC )
Avec l’apprivoisement du jour,
les étoiles s’enroulent
dans leur tissu lointain.
Tout est en suspension,
et je vois bien quelques figures,
qui clignotent encore :
la grande et petite ourse,
marchant dans le néant,
piétinant les anges,
avant qu’un bleu sans nuages,
envahisse le ciel,
et dilue le temps,
qui semble avoir
arrêté son mouvement,
sur la page
du manuscrit,
avec les dessins du zodiaque
étrangement liés avec les mois
de la terre,
pourtant , vu de l’espace,
une simple poussière…
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RC- sept 2019
–
voir aussi la représentation du zodiaque tel que l’a dessiné Albert Dürer:
Le miroir des pages – ( RC )
Je me suis regardé, à travers l’écho
de lignes écrites, et d’autres mots :
cela fait bien longtemps.
C’était comme remonter les heures,
et se voir autrement,
comme dans un miroir déformant,
mais qui garde les saveurs,
de la terre humide, et des vents .
Quelques uns m’étaient sortis de l’esprit.
Quand je les ai relus,
J’en ai été ému,
En étant un peu surpris,
comme si j’avais ouvert
une boîte, ensevelie sous la poussière,
où la mémoire patiente,
qu’il pleuve ou qu’il vente .
Mais cette mémoire m’a échappé,
elle rassemble des lignes,
pattes de mouches et signes,
restés couchés sur le papier.
Ce coffret ouvert, par distraction,
offerte à mes regards indiscrets,
cachait donc des secrets.
Je les ai ouverts, comme par effraction.
Les phrases se sont envolées ,
comme de la boîte de Pandore :
elles voulaient me dire quelque chose : je l’ignore,
mais sont restées sagement alignées.
Il est donc étrange , de parler à soi-même :
ainsi l’on se penche
avec des décennies de distance,
à relire des poèmes,
à retrouver des émois
des émotions et des pleurs,
et presque les odeurs
des sous-bois .
A propos, c’est comme la blessure,
qu’en son tronc, l’arbre supporte.
Même si ce sont des amours mortes,
le dessin du cœur perdure,
et est toujours en devenir :
quoi de plus banal,
de retrouver les initiales
mais qui ne cessent de grandir.
Ces empreintes volontaires,
ce sont des essais
qui ne partent jamais,
et ne peuvent se taire.
Il y a quelque chose de moi
Je ne saurai dire exactement quoi,
malgré le temps qui passe,
qui revient à la surface.
C’est le miroir des pages
d’où l’on se regarde
si on s’y hasarde …
on y voit son visage
Ou bien ce sont les écritures
qui nous guettent malgré l’oubli
Si on les relit,
on reconnaît notre figure .
Pourtant je racontais des histoires,
peut-être par défi,
qui n’étaient nullement autobiographie :
alors il faut croire,
que, même caché dans le noir,
au plus profond des secrets,
on dessine toujours son auto-portrait.
Cela remplace la mémoire qui s’égare.
L’espace s’est élargi
Je n’en connais plus bien les limites,
Cette écriture manuscrite,
est sortie de sa léthargie :
Au fil je vais me suspendre
à l’intérieur de moi et dérouler
les années accumulées,
et ainsi apprendre
à lire d’une autre façon :
Construire une stratégie
faire de l’archéologie
Explorer la maison,
retrouver d’anciennes graines,
qui n’ont pas éclos
Arroser l’arbrisseau ,
—- en faire tout un poème…
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RC – juin 2016
Des particules, s’éparpillent dans la fête – (RC )
–
C’est juste une portée du hasard,
Quand se perd le regard…
Il s’essaie au noir,
En reliant les étoiles,
Pour en faire des figures,
Celles que l’on trouve en peinture
Les constellations se bousculent,
Dans une longue suite,
Celle des années-lumière, en fuite.
Quels miracles lient les morceaux d’azur ?
Depuis longtemps basculés dans le sombre…
Je n’en connais même pas le nombre.
Des mondes entiers, des particules,
S’éparpillent dans la fête,
Etoiles filantes , et comètes.
Il ne reste de leur passage,
Qu’une légère trace.
…. L’instant suivant les efface .
Peut-être fourbues…
Dans l’espace inter-sidéral ;
Je me sens un peu perdu
A l’intérieur , même, de cette carte postale.
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RC- sept 2014
Le poing crispé sur les cartes – ( RC )
–
Tu tiens dans tes mains
Les cartes des jours,
Et disposes des atouts,
Des as et des figures.
Je ne sais encore aujourd’hui,
Ce qui compose ton jeu.
Nous n’avons pas voyagé ensemble
Assez longtemps pour que je devine,
Quelles étaient ces cartes.
Serrées dans tes mains closes.
On y lisait peut-être mon destin.
Tu t’es endormie des années,
Et, mon bateau abordant d’autres rivages,
Tu t’es réveillée sans ton image,
Oubliée quelque part,
Par inadvertance.
C’est alors que , desserrant ton poing,
Toujours crispé sur les cartes,
Tu t’es aperçue
Qu’elles étaient blanches,
Et qu’elles ne parlaient plus d’avenir.
–
RC – sept 2014

peinture: Lukas Van Leyden
Nanni Balestrini – Arianne 1

peinture Wolf Vostell 1967
arrêter impossible
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voir, toujours le beau site d’une autre poésie italienne…
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Brouillent les cartes ( RC )
- peinture: G de la Tour: détail du « tricheur à l’as de carreau »
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Brasser les cartes
Couper et distribuer
Chacun fait avec et poursuit son jeu
Avec , ou sans atouts, selon,
S’embrouillent les neurones,
Je ne distingue plus les figures,
Qui du valet, qui de la reine de pique
Celle qui s’appelle Rachel ou Arthémis
Rien ne laisse deviner l’issue du jeu
A voir les mains des autres qui tremblent
Le front qui sue
Et les chemises ouvertes … le pastis renversé
Robert, se lève, heurtant de l’épaule gauche
Les cadres des portes,après quelques verres,
Poker et stratégie
….de la partie ? où navigue la vie ?
– full aux as, impair et passe
– tierces et quartes,
Se brouillent les cartes…
– soirée entre amis –
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RC- 7 février 2013
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Alberto G – ( RC )
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Les figures debout
Attachées au socle
Ne se croisent pas
Bronzes filiformes
Hommes de l’absence
Le regard creusé
Les pieds soudés
A la terre glaise
Découpent dans l’espace
Et, de métal, la pâte verte
Leurs gestes immobiles
Parcours des doigts agiles,
de Giacometti
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RC – 22 décembre 2012 et 8 janvier 2013
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Un parcours avec Matisse ( RC )

peinture: Matisse, Capucines à la Danse II,,
Un parcours avec Matisse
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« Tout brille , tout chatoie
Tout est lustré, verni «
Et les couleurs toutes serties
Dansent encore des figures de joie
La danse, justement, s’anime,
Traverse la toile , en spirales
Gerbe de lignes, et trois tons qui s’étalent
Sans décor, d’aspect anonyme
Bleus et verts s’affrontent, lisses
avec des roses et orangés,
L’écho des odalisques, allongées
Des intérieurs fleuris, de Matisse

peinture H Matisse: intérieur rouge, intérieur jaune et bleu
Les bocaux de poissons devant la fenêtre
Voisinent des lignes arabesques,
Azurs teintés de rythmes, presque
Tout est verni, lustré, prêt à naître.
dessin : H Matisse : portrait de Marguerite
Mais aux portraits à la plume, en séries
Les formes jouent de lumière offerte
Et dialoguent, du papier blanc, ouvertes.
Le décor des motifs , le même que la tapisserie
Transmet à l’oeil son doute
Comme s’il faisait fausse route …
Dans les courbes et dans l’épure
Luxe, calme et volupté, point de lutte
Entre harmonie, enchaînement des volutes
Où la ligne ondule et s’aventure …
Puis la traversée d’un ciel, par les ciseaux,
Couleurs franches et gouaches découpées,
Savamment associées et groupées
Comme l’aventure migratoire des oiseaux…

Jazz- HM –
Jazz ( et rythmes déhanchés),
Bal des feuilles de figuier, détachées
Dans un autre espace , s’élance
L’art du peintre, par excellence.
NB les deux premiers vers » Tout brille , tout chatoie Tout est lustré, verni »,
est une citation de H Matisse lui-même.
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RC – 29 juin 2012
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Claude Minière – volume et profondeur de la peinture
volume et profondeur de la peinture
cette invention
architecture de vent
invocation
immobile comme le rêve
où nous entrons sans mal
passant les plans de lumière, légers
que nous portons sur le dos
(itinéraire)
qui nous portent
comme l’air
avançant vers le rêve d’une cité heureuse
couleurs dans la douceur
violence qui brûle en pigments
comme une douleur assouplie
plis déployés allégés des figures et des corps
ne seraient plus déments
(les gens ne seraient plus démentis)
XI, comment être heureux – E X T R A I T S de L u c r è c e,
voir Les Carnets d’eucharis N°12 – septembre 2009