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Pêche – (Susanne Derève) –


Pêcheurs à Kuala Besut ( Malaisie) – photo RC-
Dans les cheveux
une fleur de frangipanier
sur l'eau
un filet jaune comme le safran
pour pêcher les poissons du fleuve



extrait de Suite malaise : voyage Malaisie- Singapour ( Septembre Octobre 2022)

( voir partage de Susanne)


James Joyce – musique de chambre – XVI


photo Sylvia Alessi

XVI

Dis adieu, adieu et adieu,
dis adieu à tes jeunes jours,
Vient te séduire l’Amour joyeux
et courtiser ton jeune atour –
le corsage ornant tes façons,
Le filet sur tes cheveux blonds.

Quand tu entendras son nom porté
par les trompes du chérubin,
Pour lui commence à libérer
tout doucement ton jeune sein
Et défais doucement le filet
qui marque la virginité.

XVI


Bid adieu, adieu, adieu,
Bid adieu to girlish days,
Happy Love is come to woo
Thee and woo thy girlish ways –
The zone that doth become thee fair,
The snood upon thy yellow hair,

When thou hast heard his name upon
The bugles of the cherubim
Begin thou softly to unzone
Thy girlish bosom unto him
And softly to undo the snood
That is the sign of maidenhood.


Sabine Péglion – tu ne répares pas – 01


 

 

 

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Tu ne répares pas          à peine peux-tu             au fil des

mots     broder quelque étincelle        sur la trame des jours

Que saisir   de l’instant           pour abolir la blessure

de ses lèvres             Son sourire déchiré  si prés

de la rupture                    Tu ne répares pas

Ton regard cherche          au–delà        à transpercer le

mur       s’accrocher au sien            pour trouver   un chemin

Tisse       tisse        sans illusions         les mots sur la page

Parler       chanter          assembler        peu importe

Tu inscris        fil à fil              la douleur qui se brise

Sur la trame       tendue de couleurs       tu reprises

au mieux              Tu sais bien que rien

n’occultera la trace          L’aiguille  se faufile

insère un arc en ciel

Pour quelle alliance         En quelle espérance

Tu ne répares pas              Les mailles du filet

que peuvent–elles retenir             avec ce trou béant

Habiles les mains    circulent           tentent de resserrer

le maillage           Pour quelle      miraculeuse  pêche

Partir   alors            ne plus revenir             traverser

l’horizon           N’est-ce pas disparaître             Sous la

vague         la barque            s’enroule           le filet dérive

dans le bleu du sillage               Tu ne répares pas

Tu ne répares pas      le linge    lacéré

Éphémère végétation        Tu navigues      au-dessus

des cordes balancées      bien au-delà      des haies

Laisse       sans regrets      la violence du vent

à travers     les   déchirures        vibrer         s’engouffrer

disperser les nuages          Tu ne répares pas

Tout n’est que cicatrice         sur la peau de la

terre         Tu sais que pour      semer      il te faudra

trouver la faille obscure           déposer       les graines

recueillies en ces mots          avec tant de patience

Accepter    d’arracher        au passage      quelques ronces

Voir      enfin       s’épanouir      ces bouquets espérés

Avoines folles   de lumière    dentelées       accrochées   à la pierre

Se courbant       s’inclinant         se relevant         sans cesse

Multipliant           au vent        les rares étincelles

Tu ne répares pas        Tu façonnes        Tu transformes

Tu recueilles     Tige à tige       Fil à fil          Maille à maille

Ces mots éparpillés           Quelque ariette oubliée

Cavatine légère        accrochant         dans ses yeux

un sourire         un plaisir        le désir d’exister

 

***

 


Zareh Chouchanian – Tu cherches quelqu’un dans le miroir


 

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Je suis perdu dans un bois
Fait de pierre
De gens et de chair
Je suis ligoté dans un filet
Fait d’amour et de tendresse
Où je suis l’araignée
Et la mouche
Je pensais que je pouvais courir
Je pourrais voler
Je pensais que je pouvais mourir
Mais je ne pouvais pas

J’ai oublié qui je suis
Comment j’étais
Là où j’étais
De là où je suis
J’ai oublié de temps en temps

Maintenant, j’ attends
Que quelque chose se passe
Que quelqu’un arrrive
Pour me rappeler
Pour retrouver
Un nom
Un visage
Un endroit

Il n’y a rien
Tout est pareil
L’heure
L’espace
Juste un miroir plat.

Pour m’aider à sortir

Rien ne sera
Rien ne peut
Je ne vis pas
Je ne peux pas mourir
Je ne peux que crier
Pleurer
De plus en plus fort

Qui suis-je ?


LOOKING FOR SOMEONE IN THE MIRROR
I am lost in a wood
Made of stone
People and flesh
I’m tied up in a web
Made of love and tenderness
Where I am the spider
And the fly
I thought I could run
I could fly
I thought I could die
But I couldn’t

I forgot who I am
How I was
Where I was
From where I came
I forgot now and then

Now I’m waiting
For something to happen
Someone to come
To remind
To re-find
A name
A face
A place

There’s nothing
All the same
Time
Space
Just a plane mirror

To help me get out

Nothing will
Nothing can
I don’t live
I can’t die
I can only shout
Cry
Louder and louder

Who am I

( visible  sur le site de la poésie arménienne )


Au delà du fluide murmure de l’eau – ( RC )


peinture: aquarelle d’ Emile Nolde: demi-lune au- dessus de l’eau-

C’est penché par-dessus la barque,
Que je lance la nasse des idées.
Peut-être qu’un poisson me regarde,
Et souhaiterait lire,
Dans mon image,
Dressée,
De l’autre ôté de la surface.

Quelles seraient mes intentions… ?
De la soif et des rêves,
De faire que la pêche soit abondante
Certains diraient, miraculeuse …
Quantité de mots s’ordonneraient,
Certains mats, d’autres brillants,
Et porteurs des sons,

Ceux que l’on n’entend pas,
Si on ne franchit pas la surface,
Pour aller les chercher,
Au delà du fluide murmure de l’eau
Et de son propre reflet…
Un rideau mouvant, déformé
Par le soupir des vagues.

Elles ont leur propre langage,
Il me faut parmi elles,
L’interpréter, pour aller
Chercher mon propre récit,
Remonter le filet,
Me rapprocher de la côte …
Je m’en étais éloigné.

Maintenant, je l’écris.


RC- août 2014


Soleils de nuit ( RC )


peinture:       Otto Mueller –         expressioniste allemand

Soleils de nuit

Poussés par nos pas alignés
Sur la crête de tant d’ années
D’errance et d’insolence
A ne pas voir les soleils de nuit.

L’acharnement du survivre
A la faim et tempêtes
De sable, aura obscurci le nôtre
Notre regard limpide d’enfant

Porté en revers décisif
Se heurtant aux filets du court
Ou sortant des limites étroites
Du terrain de vie, en jeu

Il nous faudrait l’oracle,
La chamane du destin
Jardinier de l’infini,
La tête satellite

Pour traduire
Les leçons à venir
Devin de l’histoire en marche
Et prévenir le parcours des astres

Arrêtant dans leur élan
La chute des sources
Réparant blessures et drames
Incendies ravalés et flammes

Et aligner dans le bon ordre
Les numéros de l’espérance
Pour qu’au ciel on danse
Et qu’on rectifie le passé…

Mais la joie d’être mortels
De macérer dans nos défaites
Et de toujours tenir tête
Interdit de relire le manuel

De changer de mode d’emploi.
A chacun       de porter sa croix
Il n’existe          aucun raccourci
Pour voir de plus près les paradis.