Quelques pas de côté – ( RC )
Quelques pas de côté,
et me voilà, jonglant avec les quatre éléments.
Je m’élève sur un cheval ailé ,
sens le battement de coeur du monde
entre mes mains.
Un petit saut encore,
et je suis au milieu du firmament.
Je tire sur les fils de lumière ,
et ces ciels si changeants,
que je détourne la géométrie du temps.
Je suis parti te chercher,
et voyage encore sur des terres de hasard,
des chemins qui ne mènent nulle part,
et se retournent sur eux-mêmes ,
menaçant la voie lactée …
C’est que ton dessin m’emporte
bien plus loin que je ne pensais,
ton passage a dû s’inscrire dans les refrains
d’une chanson dont j’ignore les couplets.
A chaque pas que je fais, je m’y perds.
Je m’y perds encore.
Sylvia Plath – Je me croyais invulnérable
art: Raoul Ubac – le combat de Penthésilé
Je me croyais invulnérable,
Je me croyais à tout jamais
Inaccessible à la souffrance –
Bien défendue contre la douleur intérieure,
Le tourment.
Le monde était tout illuminé de soleil de mars
Mon esprit traversé d’éclats verts et or
Mon coeur plein de joie, et pourtant si sûr
De cette douleur douce et aiguë que seule cache
La joie.
Mon esprit volait plus vite que la mouette,
Qui sillonne les hauteurs à perdre le souffle
Et de ses ailes de grand voilier
Raye l’étendue faussement bleue
Du ciel.
( Comme le coeur de l’homme doit être faible,
Un pouls qui bat, quelque chose qui tremble,
Un instrument fragile et brillant,
Un instrument de verre qui un jour chante et
Un jour pleure.)
Et brusquement le monde est devenu gris,
L’obscurité a chassé la joie.
Et il n’est resté que le vide sourd et douloureux
Que des mains inattentives avaient touché
Détruit
Mon filet tout argenté de bonheur.
Les mains se sont arrêtées, interdites,
Comme elles m’aimaient, elles ont pleuré,
Quand elles ont vu mon firmament tomber,
En lambeaux.
( Comme le coeur de l’homme doit être faible,
Un pouls qui bat, quelque chose qui tremble,
Un instrument fragile et brillant,
Un instrument de verre qui un jour chante et
Un jour pleure. )
Sylvia Plath.
Bleu Klein – (RC)

Yves Klein: table bleue... visible sur le blog de présentation artistique, bilingue , de Alain Truong
–
Insensible vêtement de notre vie,
Sensible apparence de notre vide
Un poids de bleu infinitésimal
D’un léger inter-sidéral
Et les modèles de Klein s’étalent
Des bleus frottés qui s’emballent
Moulages du firmament
Drapés – sans vêtement
La couleur n’est froide, que si on plonge dedans
Ou si , – féroce – à mordre à pleines dents…
–
RC 16 avril 2012
–
En écho à J Michel Maulpoix:
« L’air que nous respirons, l’apparence du vide sur laquelle remuent nos figures, l’espace que nous traversons n’est rien d’autre que ce bleu terrestre, invisible tant il est proche et fait corps avec nous, habillant nos gestes et nos voix. Présent jusque dans la chambre, tous volets tirés et toutes lampes éteintes, insensible vêtement de notre vie. »

Préparer le "tampon encreur"
Yves Klein, l’artiste, qui disait ‘ les tableaux ne sont que les cendres de mon art »
–
et je complète avec la première partie du texte de JM Maulpoix, qui dit;
« Le bleu ne fait pas de bruit.
C’est une couleur timide, sans arrière-pensée, présage, ni projet, qui ne se jette pas brusquement sur le regard comme le jaune ou le rouge, mais qui l’attire à soi, l’apprivoise peu à peu, le laisse venir sans le presser, de sorte qu’en elle il s’enfonce et se noie sans se rendre compte de rien.
Le bleu est une couleur propice à la disparition.
Une couleur où mourir, une couleur qui délivre, la couleur même de l’âme après qu’elle s’est déshabillée du corps, après qu’a giclé tout le sang et que se sont vidées les viscères, les poches de toutes sortes, déménageant une fois pour toutes le mobilier de ses pensées.
Indéfiniment, le bleu s’évade.
Ce n’est pas, à vrai dire, une couleur. Plutôt une tonalité, un climat, une résonance spéciale de l’air. Un empilement de clarté, une teinte qui naît du vide ajouté au vide, aussi changeante et transparente dans la tête de l’homme que dans les cieux. »