Bernat Manciet – Parmi ce monde aérien le crépuscule
Image Ulla Gmeiner
Parmi ce monde aérien le crépuscule
se fait gouffre bleu puis jardin incendié
puis lampe haute puis flambeau des infernaux
par lande et par bruyère il se cherche un repos
le voici donc mon temps de mauvaise farine
mon lit s’en va avec le soir et le marais
où trouverai-je où se meure ma destinée mauvaise?
où m’endormir en remuant sur un mauvais sommier?
souffle ou songe ton rutilant fantôme
vainement cherche aussi un lieu de refuge
aux fins d’une dernière et triste flambée
une âme comme une carafe nette un angle aigu
où puisse un ciel de neige monter et se
retirer sur une épaule vaine et proche au ciel perdu
Emma Lazarus – Le nouveau colosse
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Le Nouveau Colosse
Pas comme ce géant d’airain de la renommée grecque
Dont le talon conquérant enjambait les mers
Ici, aux portes du soleil couchant, battues par les flots se tiendra
Une femme puissante avec une torche, dont la flamme
Est l’éclair emprisonné, et son nom est
Mère des Exilés. Son flambeau
Rougeoie la bienvenue au monde entier ; son doux regard couvre
Le port relié par des ponts suspendus qui encadre les cités jumelles.
« Garde, Vieux Monde, tes fastes d’un autre âge ! » proclame-t-elle
De ses lèvres closes. « Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
Tes masses innombrables aspirant à vivre libres,
Le rebut de tes rivages surpeuplés,
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête me les rapporte
Je dresse ma lumière au-dessus de la porte d’or !«
( ces dernières lignes rappelleront une actualité des déshérités de la migration subie )
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le texte original:
- Not like the brazen giant of Greek fame
- With conquering limbs astride from land to land;
- Here at our sea-washed, sunset gates shall stand
- A mighty woman with a torch, whose flame
- Is the imprisoned lightning, and her name
- Mother of Exiles. From her beacon-hand
- Glows world-wide welcome; her mild eyes command
- The air-bridged harbor that twin cities frame,
- « Keep, ancient lands, your storied pomp! » cries she
- With silent lips. « Give me your tired, your poor,
- Your huddled masses yearning to breathe free,
- The wretched refuse of your teeming shore,
- Send these, the homeless, tempest-tost to me,
- I lift my lamp beside the golden door!«
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C’est ce poème qui est gravé sur une plaque fixée dans le socle de la Statue de la Liberté.
Astrid Waliszek – ludion
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petit feu, ludion joueur,
à faire flamber le soir
à jouer avec l’écume
ma lampe de poche
les vaguelettes dansent
sous ton sourd flambeau
au loin le bateau de pêche
te prend pour un phare
petit jeu de nuit
à Trouville sous la pluie
sous les rires d’enfant
feu d’artifice, étoiles filant
minuscule joie, petite étincelle
dialogue sans paroles, un rien
une lame d’eau ondule
une frise se dessine
l’enfant regarde, l’enfant dit
les monstres sont couchés
tu peux t’arrêter, je l’ai vue
ta petite lumière dans ma nuit.
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photo Richard Vantielcke- voir son site
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Chaudes embrassades ( RC )

photo: Alanah Collier
Aux chaudes embrassades
Les bras élastiques,
Un corps qui bat la chamade
S’enroule tout en rythme
Et puis, quand il se penche
Participe à l’écriture…
L’espace ondule des hanches,
Mots rayés et mouchetures,
Justifie, s’il le faut, la tendresse
Par une danse improvisée….
Défaite, la chevelure, retenue en tresses,
Vous pouvez vous manifester par un baiser
Au coin d’une page pliée…
Trace de rouge ,sur la joue déposée,
De l’étage, franchir le palier,
Quelques phrases bien dosées…
Finis les propos mièvres,
Tu n’as qu’à ouvrir la bouche,
Donner du corps à tes lèvres,
Un emportement farouche,
— Et s ‘il faut qu’on se grise
Laisse toi donc approcher
Suivant les préceptes de l’église,
De l’originel empêcher,
Distinguant les parties nobles et dignes,
D’autres, à faire des envieux.
En suivant les consignes
Approuvées par Dieu
Mais en revenant sur la terre,
On peut s’en remettre à Saint Fouquin,
Pour soupeser les commentaires,
– ( dont on ressort un bouquin )
…. tu peux toujours le lire …
» Peccato non Farlo » est le thème
Le conseil, serait d’agir,
Sans recourir à l’anathème,
Encourager les fidèles,
Et aussi favoriser l’éclosion….
A couronner leur zèle,
Avec bénédiction.
Il faut encourager la natalité
Si l’on reste alité
Et que les sexes se rencontrent…
– ( tu veux que je te montre ? )
Ainsi jaillissent les étincelles
Entre les amants ravis…
Seront bientôt parents
D’enfants en ribambelle
Nouveaux papas et mamans
Se transmettent le flambeau de la vie…
C’est un cadeau de prix,
Et celui-ci, selon le prêtre, en reste honnête
Au père, le fils ( et le Saint-Esprit )
… s’il faut repeupler la planète….
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RC – 6 novembre 2012
PS: Peccato non farlo se réfère à un article publié dans courrier international, que l’on peut lire à cette adresse: http://www.courrierinternational.com/article/2005/02/10/allez-et-multipliez-vous
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