Anthony Phelps – Pour ceux que j’aime

montage RC
Dans ma cellule
pour une fleur
je donnerais un vers
Tout un poème
pour un oiseau
et pour la voix de ceux que j’aime
mon don entier de poésie
Anniversaire – (Susanne Derève)

.
à ma fille ,
*
Grand galop de printemps,
la course des jonquilles s’épuise
dans la prairie.
Les jaunes passent,
et les rouges entrent en scène,
fragile passacaille qu’entament les tulipes
au vent d’Avril,
le pur ovale de leur globe m’évoque
ton visage,
Fleur de 25 années ce matin.
*
Cees Nooteboom – Personnage –

.
La fleur de l’hibiscus dure une journée,
étoile de feu fugace dans la controverse
du ciel et du jardin, l’homme y est un corps
qui se défend, comme toute fleur.
Ce qu’il ignore : combien tout cela est vrai.
Est-il bien là, ce personnage
qui reste dehors dans l’ultime clarté des étoiles,
ne voit pas la fleur, se brûle
à la lumière froide et dans l’éphémère
matin ramasse des fleurs sur
une terre noire et cède devant la violence
du soleil ?
Le sens du deuil qui prolifère en lui
commémore un ami, une amitié
qui perd sa mesure
parmi tant de flétrissure.
Qu’est-ce qui reste là, un homme ou un poème ?
Le facteur en chemise jaune vient à vélo jusqu’à la grille,
conte le monde, délivre sa lettre
à un vivant, ne sait rien du deuil ou de l’âme.
Il voit les fleurs rouges à terre,
dit « il va faire chaud aujourd’hui »,
puis disparaît dans la lumière
et ce poème.
.
Le visage de l’œil
poèmes traduits du néerlandais par Philippe Noble
Actes sud
.
Marina Tsvetaïeva – une fleur épinglée à la poitrine

Une fleur épinglée à la poitrine.
Je ne sais déjà plus qui l’a épinglée.
Inassouvie, ma soif de passion,
De tristesse et de mort.
Par le violoncelle et par les portes
Qui grincent, par les verres qui tintent
Et le cliquetis des éperons, par le signal
Des trains du soir,
Par le coup de fusil de chasse
Et par le grelot des troïkas –
Vous m’appelez, vous m’appelez,
Vous – que je n’aime pas !
Mais il est encore une joie :
J’attends celui qui, le premier,
Me comprendra, comme il le faut –
Et tirera à bout portant
( poème écrit le 22 octobre 1915 )
Daphnis et Chloé échappés d’une planète – ( RC )

Un couple ailé s’est échappé de l’une d’entre elles,
faisant face à un oiseau qui tenait dans son bec
une sorte de grappe.
Un soleil imitant une fleur
a ouvert ses pétales jaunes
nourrissant la terre de sa chaleur.
Avec l’arrivée du soir l’une des planètes
a dû se poser sur l’horizon,
car les couleurs ont changé :
du vert et du mauve se sont emparés des collines,
les routes se sont dissoutes
les arbres ont bleui,
des temples ont basculé,
et même une chèvre s’est envolée,
désireuse de répondre à l’appel des êtres ailés,
juste avant que les pétales
ne se referment
sur un tiède crépuscule
précédant la nuit.
Pêche – (Susanne Derève) –

Dans les cheveux une fleur de frangipanier sur l'eau un filet jaune comme le safran pour pêcher les poissons du fleuve
extrait de Suite malaise : voyage Malaisie- Singapour ( Septembre Octobre 2022)
( voir partage de Susanne)
Lotus – (Susanne Derève )-

Un peu de terre, et le chaos des pierres que vient baigner le flot, rives,limons,rizières. Sous le sampan de bois, les lotus à fleur d’eau comme une peau légère et sur leurs tiges frêles, la jupe tendre des corolles, rose, translucide, d’où naît le poème ancestral, celui qui tient le temps dans ses filets, le porte jusqu’à nous en son précieux calice. Aux faces parcheminées, aux visages étoilés de sueur sous la paille, à leurs bouches édentées,je dérobe un sourire. Telle chaleur en deçà de l’ombrelle, la chanson filée de la rame en sourdine. Je ne trahirai ni l’effort ni le silence, ni la parole lente, je tairai les mots. Le bonheur est patience.

Alfonsina Storni – L’or de la vie –

L’or de la vie De la corolle noire de la vie Je fais souvent jaillir une petite étamine d’or. Je féconde des fruits, je ferme le calice d’or, Rit ma vie. Je redeviens noire. Mais dans la nouvelle vie Jaillit de nouveau la petite étamine d’or. Rit ma vie Lorsque viennent la toucher les papillons d’or. Noirceur, ensuite l’or Précieux de la vie. El oro de la vida De la corola negra de mi vida Suelo brotar, estambrecillo en oro. Fecundo frutos, cierro el cáliz de oro, Ríe mi vida. Vuelvo a ser negra. Pero en nueva vida Brota de nuevo estambrecillo en oro. Ríe mi vida Cuando la tocan mariposas de oro. Negrura, luego el oro Precioso de la vida.
LE DOUX MAL,
Alfonsina Storni
Traduction de Monique-Marie Ihry
Éditions Cap de l’Etang
Ashley – automne

automne
un jour sans vent,
au sommet de chaque fleur
un papillon
(Autumn)
A windless day —
On top of every flower,
A butterfly.
Comme chez Francis Bacon – ( RC )

Si c’est la chair abandonnée,
de peine, de joies, de rages,
l’éclairage cru, d’otage,
le sang égoutté
lentement dans la nuit,
cette grande baignoire
où la vie s’enfuit
d’un coup de rasoir.
Difficile ainsi de se représenter
en auto-portrait….
- plutôt se filmer là,
devant la caméra :
machine sans émotion
oeil indifférent
où s’installe l’espion
de nos derniers instants
( Pour ceux qui aurait du mal à le croire
en léger différé – vous pourrez revoir
la vidéo prise ce soir là ) :
une fleur pourpre s’étend
lentement sur le drap ,
- un bras pend
- et la lumière s’éteint
Bacon aurait pu peindre
cet évènement sur la toile:
une pièce presque vide
- un fond bleu pâle
- une sorte de suicide
sous un éclairage livide
cru dans son contour électrique
une ampoule laissée nue
( on dira que cela contribue
au geste artistique ).
Un corps semblant inachevé
aux membres désordonnés
exhibés comme dans une arène
livré au regard obscène
alors que , pour tout décor
l’air brassé par un vieux ventilateur
tourne lentement encore
dans d’épaisses moiteurs
La peinture a de ces teintes sourdes
comme enfermée dans une cage
On n’y rencontre aucun visage
c’est une atmosphère lourde
de senteurs délétères,
dont elle demeure prisonnière.
Même exposée dans le musée,
elle sent le renfermé …
Bernat Manciet – Sonet XI
Des voiles vont dans ton visage
vers le large sans âme et même
sans néant —se perdre
seulement et me perdre
bientôt tu ne seras plus
et que serai-je?
ta main se pose sur mes yeux
tu ne veux plus les voir
tu ne veux pas que je sache
où tu m’égares elle ne fait que passer
comme toi et depuis longtemps
tu étais et n’étais pas menteuse
fleur menteuse
ma mort parmi tes doigts.
Ne pas froisser l’air avec des certitudes – (Susanne Derève)

Imogen Cunningham – first magnolia
Ne pas froisser l’air avec des certitudes
Se garder immobile
Pour tenter de saisir la plus infime vibration de la lumière
le plus léger flottement dans l’air
le froissement imperceptible d’une aile de papillon
dont l’onde se répercute et fait vaciller un pétale
une corolle tremblante
poudrée d’un jaune cendre d’étamines
et pas de certitude qu’il s’agisse d’une rose
Quelque chose d’indéfinissable – ( RC )
Il y a quelque chose d’indéfinissable,
lorsque ta voix s’empare des mots
et les projette, haut dans le ciel,
un ciel
qui ne semble être fait que pour toi.
Et les voilà qui redescendent doucement,
– ainsi ces graines de pissenlit, légères,
celles en forme de parachute –
qui s’allient avec le vent pour se poser
comme des fleurs de neige.
Lorsque se forgent des lignes,
chaque flocon trouve sa place,
rejoignant leurs semblables
portés par une onde calme
naissant en toi.
Il y a quelque chose d’indéfinissable,
une évidence qui s’offre
comme les notes dessinent le chant
ravissant l’oreille de celui,
prêt à les entendre .
C’est un cadeau que l’on reçoit,
évident comme l’accord
entre le silence et la musique,
émanation discrète
du corps et de l’âme .
Le poème est une constellation,
et les mots, des étoiles
qu’un fil invisible relie :
toi seule en maîtrise ces atomes,
qui restent insaisissables .
–
RC – mai 2019
Rabindranath Tagore – cette enfant
photo Ayashok
Ce n’est encore qu’une enfant, Seigneur.
Elle court autour de ton palais , s’amuse, elle essaie de faire de toi aussi un joujou.
Elle ne prend pas garde ses cheveux décoiffés, ou à ses vêtements négligés
qui traînent dans la poussière.
Mlle s’endort sans répondre quand tu lui parles — la fleur que tu lui donnes le matin,
lui glissant des mains, tombe dans la poussière.
Lorsque la tempête éclate et que le ciel est plongé dans l’obscurité, elle ne dort plus;
ses poupées éparpillées sur le sol, elle s’accroche à toi, de terreur.
Elle craint de ne pas bien te servir.
Mais tu la regardes jouer en souriant.
Tu la connais.
Cette enfant assise dans la poussière est l’épouse qui t’est destinée;
ses jeux s’apaiseront, se feront plus graves, deviendront amour.
L’ép(r)ouvante – ( RC )
peinture – Frida Kahlo
—
Epouvante,
qu’il pleuve ou qu’il vente,
tu t’échappes des contes pour enfants,
et ris de toutes tes dents:
et si c’était une comptine,
on verrait luire tes canines …
Et encore, l’épouvante , chante
comme la cigale de La Fontaine,
mais trouves avec peine
l’hiver étant venu, ( air connu ),
où se loger dans les arbres dévêtus
que l’on sait trouver fort dépourvus.
Voila qu’elle a caché la lumière,
et qu’elle effraie la bergère,
avec des histoires de loup,
ou à dormir debout :
on peut presque palper la peur,
distinguer au loin le château la Terreur.
Pendant que tes pas s’égarent
tu erres dans les idées noires :
Si les arbres ont perdu leurs feuilles,
l’épouvante a répandu son deuil,
et les racines d’une forêt ingrate,
multiplient les croche-pattes .
La fontaine s’est refermée,
oubliée dans les ronces et l’églantier :
les fées sont capturées
pieds et poings liées
prisonnières
au coeur de l’hiver.
- Les eaux obscures m’ont bu
tu n’en as rien su :
je me suis noyé
dans l’eau glacée :
mes yeux te regardent
et ma peau est blafarde:
elle a pris les couleurs de la cendre
dans le long bain de décembre :
il m’a été ôté la joie :
nous n’irons plus au bois :
j’ai pris pour compagne l’épouvante ,
dans la forêt – – désormais je la hante.
Mais les années s’étant écoulées,
et tu m’as désormais oublié:
tu as délaissé tes terreurs d’enfance :
la vie a pris une autre consistance,
elle t’emmène vers d’autres horizons,
( c’est maintenant une autre chanson ) .
Tu as remisé toutes ces fadaises,
et t’en vas cueillir des fraises :
Cigale, cigale, il te faut rechanter :
les lauriers des bois ont bien repoussé !
la fontaine est garnie de fleurs d’églantiers,
… tu en accroches une sur ton chemisier…
Attention quand même aux épines :
elles sont restées assassines ! ,
voila qu’une fleur de sang grandit sur ta poitrine ,
alors… te revient en tête la comptine :
l’épouvante et la peur de mourir…
( je me rappelle à ton bon souvenir… )
–
RC – mars 2018
le spectre visible de la lumière – ( RC )
photo: Will Tenney
Bien sûr, nous respirons le jour
comme nous buvons l’eau .
La lumière s’est extraite de la nuit,
( ainsi une fleur éclose ) .
Le noir n’en est plus un,
et garde simplement une présence,
ramassé derrière les objets:
prêt à tout envahir
lorsque le soleil clignote,
ou s’étouffe sous le tissu des nuées.
Notre astre est seul et sans pensées,
sans concurrence immédiate,
il peut en prendre à ses aises
et nous faire transpirer,
s’il est suffisamment haut
d’autant plus proche
de la verticale de l’horizon,
fait se tourner les ombres
qui semblent le fuir,
– comme si elles le craignaient…
Les cadrans peuvent donner l’heure,
car on sait, ( sauf persistance des brumes ),
que les rendez-vous avec lui sont ponctuels:
sa trajectoire varie peu.
Les ombres vont donc dans le même sens.
Elles ne réfléchissent pas,
– contrairement aux eaux –
elles concentrent un peu d’obscur,
déportent ailleurs la forme des objets
auxquels elles sont attachées.
Il y en a même qui ont appris,
– dans leur fuite –
à descendre les escaliers,
mais il est rare quelles aillent très loin :
C’est qu’elles ont peur de se perdre
et de se dissoudre dans d’autres formes,
ou dans l’indéfini.
Elles restent légères,
encore davantage que la cendre ;
malgré leur opacité, et à jamais insaisissables.
C’est comme l’envers d’un décor :
le spectre visible de la lumière,
qu’on ne peut pas annuler .
RC- sept 2017
Pierre Mhanna – Mère de toutes les bombes
P Picasso – extrait de Guernica – main à l’épée brisée, fleur
Mother of all bombs…
I believe in the strength
of a small flower
Mère de toutes les bombes …
Je crois dans la force
d’une petite fleur .
Pierre de la Faille – Mort tuée
Vient le bull géant de Silicon Valley.
Il jette bas la plus haute cime de la sierra
où trône, nu-crâne, l’épouvantail
— les tibias croisés, une faux sur l’épaule.
Ici se scelle l’alliance du soleil de minuit :
lumière non-stop.
S’évaporent les relents du roussi et de cierge.
Passe le corbillard.
Où sont les clairons des remparts ?
L’électron quitte l’atome
IL se tient droit. ELLE sait.
On entend des mots sourds comme un orage lointain.
La fleur rouge de l’hibiscus ne fane plus.
F-R de Chateaubriand – les chasseurs ( de Atala )
Les chasseurs (fragment)
Chaque soir nous allumions un grand feu et nous bâtissions la hutte du voyage,
avec une écorce élevée sur quatre piquets. Si j’avais tué une dinde sauvage, un ramier,
un faisan des bois, nous le suspendions devant le chêne embrasé, au bout d’une gaule
plantée en terre, et nous abandonnions au vent le soin de tourner la proie du chasseur.
Nous mangions des mousses appelées tripes de roche, des écorces sucrées de bouleau,
et des pommes de mai, qui ont le goût de la pêche et de la framboise.
Le noyer noir, l’érable,le sumac, fournissaient le vin à notre table.
Quelquefois j’allais chercher parmi les roseaux une plante,
dont la fleur allongée en cornet contenait un verre de la plus pure rosée.
Nous bénissions la Providence ou sur la faible tige d’une fleur avait placé cette source limpide au milieu des marais corrompus, comme elle a mis l’espérance au fond des cœurs ulcérés par le chagrin comme elle a fait jaillir la vertu du sein des misères de la vie.
François-René de CHATEAUBRIAND
« Atala »
Jacques Dupin – Romance aveugle
–
—
–
Je suis perdu dans le bois
dans la voix d’une étrangère
scabreuse et cassée comme si
une aiguille perçant la langue
habitait le cri perdu
coupe claire des images
musique en dessous déchirée
dans un emmêlement de sources
et de ronces tronçonnées
comme si j’étais sans voix
c’en est fait de la rivière
c’en est fini du sous-bois
les images sont recluses
sur le point de se détruire
avant de regagner sans hâte
la sauvagerie de la gorge
et les précipices du ciel
le caméléon nuptial
se détache de la question
c’en est fini de la rivière
c’en est fait de la chanson
l’écriture se désagrège
éclipse des feuilles d’angle
le rapt et le creusement
dont s’allège sur la langue
la profanation circulaire
d’un bout de bête blessée
la romance aveugle crie loin
que saisir d’elle à fleur et cendre
et dans l’approche de la peau
et qui le pourrait au bord
de l’horreur indifférenciée
[…]
Monique L -Monolithes irrespectueux
un texte de Monique L, extrait de son blog poétique et pictural:
-La fleur et la pierre participent du même monde et pourtant elles ne sont pas du même genre. Au final, la pierre – toujours hors de portée- même lorsqu’elle s’éboule, écrasera toujours la fleur.
La fleur a vécu d’autres saisons, elle le sait. Elle ne comprend pas tout cela.
La pierre larmoyante de pluie ou d’humble rosée reste une pierre. La pierre roule à sa seule convenance , elle écrase sans façon. Que lui importe, elle est pierre, elle est fière et altière. La pierre s’érige au-dessus du lot commun , elle le clame dans l’azur à tous les dieux et elle se renie ( comme tout ce qui clame) sans vergogne dans les bassesses de ses dégringolades.La pierre se targue d’éthique mais elle méprise Sisyphe et offense le brin d’herbe . La pierre passe sans égards,dans un grand éclat de rire, elle plie et abaisse la fleur. La pierre est sourde ou aveugle ou muette ou trop sûre d’elle.
La fleur et l’herbe le savent, impuissantes, toujours vivantes. Elles ne comprennent rien à tout cela.
Astrid Waliszek – La faim de Mandelstam
–
Il est des jours – j’aimerais ne pas savoir qu’ils ont existé. Il est des nuits si noires à se souvenir de tout, de tout ce qu’on sait. De la joie lente devant une fleur d’hiver je voudrais garder l’ourlet, suave broderie à poser sur ce cauchemar comme un soupir.
Cette jacinthe, la planter en pleine terre
Sur son glacial pays rectangulaire – cette tombe, muette comme la pierre
Qu’enfin, l’odorante solitaire aux cent fleurs
Nourrisse ses songes de sa foison colorée
Dans sa brume opaque, un dièse sur une portée.
– plus d’infos sur Mandelstam
Reflet de fleur vive – ( RC )

photogramme: Moholy-Nagy
–
Regarde entre ses doigts,
Juste un espace,
Quelques fentes claires,
Où jouent des papillons de lumière.
Que fait-il de ses jours ?
Il dessine.
– Il dessine quoi ?
Juste ce qu’il voit, et imagine,
Ton propre reflet de fleur vive
Echappé aux heures,
Où se forment, sur ce carnet,
Ombres et traits.
Mais aussi entre ses doigts,
Glissent sur ton regard,
Nombre de ces gouttes,
Comme sur des feuilles lisses.,
D’autres courbes,
Qui se lisent entre les lignes.
Vont traverser ses yeux.
Il en surgit ton portrait.
–
RC- février 2014
Mireille Fargier-Caruso – Aller vers l’immense
–
Aller vers l’immense
Dès le lever du jour
Un impératif
Une urgence
Ces gestes qui les lient
Au delà de l’absence
Qui fondent l’essentiel
Pas à pas
Et puis l’odeur
Depuis toujours
Plus forte
L’odeur de terre de fruit de fleur
Couvrant celle des villes
L’odeur des paysages
Chaque printemps
Dans sa mémoire
Par-delà la poussière
La légèreté
A découvrir à colporter
L’indiscipline
–
Anémone – fleur des sables ( RC )
Une anémone attend.
Elle est sous la terre,
Laissant passer les caravanes,
Et les tempêtes de sable,
Dans un écrin de couleur,
Lorsque le soleil parcourt,
La courbe de la promesse des jours.
L’anémone attend son heure,
Voisine de déserts austères
Des montagnes berbères…
… Se cristallise alors le temps,
La fleur s’immobilise,
Et ignore l’heure exacte…
Les ombres s’allongent,
Sur la Kasbah
De Ouarzazate…
Où que portent les yeux,
Les îles d’oasis,
Cèdent la place aux étendues de pierres…
Au pas balancé des dromadaires,
La nuit pose ses étoiles,
Et parle à la terre…
L’anémone lui répond,
En offrant ses pétales d’éternité,
> Elle fleurit comme rose des sables.
–
RC – 27 octobre 2013 Marrakech
–
Sylvia Plath – mort et compagnie

photo: Calcutta en ombres chinoises
Mort et compagnie
Deux, en fait ils sont deux.
Cela semble tout naturel maintenant –
l’un qui jamais ne regarde en haut, dont les yeux sont recouverts
et ramassés comme des balles comme Blake l’était
qui exhibait sa tâche comme sa marque de fabrique –
la cicatrice brûlante de l’eau,
la nudité
Vert-de-gris du condor.
Je suis une viande rouge. Son bec
frappe latéralement : je ne suis pas son encore.
Il me dit comment je photographie si mal
Il me dit comment tendrement
les bébés paraissent dans leurs glacières
à l’hôpital, une simple papillote sur le cou
puis les sons flûtent de leurs robes mortuaires ioniques
puis deux petits pieds.
Il ne sourit pas, il ne fume pas.
L’autre agit comme ses cheveux longs d’un salaud crédible
se masturbant avec éclat.
Il veut être aimé.
Je ne bouge pas.
Le gel fait une fleur,
la rosée fait une étoile,
Quelqu’un s’affaire pour cela.
–

art: tableau de robes ( Anselm Kiefer )