Flocons – (Susanne Derève) –
Parfois, les flocons de neige n’atteignent pas le sol,
le vent les entraîne dans sa fougue
et je les imagine voguer éternellement entre ciel et terre
sans jamais se résoudre à mourir.
Mémoire ,
ainsi je te voudrais légère, inlassable vigie
pour conjurer l’absence.
Le soleil ne déçoit pas les mots – ( RC )
peinture: Albert Marquet: contre-jour à Alger
Je dépose sur la page quelques mots.
Il n’y a pas d’heure, pour ces quelques
flocons noirs éclairant le jour à leur façon.
Une promenade les déplace,
trois silhouettes s’en détachent,
le soleil ne les déçoit pas,
( je n’ai pas encore défini leurs ombres
et j’invente du sable sur une plage,
un port exotique qui n’existe pas encore ).
Je les accompagne
de quelques notes de musique;
elles se dispersent sur la rive .
Un rythme me vient.
Je l’accompagne d’une lueur matinale,
comme une incidence portée dans le texte .
Mon langage parfois m’échappe.
– je suis distrait de mes pensées –
Le bateau est parti sans que je ne m’en aperçoive.
–
RC – dec 2019
Laisser rebondir le soir – ( RC )
Tu laisses rebondir le soir :
la harpe d’ombres
accompagne ceux
qui restent sur place .
Comme un rituel,
à la même heure, ou presque
avant que le jour ne grise,
et que le verger
fasse semblant d’oublier
la lumière solaire.
Les ombres s’allongent donc,
impudentes,
et voudraient traverser
les êtres, aussi .
Elles les questionnent
sur leur devenir .
( C’est que se poseraient
les flocons de la nuit,
– encore épars – )
dévalant la pente du jour
dont les empreintes digitales
se confondent avec les ailes
feutrées des oiseaux nocturnes ,
qui en ont fait leur domaine .
–
RC – juin 2017
Sirènes de Syrie – ( RC )
peinture S Dali
Plantés au sommet du toit
des oiseaux noirs
figés dans la cendre
interrogent les limites d’un monde
où le ciel manque aux disparus
La télé bégaie
des programmes identiques,
que personne ne regarde plus,
et la belle saison ne fleurit plus :
mutante, en couleurs acides,
sur-saturées.
Les girafes sont en feu,
coincées sur l’horizon,
encombré de flocons noirs,
du cri des sirènes métalliques.
Ce ne sont pas celles
qui charmaient les marins de l’Odyssée.
Ou bien la traversée du temps
a transformé la légende
en autant de paroles vénéneuses.
Malgré l’odeur persistante du chlore,
des araignées voraces
étirent leur toile,
et se nourrissent des corps brûlés
abandonnés dans les rues.
–
RC – avr 2017
Le cours d’eau blanc, issu du sol – ( RC )

image virtuelle – visualparadox
–
Sous la neige empilée
Tu imagines creuser un tunnel.
Il s’enfonce petit à petit
dans les profondeurs.
Tu y rencontres des murs de glace,
où des pierres semblent suspendues,
et des sables colorés,
répartis en strates.
Les milliers d’années écoulées,
sont là, sous tes mains.
En fait, tu creuses dans l’hier,
Toujours plus loin.
Et remonter à la source…
( ce qui me fait sourire ) – une source :
Comme si elle avait un début,
Et un débit de cours d’eau.
Un cours d’eau blanc,
dont l’origine – de lents flocons,
Ne serait pas aérienne,
Mais issue du sol, même.
–
RC- fev 2015
Pierre Mhanna – Le désir de l’hiver est de glace
Le désir de l’hiver est de glace,
comme tes lèvres en lame de rasoir
courant sur mon corps
et avec des baisers en flocons de neige
infligeant leur pouvoir.
–
trad RC
–
Winter’s lust is ice,
like your razor blade lips
coursing my body
and with snowflake-kisses
inflicting their might.
Ahmed Mehaoudi – Si Proust n’avait pas écrit « à la recherche du temps perdu.
La plume vagabonde ( 2 ) – ( RC )
J’ai récupéré un morceau de papier
qui m’attendait là, où on n’attend plus
qu’un remous originel,
… et parfois longtemps,
qu’il fleurisse
… Mais en quelle saison était-ce déjà ?
Le don de la lumière
la couleur qui s’annule, en flocons,
autant les mots s’enchevêtrent,
et disputent à la nuit,
leur encre sympathique …
Il fallait contourner un rocher solitaire,
déplacer en un mouvement circulaire
ces graviers en nappes, étendus
à l’ombre des bambous,
agités par un souffle,
qui me fit d’écriture,
détachés du sol,
l’encre mouvante des nuages
d’étourneaux,
délivrés du souvenir de l’été.
Etant , des deux
( rocher et papier,
son ombre et l’esprit
en cavalcade ) – pris au geste,
le râteau ordonne les mots
comme ils viennent,
ou la brosse d’encre
effleurant la surface des choses, —-
———–Il n’y avait pas de choix possible,
plus d’envers et d’endroit
sur la feuille aérée prenant son envol,
au jardin de la plume …
Le texte s’est fait sensation,
et l’émotion image
Avec ( ou malgré) moi.
RC – 11 novembre 2012
la « plume vagabonde », a fait l’objet d’un « premier épisode », publié ici
…
Sempre0allegra – mesures électriques
ELETTRICHE MISURE – MESURES ELECTRIQUES
Flattée de tes germes trompeurs
Revêtue au contraire d’une ivraie noire
J’approche l’aube inquiète
Triste de t’abandonner maintenant.
Orpheline de tes merveilleux silences
Résonnants d’écriture,
Electriques mesures,
De cette conjonction littéraire
J’imagine le son, le gout
Respectant à la virgule
L’ordre des strophes ,
Me laissant toutefois sans repos
Tant je suis malade de toi .
—-
Scendo, fiocco coi fiocco dai nuvoli,
Appesa li, da una notte intera,
Lusingata da vostri germi falsi.
Vestita piuttosto da Loglio nera.
Avvicino l’alba irriquieta
Triste di lasciarti ora.
Orfana di tuoi stupendi silenzi.
Risuonante di scrittura :
Elettriche misuri
Di quest’amplesso litterario
Imagino il suono, il gusto,
Rispettando alla virgola,
Ordine di strofa ;
Ma non trovo riposo,
Ammaliata di te che sono!
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sempreallegra avril 2012