Tableau d’anatomie comparée – ( RC )

collage Frederick Sommer
Férus d’anatomie,
complétez votre tableau,
en disposant comme ici
des éléments fleuris
tout à votre avantage :
on découpera le cerveau
pour faire plus joli,
quelques glandes accessoires
à l’aspect mat.
Epinglées avec habileté
dans votre collage,
pouvant s’exposer
sur un fond noir :
couleurs délicates
avec dominante nacrée :
d’autres paraîtront bien plus belles
que les morceaux
encore tout chauds
et les autres organes
dont on ne détectera pas la panne.
Ces éléments non identifiés –
sont maintenant à l’état de choses
découpées par le scalpel…
Certains gardent leur aspect rose
entrant dans une composition
des plus élaborée
résultat de la dissection,
à conserver dans le formol
et une bonne dose d’alcool
( ingrédients de base,
comme il est d’usage,
dans le cabinet de curiosités)…
Fleur recluse – ( RC )
photo perso – Chanac
C’est comme un coeur
qui garde sa couleur
encore quelque temps :
il parle doucement
de ses quelques printemps
vécus bien avant .
– C’est une fleur à l’abri de l’air,
qui, par quelque mystère
jamais ne fane,
mais ses teintes diaphanes
à defaut de mourir,
finissent toujours par pâlir .
Détachée de la terre ,
elle est prisonnière
d’une gangue en plastique,
un procédé bien pratique
pour que la fleur
donne l’illusion de fraîcheur .
– C’est comme un coeur
qui cache sa douleur ,
et sa mémoire,
dans un bocal de laboratoire,
( une sorte de symbole
conservé dans le formol ) .
Une fleur de souvenir ,
l’évocation d’un soupir :
celui de la dépouille
devant laquelle on s’agenouille :
les larmes que l’on a versées,
au milieu des pots renversés .
C’est comme s’il était interdit
à la fleur, d’être flétrie :
elle, immobilisée ,
figée, muséifiée,
( églantine sans épines,
au milieu de la résine ) .
A son tour de vieillir :
elle va lentement dépérir :
le plastique fendille, craque
ou devient opaque :
les vieux pétales
cachés derrière un voile
entament leur retrait :
d’un pâle reflet
où les couleurs se diffusent :
la rose recluse
se ferait virtuelle :
– elle en contredit l’éternel –
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RC – nov 2017
Photo de « vue de l’esprit » – ( RC )
Imagine encore
un esprit sans corps,
c’est davantage qu’un fantasme,
pour entr’aperçevoir un ectoplasme…,
> tout ce qu’on invente :
les tables tournantes ,
et la convocation des esprits,
( s’ils en ont envie ),
Ils pourraient te parler
– ou garder leur bouche scellée – :
tout cela dépend
de quelques ingrédients,
( et juste ce qu’il faut de mystère
avec une cloche en verre ) :
les êtres trépassent,
mais le courant passe …
La photo a surpris
cet évènement fortuit :
c’est un instant unique ,
parcouru d’ondes magnétiques,
leur parcours aléatoire ,
avant qu’on puisse apercevoir
son image : ( attention
à la fragilité de la transmission ! ) :
C’est le visage d’un enfant,
apparu accidentellement :
rien ne le rattache au sol,
comme flottant sur le formol
retenu par des tubes blancs :
des vaisseaux vidés de leur sang,
d’où ce visage indéfini :
c’est ce qu’on appelle fort justement » une vue de l’esprit « .
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RC – dec 2017