Connais-tu la fin de l’histoire ? – ( RC )
photos perso montage – musée archéologique de Lisbonne
Connais-tu la fin de l’histoire,
puisqu’il en manque de grands morceaux ?
On peut toujours combler les manques,
en déduire des trajectoires,
en tout ce qui s’est perdu
dans la grande fosse de l’oubli .
Pour ceux qui vivent ici,
c’est au présent,
qu’ils cultivent leur jardin.
Leur origine s’est diluée
dans les générations.
Les racines de l’arbre vont si loin,
et se ramifient tellement,
que les suivre se fait en pure perte.
Ce qu’il en émerge est la partie visible
de l’iceberg des siècles.
Pour en revenir à celui qui cultive son arpent,
le voila qui remonte au jour
des fragments de marbre.
Un voisin en a trouvé d’autres.
Ce sont des mains finement sculptées,
qui tiennent entre leurs doigts
de drôles d’objets,
mais il manque le corps
auxquel elles correspondent.
Sauras-tu me dire ce que signifient
ces lambeaux d’une mémoire
à jamais enfouie
sous une épaisseur de terre ?
Nous en avions oublié, même l’existence
dans le désastre de l’abandon des aubes .
Celles-ci ne nous ont pas vu naître.
Peut-être que le vieux faune endormi s’en souvient .
S’il n’était pas de marbre, > il nous répondrait peut-être…
–
RC – juin 2018
Pierre Drano – Talus
Le fossé est une arrière-pensée
pas même un paysage.
Dans ses fenêtres, des fleuves entiers,
des ravins
des couleurs
et lui-même, un lieu tourné
par la terre.
*
Autre talus
Autre chemin que la terre creuse
Buissons de l’autre
Sentiers d’ici
Prairie. Prairie. Prairie.
et encore…
Talus
Quel mot d’absence.
Lambert Savigneux – sente
mais je crois qu’à force elles construisent une barrière de fer
à force de chercher à détacher l’air
à force de forcer la terre à lâcher l’air …
à force que l’air s’infiltre dans nos têtes
les paroles sous couvert
et les fossés
et l’habitude des bombes
finissent par ouvrir en soi
comme un chemin
par se retourner contre soi
contre la paix
le poids de l’enfance
d’un silence
et l’attente d’une rosée
ce sont nos yeux qui s’éteignent
le fer et les paroles qui ferment
les cris entament le corps
les rêves ne savent plus rêver
et l’esprit
ne parvient qu’à retourner vers les lieux de la blessure
alors peut être il ne faut plus chanter
il faut baisser les bras
ramener à soi le sol
et commencer à partir
loin d’une bouche close
vers cette ligne verte
qu’une voile te promet
et en chemin tout jeter à l’eau
pour une bouffée
l’espérance
et troquer son chapeau contre une semence de l’arbre
une senteur d’eucalyptus
une errance Rapa Nui
un sentier
et tout oublier
s’oublier
au fond du bleu de l’eau
–