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Articles tagués “fougères

Kenneth White – la porte de l’Ouest


L’échappée, ah – cette lueur bleu sombre
le long du fleuve puis
l’éclair d’ambre doré puis encore
la lueur bleu sombre tout le long du fleuve
( vieux rafiot noir là-bàs traînant
près d’un gros paquebot blanc )
et les nuages filant bas
au-dessus des vagues grises aux crêtes
écumantes ( ah cette courbe qui se brise ) et en haut
le vol noir des goélands

Puis les collines, fougères rousses entre-
mêlées et les ronces et les roses sauvages et
le houx rouge-sacré dans la neige
et les arbres dégoulinant de pluie –
marchant sur les chemins de glace bleue les
ruisseaux impétueux l’air mordant
et cette lumière d’une clarté folle
cette lumière abrupte angélique démentielle
qui fait surgir le monde dans sa nudité
réel toujours changeant clair-obscur perpétuel.


Métaphore d’un confinement – ( RC )


projet « Forest City » Malaisie

Le temps languit, étiré
en toute liberté,
croit-on…

Il n’y a pas de barreaux à nos fenêtres,
le cœur profane de la ville
est encore vide
et la pensée ne s’encombre plus
d’une pluie battante

les voix du monde
se sont arrêtées
sur une muraille de verre
car même l’orage est confiné
derrière une grande barrière :

il ne reste plus qu’à compter les jours,
détacher les brins de laine
pris dans la peine et les barbelés
de nos chemins.

Eux s’en vont bien quelque part,
retrouver les sommets,
les cheveux des fougères :

( peut-être qu’ailleurs coulent les rivières,

comme se rassemblent les larmes
d’une multitude de ruisseaux
à la suite d’un crime métaphorique )
emportant avec lui l’espoir
et les désirs avec le temps.

Le temps est toujours innocent.
Il ne connaît pas l’enfermement,
les murs de l’appartement.
Puisque tu es immobilisé…

tu peux toujours sortir de ta tanière
par la voie de l’imaginaire…


Seamus Heaney – Hélicon personnel


   
            à Michael Longley

Enfant, j’étais fou des puits,
Des vieilles pompes avec leurs seaux et leurs poulies.
J’aimais la chute noire des parois, le ciel captif, les odeurs
D’herbes aquatiques, de moisi et de mousse humide.

Il y en avait un, dans une briqueterie, au couvercle
De bois pourri. Quel délice, le claquement riche du seau
Quand il tombait droit au bout de la corde !
Si profond qu’on n’y voyait point de reflet.

Un autre, peu profond, sous un fossé de pierres sèches,
Grouillait de vie comme tout aquarium.
Quand on extirpait de longues racines de la gadoue
Un visage blanc planait sur le fond.

D’autres étaient pleins d’échos et mon appel me revenait
Chargé d’une musique nouvelle et claire. L’un encore m’effrayait.
Car là, du milieu des fougères et des hautes digitales
Un rat surgit qui gifla mon reflet.

Maintenant, fouiller dans les racines, tâter la vase,
Narcisse aux grands yeux, scruter le fond d’une source,
Ce n’est point là tâche d’adulte. Je rime
Pour me voir, pour que le noir résonne d’échos.

            (extrait du recueil de poèmes ( 1966-1984 ) paru chez Gallimard "du monde entier 1988 "



Norge – En forêt


Image
peinture Erich Heckel-  chemin forestier 1914. Hannover. Sprengel Museum

La fille au garçon
Parlait de façon
Si douce.

On dirait sous bois
Un petit patois
De source.

La main jeune d’elle
En celle de lui
Gîtant

Si frêle en son nid,
C’est une hirondelle-
Enfant.

Le meilleur de Dieu,
Des temps et des lieux,
C’est eux.

Ineffable, étrange
Façon loin des cieux
D’être anges.

Ne bougez plus, même
Pour baiser leur front,
Comètes.

Ça vaut bien la peine
Que les choses rondes
S’arrêtent !

J’exagère ? Ô doux,
Ce lit de fougères,
C’est tout !

Cet heureux cénacle
Est le seul miracle
Au monde.

L’amie et l’amant,
Tout le firmament
Autour !

Grondez-le, tambours :
On ne vit que pour
L’amour !


Rien ne sera comme avant – ( RC )


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sculpture:  tête  géante  des jardins Boboli (Toscane ) provenance  site: http://www.lumieresdelombre.com

A même la fleur,
Qu’un frisson effleure,
Les effluves se respirent,
A la façon du soupir
du jasmin rose .
Sa métamorphose
se poursuit jusqu’à l’oubli,
Au parc des jardins Boboli.

Une tête géante surveille
Les allées du sommeil,
Et s’extrait dans la douleur,
Du rêve brisé du sculpteur,
comme si le temple détruit,
retournait à sa nuit.

Les racines farouches,
issues de vielles souches
entourent, monotones,
les anciennes colonnes
évoquant la figure de plantes :
le décor de feuilles d’acanthe,
ainsi précipité au sol, roulé
… des siècles s’étant écoulés .

La jungle des fougères
envahit la pierre.
Le jardin d’abondance
sombre d’indifférence.
Nous sommes vers Florence,
un cheval ailé s’élance,

mais reste attaché au sol,
comme un symbole,
dont l’empreinte désuète,
devenue muette
d’un rêve dissous,
s’enfonce peu à peu dans la boue.

Le lieu retourné à sa solitude,
affiche sa décrépitude.
On voit même dans les bassins,
pousser des arbres assassins.
Des restes de troncs
ayant sombré dans le fond.

Les statues renversées,
étalent leurs membres blessés.
Personne ne venant à leur rescousse,
que le parcours des mousses.
On lit dans la pierre,
(en quelque sorte leur chair),
le frisson d’en finir,
avec leur passé pour avenir.

Rien ne sera comme avant,
comme nous le raconte le vent.


RC – dec 2015


En devenir … ( RC )


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Masque Ventral de Tanzanie

 

En devenir…

Les chairs enveloppées de fougères,
Ont des murmures clairs,
Qui repoussent les mers
Au delà- des lierres.

C’est un autre horizon,
Que tu portes en toi,
Cet enfant qui croît
Et sera peut-être blond.

Pétri de grondements,
Tes veines de murmures,
Disent les temps futurs,
Naissance et avènement…

Mais sa masse animale,
Nourrie de ton sang,
Se berce des avants
Et reviendra danser au bal,

Future d’indépendances
Aux heures lourdes, et lentes
Confiné dans l’attente,
Se prend soudain de danse

Dans les décors de rouges,
Ce tout petit fauve,
D’un incendie mauve,
Doucement se bouge,

D’un univers partagé, relié
A l’invisible outremer,
La navigation des chairs
Lui fait prendre pieds

Tu peux compter ses doigts,
Ses formes rondes, de haricot…
Si proche de ta peau,
Il n’est pourtant plus toi,

Si tu écoutes son être pousser,
Pour s’aventurer sans préavis,
Affronter les destins de la vie,
Vers laquelle il va s’élancer.

Au terme du voyage sommeil,
Porteur de tous les rêves,
A la mer immense, au coeur de sa sève,
Toute jeune bouteille…

Portée par les flots,
Une feuille blanche à écrire,
Toute sa vie en devenir,
Dont tu es le terreau…

RC – 15 juillet 2013

( sur l’incitation poétique  de Nath  ( bleu-pourpre) avec indocile – ancre )

 

 


Dylan Thomas – La colline des fougères


peinture: manuscrit ( art de l'Inde - Urdu), sur papier

peinture:         manuscrit   ( art de l’Inde – Urdu),      sur papier

 

Fernhill

(la colline des fougères)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Insouciant sous les pommiers en fleurs
Jadis, Je fus un enfant
Heureux car l’herbe était verte
Auprès de la maison joyeuse
Et la nuit recouvrait le vallon étoilé…
Ô temps, laisse-moi regrimper pour saluer toutes choses
Et recouvrer, glorieux, l’âge d’or de mon regard
Quand les chariots étaient carrosses
Et les pommeraies villes dont j’étais prince
Et que jadis, avant le commencement du temps,
Je gouvernais les arbres et les  feuilles
Et suivais, dans les rivières de la clarté,
Le sillage des épis et des marguerites.

Jeune pousse verdoyante, célèbre dans les granges,
M’approchant de ma ferme et de ma cour joyeuse,
je chantais.
j’allais dans le soleil qui n’est jeune qu’une fois.
Ô temps, que je rayonne sur le chemin de grâce,
Chasseur et puis berger, vêtu d’or et de vert.
Les veaux me répondaient quand je sonnais du cor,
Les clairs aboiements frais des renards des collines
Et tintaient lentement comme les cloches du dimanche
Tous les galets des saints ruisseaux.

Merveilleuse mélodie des jours,
les foins hauts comme la maison,
Le chant des cheminées,
le vent adorable dansant avec le pluie
Le feu, vert comme l’herbe
Et la nuit sous les simples étoiles,
Comme je glissais dans le sommeil
Les chouettes transportaient  la ferme au loin
Et j’entendais voler sous la lune
Bénies par les bêtes des étables
Les engoulevents avec les meules de foin
Et devinais l’éclair des chevaux dans la nuit.

Et puis me réveiller et retrouver la ferme
Comme un errant dans la blancheur de l’aube
Qui regagne enfin son pays,
Un coq perché sur son épaule.
Le monde était alors comme le jardin d’Eden,
le ciel venait d’éclore,
Le soleil de jaillir, tout comme au premier jour,
La pure lumière d’être tissée.
Les chevaux ensorcelés
Quittaient la chaleur hénnissante des étables
Pour la gloire des prairies.

Et honoré parmi les renards et les faisans,
Près de la maison joyeuse,
Sous les nuages nouveaux nés,
Et heureux tant que le coeur était fort,
Dans le soleil renouvelé,
je courais parmi les chemins insouciants,
Mes voeux lancés dans le foin
Aussi hauts que la maison,
Et je me moquais bien dans mon commerce avec le bleu du ciel
Que le temps n’accorde, dans son cycle mélodieux,
Que si peu de ces chants matinaux
Avant que les enfants verdoyants et dorés
Ne le suivent hors de la grâce.

J’ignorais en ces jours candides comme des agneaux
Que le temps m’emporterait bientôt dans ce grenier
Rempli d’hirondelles à l’ombre de ma main,
Dans la lune toujours montante
Et que, galopant vers le sommeil
Je l’entendrais voler par les moissons
Et m’éveillerais dans la ferme
Chassé à jamais du paradis de l’enfance
Oh ! Je fus un enfant rayonnant sur le chemin de grâce
Et le temps me retenait verdoyant loin de la mort
Tandis que je chantais dans mes chaînes
Comme la mer.

N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit

N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit,
Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;
Rager, s’enrager contre la mort de la lumière.

Bien que les hommes sages à leur fin sachent que l’obscur
est mérité,
Parce que leurs paroles n’ont fourché nul éclair ils
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.

Les hommes bons, passés la dernière vague, criant combien
clairs
Leurs actes frêles auraient pu danser en une verte baie
ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.

Les hommes violents qui prirent et chantèrent le soleil
en plein vol,
Et apprennent, trop tard, qu’ils l’ont affligé dans sa
course,
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.

Les hommes graves, près de mourir, qui voient de vue
aveuglante
Que leurs yeux aveugles pouraient briller comme
météores et s’égayer,
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.

Et toi, mon père, ici sur la triste élévation
Maudis, bénis-moi à présent avec tes larmes violentes,
Je t’en prie.
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit.
Rage, enrage contre la mort de la lumière.

(Dylan Thomas, « Vision et Prière » et autres poèmes, traduction et présentation d’Alain Suied, NRF, Poésie/Gallimard)

Fern Hill

Now as I was young and easy under the apple boughs
About the lilting house as the grass was green,
The night above the dingle starry,
Time let me hail and climb
Golden in the heydays of his eyes,
And honoured amoung wagons I was prince of the apple towns
And once below a time I lordly had the trees and leaves
Trail with the daisies and barley
Down the rivers of the windfall light.

And as I was green and carefree, famous amoung the barns
About the happy yard ans singing as the farm was home,
Il the sun that is young once only,
Time let me play and be
Golden in the mercy of his means,
And green and golden I was huntsman and herdsman, the calves
Sang to my horn, the foxes on the hills barked clear and cold,
And the sabbath rang slowly
In the pebbles of the holy streams.

All the sun long it was running, it was lovely, the hay
Fields high as the house, the tunes from the chimneys, it was air
And playing, lovely and watery
And fire green as grass.
And nightly under the simple stars
As I rode to sleep the owls were bearing the farm away,
All the moon long I heard, blessed amoung stables, the nightjars
Flying with the ricks, and the horses
Flashing into the dark.

And then to awake, and the farm, like a wanderer white
With the dew, come back, the cock on his shoulder : it was all
Shining, it was Adam and maiden,
The sky gathered again
And the sun grew round that very day.
So it must have been after the birth of the simple light
In the first, spinning place, the spellbound horses walking warm
Out of the whinnying green stable
On to the fields of praise.

And honoured among foxes and pheasants by the gay house
Under the new made clouds and happy as the heart was long,
In the sun born over et over,
I ran my heedless ways,
My wishes raced through the house high hay
And nothing I cared, at my sky blue trades, that time allows
In all his tuneful turning so few and such morning songs
Before the children green and golden
Follow him out of grace.

Nothing I cared, in the lamb white days, that time would take me
Up to the swallow thronged loft by the shadow of my hand,
In the moon that is always rising,
Nor that riding to sleep
I should hear him fly with the high fields
And wake to the farm forever fled from the childless land.
Oh as I was young and easy in the mercy of his means,
Time held me green and dying
Though I sang in my chains like the sea.

 


Enrico Testa – des temps concordants


peinture  John Singer Sargent - les gros rochers  du Simplon

peinture            John Singer Sargent –      les gros rochers du Simplon     aquarelle

dans des temps concordants, l’été,
bien qu’en des lieux différents
du même Apennin,
nous avons essayé, enfants,
de remonter les torrents
pour en trouver la source.

Il y avait une obscurité de sous-bois,
des fougères, un vert à peine plus intense,
un peu de mousse
et des pierres ruisselantes
et rien d’autre :
la déception de l’origine

elle suit un mouvement fluide et vertical
cette montée de la colline
tournant après tournant
vers le soir.

Même les assassins disent
que le vent de septembre est doux :
il nous pousse
parmi les oliviers et les cyprès
et il nous défend
jusqu’à l’anse neutre du balcon
qui sous le ciel gris clair
s’ouvre face à la mer.

Mais à présent, dans le noir,
nous sommes encore en quête
de ton aide :
nous t’appelons du jardin
cachés, par jeu, derrière le mur

sur le terre-plein de la voie ferrée
longeant le bois
les troncs des acacias
sont noirs après la pluie
comme des traits d’encre qui s’écartent.

Pâques est désormais le papier d’argent,
poussiéreux et pâli,
des oeufs, suspendu
aux branches des cerisiers.
Rubans qui miroitent dans le vent
et devraient tenir à distance
le peuple envahissant des merles

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . .(Pasqua di neve, Einaudi, 2008)

-Enrico Testa, comme   un certain nombre de poètes italiens  intéressants  –  et méconnus –  peut  être retrouvé  sur le blog d’une  « autre »poésie  Italienne…


Marie Bauthias – l’ombre des leurres ( extrait 03 )


 

art: Pierre Alechinsky & Karel Appel

 

 

le

 

 

 

 

 

 

printemps reste à boire
luire sans mots des bouches
de ceux qui partent
la plupart du temps
reviennent
le regard à la main des hautes fougères


Retrouver le chemin ( RC )


Même  s’il fait jour, quelque part, c’est une  fête nocturne
Un frôlement de gestes, des bonds discrets, et des yeux  habitués  à l’obscurité.
On a laissé au loin         , le bruit et la fureur,  le crépitement  du soleil sur les  chaumes
Pour  la cathédrale  de pénombre,

Où se glissent  de temps  à autre les bourdonnements  têtus d’avions,                             bien au-delà.
Il faut s’habituer  au rideau des bois, à la chevelure  mouvante, qui ondule au moindre vent, et
…  retrouver  ses repères.

Quand  tout  se  ressemble un peu, qu’il faut contourner les corps couchés d’ancêtres  écroulés,
Ecarter  des rideaux  de fougères, s’extraire  des pièges de ronces, la progression est lente.
Personne n’a jalonné le terrain,  n’a semé de temps en temps  des cailloux blancs, qui guideraient les pas.
Celui-ci et le suivant. La distance ( dont on ne peut dire  qu’elle  s’étire ), ne connaît pas la ligne  droite.
Le pied prend  appui sur ce qui n’est pas,  le terrain s’accidente et se heurte de temps à autre à des rochers instables,
suivis de pentes glissantes.

En attendant me voila progresser dans la fange, les mousses  cédant du terrain vers  l’humide.,sous les caquetages faciles
des oiseaux  exotiques, dont on ne distingue  qu’un passage  furtif,
La voûte de la forêt est une  explosion que l’on suppose verte,

Une  cloche végétale, fourmillant d’insectes, où chacun travaille  à sa survie.
Je dois  agiter  les  bras  en tous sens, pour tenter  d’échapper  aux moustiques, intéressés par ma présence insolite.
…en d’autres lieux  j’aurais pu croiser les corps écailleux  de reptiles en attente…

Mais ,             – je vois une  éclaircie  soudaine,                     un sillon clair partage la futaie….

j’ai  retrouvé  le  chemin.

RC –   7  octobre 2012

Ceiba_pentandra le kapokier fromager

 

Que je complète  avec l’article  de Lambert Savigneux: visible dans  « les vents  de l’inspire « 

 

ploie le temps ce qu’il en reste (remnants)

 

si l’ ours et l’humus des hêtraies

grise face de pierre polie et vingt sentiers  font une taïga d’hiver

vers une douce pas trop rude quand pas de plume

cree grogne ni rend shoshone



dans la huitième nuit blême bleue de loutre et mer

pluie que trois pour une soupe

j’outre

ni crire  ni rire même des crocs moins  que d’accrocs un  clos de cache à l’eau des brins d’ilots

mais ronger une branche sèche si bois sec l’eau crisse  fendue une coulée loir pousse de sève perce  dans le sens oblique

longue robe  libidinale

orignal ou nihil à ni male ni feu mêle ne leurre

et secoue s’en pour sang au  coude à coude comme si pioche mais  nickel dans les rockeuse bluese

une tête d’ourse s’entête à lever le paw à

l’émergence du soleil

car hiboux n’est pas putois ni castor une peau de daim affamée court pâmée

le poing levé au sol hérisse de poils pour luire

je dis  tranquillement s’ébrouer à la voix tachetée

 


Lionel Bourg – Hautes fougères


gouttes de pluie sur la vitre brouillée avec l’arbre


Ce sont de hautes fougères, encore.

Un peu de vase. La lie blanchâtre d’une illusion peut-être. Ou des apparitions. Ce qui demeure d’un rêve quand l’aube se livre à l’équarrissage des ultimes chimères.

Il faut écrire alors.
Tracer des lignes. Peindre, marbrer, scarifier le sol jusqu’à l’instant promis où, sans doute est-ce façon d’espérance, on poussera la porte, s’offrant à la caresse lente du temps.

Il faut aimer.

Crier. Accepter, refuser l’échéance.

Oublier. Partir. S’inscrire, ainsi qu’Aymerick Ramilison ne cesse de le faire, au sein de l’infini naufrage, l’infinie naissance du monde.

N’être que cet arbre, là-bas.

Le bruit obsédant de l’averse. Quelques copeaux d’azur. La lumière sur les feuilles des saules, des bouleaux.

Le charnier radieux du silence.


Là où mon pays te chante – ( du blog de bleupourpre )-



Viens,

Là _ Il y a

Ce chapelet de lumière

Que les doigts du ciel égrènent

Eternité capturée

Aux filets de la seconde.

Et l’oiseau

Détroussant de son chant

Les violons de l’air .

Viens

Là – Il y a

Le chemin de nos voix –

Des étendues jaunes

Débordant de jarres

Offertes à l’oeil du jour ,

Et des mers aux gants rouges,

Gémissant sous la clameur

Des aurores peuplées.

Viens

Là où mon pays te chante

Dans son apocalyse de syllabes

Où la tension des mains

Se décrispe

Et s’enroule aux baisers des fougères,

Entrelaçant

Les sentinelles vivaces

De la trame de nos sangs.

texte issu de http://bleupourpre.canalblog.com/archives/2011/04/index.html, avec l’aimable autorisation de Nathalie,  l’auteur…

photo   ; (  montage à partir de photos perso de cabanes de plage au Portugal. )