Jean-Pierre Balpe – Solo de flûte narh Rajastan

Là regarde elle elle a l’air fragile si fragile la regarde voudrait la toucher savoir si elle est de chair et de sang comme lui ou d’une autre matière voudrait la toucher ne cesse de la regarder toucher son cou son pied son ventre ses seins ses lèvres la toucher rien que la toucher pour voir pour être sûr sûr de ce quelle est être sûr que ça vaut le coup de penser à elle la regarder sans peur de la détruire ou même d’altérer simplement altérer l’équilibre subtil des teintes de sa peau depuis les si légers cernes violines qui soulignent la profondeur de son regard jusqu’à l’incarnat purpurin qui ferme les plis amplifie le relief de ses lèvres la regarde ne peut faire autrement la regarde se dit que le rose transparent peut-être transparent diaphane translucide oui translucide de ses joues comme celui plus ferme qui courbe ses épaules ne peut pas ne peut pas être réel qu’il y a quelque chose qui lui échappe sûrement quelque chose qui lui échappe que ça ne peut pas être vrai tout ça pas longtemps
Miguel Veyrat – derrière ta voix
peinture : Don Van Vliet
—raison qui s’embrase
parmi les rires et les jeux,
dans l’espace
de lumière noire je cherche
À renaître
—ou bien à naître sans mourir,
comme au moment
fragile de ton esprit
où tu me conçus
Et que devint
soudainement chant
la nuit infinie
—ta propre peur, ma propre
crainte de prononcer ton nom.
Une île de douleur – ( RC )
Une frêle île flottante,
une barque malmenée par les vagues
chargée jusqu’à ras bord
d’abandon et de douleur.
C’est une partie de pays
mise en quarantaine,
qui espère un jour
retrouver la terre ferme.
Epuisée des orages,
abandonnée par le soleil,
à chaque jour son naufrage
une barque prisonnière du destin
Comme un oiseau dans sa cage
livré aux éléments,
c’est une île fragile
sur la route de l’exil
La route de l’inconnu
juste derrière l’horizon :
Empire de la douleur,
le ciel a perdu ses couleurs.
–
RC – oct 2016
–
d’après Louis Aragon » Quarante »
Sylvia Plath – Je me croyais invulnérable
art: Raoul Ubac – le combat de Penthésilé
Je me croyais invulnérable,
Je me croyais à tout jamais
Inaccessible à la souffrance –
Bien défendue contre la douleur intérieure,
Le tourment.
Le monde était tout illuminé de soleil de mars
Mon esprit traversé d’éclats verts et or
Mon coeur plein de joie, et pourtant si sûr
De cette douleur douce et aiguë que seule cache
La joie.
Mon esprit volait plus vite que la mouette,
Qui sillonne les hauteurs à perdre le souffle
Et de ses ailes de grand voilier
Raye l’étendue faussement bleue
Du ciel.
( Comme le coeur de l’homme doit être faible,
Un pouls qui bat, quelque chose qui tremble,
Un instrument fragile et brillant,
Un instrument de verre qui un jour chante et
Un jour pleure.)
Et brusquement le monde est devenu gris,
L’obscurité a chassé la joie.
Et il n’est resté que le vide sourd et douloureux
Que des mains inattentives avaient touché
Détruit
Mon filet tout argenté de bonheur.
Les mains se sont arrêtées, interdites,
Comme elles m’aimaient, elles ont pleuré,
Quand elles ont vu mon firmament tomber,
En lambeaux.
( Comme le coeur de l’homme doit être faible,
Un pouls qui bat, quelque chose qui tremble,
Un instrument fragile et brillant,
Un instrument de verre qui un jour chante et
Un jour pleure. )
Sylvia Plath.
Ménagerie de papier – ( RC )
( un hommage à Tennessee Williams, et Chr Boltanski )
installation: Chr Boltanski
Petit zoo miniature,
de la ménagerie …
objets de prix,
en villégiature
deux par deux
se suivent à la queue leu-leu,
sur les étagères…
petites choses en verre…
Vous auriez pu choisir,
pour parader à loisir
entre deux pots de bière,
une autre matière:
celle un peu plus malléable
que l’on trouve sur la table,
juste des morceaux de papier,
que je pourrais plier.
Trente millions d’amis,
tous en origami,
certifiés d’origine,
occupant la vitine,
en état de marche:
tout le bestiaire,
à l’abri des courants d’air :
– une nouvelle arche.
Comment s’est-elle échouée là
à côté de la penderie,
la vitrine de la ménagerie
où se reflète le matelas
et deux ou trois caisses ?
les restes d’un naufrage:
l’arche après l’orage
( et toute la chambre en détresse ).
En fait, vous avez compris,
j’occupe mes nuits
à transformer les légendes,
en une sorte de sarabande,
où l’hiver se tient au chaud,
quand je découpe aux ciseaux
tout un parc arboré, et un zoo,
pour tous ces animaux.
Ce sont des rêves fragiles,
qui dérivent comme les îles
que je prélève dans un cahier
en faisant des bandes de papier :
promis à la déchirure,
où la part de l’écrit se disloque elle-même
on dira que les poèmes
trouvent une seconde nature.
Mais les rêves refusent de se faire attraper,
dragons et tigres de papier
ont pris leur indépendance
( quand le chat n’est pas là, les souris dansent ! ),
si on regarde toutes ces bêtes,
la nuit leurs ombres se projettent
sur le plafond
et comme il se doit, le manège tourne en rond.
Les corbeaux et les canards
partagent le cauchemar,
du cahier sur la table:
le château sera de sable
un souffle, une petite averse,
et tout se renverse,
sans même un cri,
( rêves en confettis ).
C’est la fin de la procession :
cela tourne à l’obsession:
le manège occupe maintenant la malle,
et tout ce petit monde s’emballe,
aussi, le matin, de bonne heure,
quand tout le monde semble dormir
je me transforme en inquisiteur,
et décide de l’avenir .
Ce sera bien un drame
quand je livrerai aux flammes
pieds et poings liés
ce monde de papier…
Souhaitons qu’une autre matière
puisse échapper à l’enfer:
Choisissons-la moins éphémère
– une ménagerie de verre fera l’affaire –
–
RC – août 2017
Sophie Lagal – Camille
sculpture: A Rodin – Maryhill museum of Art
Camille
Tu m’aimes, mon bel amant,
Ma fragile écorce,
qui t’implore.
Mon coeur orageux
qui te dévore.
Ma joie de t’aimer,
encore.
A la soie blanche,
je me suis endormie.
A tes caresses savantes,
je me suis abandonnée.
Voluptueuse.
Promesse d’une terre d’exil.
Orpheline.
Mon bel amant,
Reviendras-tu me lécher de tes étreintes.
Moi, douce colombe blessée
Aux ailes éperdues.
Reviendras-tu me sculpter aux nuits d’été,
déchirant le ciel de nos baisers,
défendus
Mon beau, mon rêve,
J’avalerai ma rage
au ventre dur.
Je t’attendrai,
au marbre, vaincue.
Je sèmerai les fleurs sur le chemin
pour que tu reviennes, brûler l’or de mes mains.
——–
Sophie Lagal, 8 Mars-13 Mars 2013
Dominique Sampiero – je retrouve mes larmes
peinture: Josef Sima
Je retrouve mes larmes comme mes propres enfants, le plus fragile de moi-même
ne m’effraie plus, au contraire, je me laisse envahir, et la pluie, au-dedans comme
au-dehors, lave ce que je ne sais ni de moi ni du monde, et qui me brûlait le cœur.
Dominique Sampiero
E. E. Cummings – dans le miroir
in the mirror I see a frail
man
dreaming
dreams
dreams in the mirror
dans le miroir je vois un homme fragile
qui rêve
des rêves
Des rêves dans le miroir
—
Brigitte Celerier – sur une photo d’August Sander
Je reprends une partie de son article visible ici,
Qui nous évoque cette photo d’August Sander :
Lutte contre le chaos ( RC )
–
Par le plus grand des hasards, tu es là,
A lire cet aujourd’hui,
Et si ta vision illumine l’instant,
Cet instant fragile,
De deux étincelles,
Ayant pu n’être ( naître ) ailleurs…
Deux espèces d’espaces
Ils se croisent,
Avant que l’ombre,
Ne boive la mienne,
Ou rejoigne les millénaires d’ombres,
Des couches de fatigue,
L’enchevêtrement, en tout sens, des pensées,
En épaisses strates,
L’humus
Peut-être , dont s’extirpe la plante,
Si les conditions le permettent,
Et que se multiplient branches et feuilles,
Comme les phrases portent leurs mots,
Buvant à leur tour la lumière,
Si la création lutte contre le chaos.
–
– RC – 9 août 2013
–
Ta voix franchit l’épaisseur de la nuit ( RC )
–
> Pourtant marchant dans une vallée d’ombre
Où aucune chose ne m’atteignait , cette vibration en moi,
L’onde de ta parole, toi que personne n’écoutait, et n’entendait
Je l’ai entendue, au travers de ta poésie torturée,
Les cris franchirent l’épaisseur de ta nuit,
L’oppression des vagues,
Sous leur fracas contre les roches
Noyant le sentiment commun, fermant les yeux à chacun,
> Mais pas ta voix…
Elle s’élève , au-dessus de la masse indistincte,
Comme un point lumineux, clignotant, fragile,
Mais têtue, … tel un phare vers lequel je me dirige .
–
RC – 20 mai 2013
Alain Borne – Dors ma petite fille

photo Tina Modotti
Dors ma petite fille
tandis que des couteaux ensemencent d’argent
l’horizon qu’ils meurtrissent
c’est dans si longtemps qu’il faudra mourir
la vie descend vers la mer de son sable insensible
Dors contre mon cœur fleur de mon émoi.
Laisse-moi parler de ma vie
il est tard chez moi, ma petite aube
il faudrait une horloge folle pour sonner mes heures
un jaquemart d’enfer.
C’en est fini de la jeunesse où l’amour est sans réponse ces mains qui chassent tes
cheveux contre la douceur
du vent ces lèvres de chanson et ce cœur qui t’apaise sont ceux d’un homme de la honte
Laisse-moi parler de ce pays où l’on va vêtu de fourrures où règne un froid étrange et des
gestes légendaires
Tu le vois luire comme un nord de neige grise
C’est là-bas que j’ai vécu entre le meurtre et le remords
c’est là-bas que nous irons poussés par
Dieu et par le sang et je te recevrai
parmi les autres loups comme une louve
Dors dans le soleil et dans ta chair fragile
personne encore n’attelle le traîneau
le moujik s’enivre à l’auberge des âges
et les chevaux sont encore libres au-delà de la terre
Mais je sais que le
Vieux malgré sa longue ivresse construira la voiture de ses mains ironiques et qu’il fera
pleuvoir une pluie de lassos sur le rêve de ces montures
Je vois déjà son ombre immense, je la connais
il vient pour toi, il prend mesure
comme pour ton léger cercueil
et fait claquer son fouet dans l’air illusoire
où naîtra l’attelage
Ton innocence peut dormir sur la blessure de mon
cœur les lys poussent le long des mares et leur blancheur se
retrouve sur l’eau sale devenue miroir
Hélas j’écoute dans sa prison mûrir ton sang rien ne me retiendra de délivrer son cours
quand ta pudeur dépaysée des landes épellera les brûlures de la vie
Dors petite aube, dans le murmure de mon chagrin
la vie est douce, la mort est loin
et les chemins vont sous les fleurs vers un
Dieu qui sourit aux prières des vierges
L’huile de la vie ne descend pas encore consacrer ta chair d’un sacrement maudit et je
puis te ravir de légendes en poudre plus réelles pour toi que l’histoire de demain
–
Alain Borne
–

photo Tina Modotti
–
Paillettes de beauté ( RC )

photo: Joce V ( voir son ensemble de photos sur flickR)
Un peu de beauté, en grains
Paillettes d’or flottant un instant dans l’air
Et s’y dessine ton sourire
En pointillés,
un lointain peut-être,
Mais un sourire,
Traversant les distances, les froidures;
Vois-tu cette beauté,
Celle que le froid justement,
Dépose en dentelles
De givre … à la robe grise de l’hiver,
Et qu’un bref sourire ,
Le soleil que tu m’envoies
Font de ces paillettes d’eau, autant de diamants ?
Un peu de beauté
Echappée au banal
Aux injures et insanités,
Et si précieuse,
Si fragile en ses cristaux
Qu’on ne peut la conserver,
Que dans son regard et son coeur…
–
RC – 9 février 2013
–
( écrit à la suite de la lecture de extrait de il(e) 4, de Agathe Elieva
–
Paolo Messina – Résurgence
— > article visible sur le blog de Sempre0allegra
–
E’ un tempo, una passione, un modo di andare, da un luogo di vita ad uno diverso,
l’andare, qui ora, segna un dolore,
le cose terrene, fragili accordi,
lavoro negato, dignità sepolta,
la felicità è perduta, la legalità muore;
ci lasciano l’ombra,desiderio di niente,
alziamo maree e lasciamo alle cose
il silenzo del mare;
elogio dell’ombra che porta la vita!
Paolo Messina
Serena pasqua di risorgenza 2011
–
… »lascia che l’altro sia quello che è….. »
Il est temps de sortir de l’ombre, le silence fétiche d’un pays fatigué, il est temps d’aimer notre pays »
RESURGENCE (1)
il est un temps, une passion, une manière de faire, d’un point à l’autre,
être actif aujourd’hui engendre des douleurs
les choses de la terre, ces accords fragiles
le travail refusé, notre dignité ensevelie
le bonheur est perdu, la légalité meurt
on sort de l’ombre, mais sans aucun désir
on soulève des marées et on les abandonne au hasard
le silence de la mer
louanges de l’ombre qui porte la vie
(1) réapparition
Paul Celan: – le poème – une bouteille jetée à la mer

dessin perso: oiseau au long bec et fenêtre, fait sur place lors de l'expo Odilon Redon, à Montpellier (musée Fabre)été 201————
extrait de la page: http://www.maulpoix.net/textoffert.htm
« Le poème, en tant qu’il est, ——-oui, une forme d’apparition du langage, , et par là, d’essence dialogique, le poème peut être une bouteille jetée à la mer, abandonnée à l’espoir -certes souvent fragile- qu’elle pourra un jour, quelque part, être recueillie sur une plage, sur la plage du coeur peut-être. Les poèmes, en ce sens également, sont en chemin : ils font route vers quelque chose. Vers quoi? Vers quelque lieu ouvert, à occuper, vers un toi invocable, vers une réalité à invoquer. » Paul Celan “Discours de Brême”
les » Icare » d’Alice ( de rêves d’écriture)
Alice dans son blog http://revesetecrituresdalice.over-blog.com/
nous offre ses variations sur le mythe d’Icare...
La chute d’Icare
A l’approche du soleil rougeoyant
Les battements désordonnés de tes ailes
Apportent le froid dans ton cœur, du vide annoncé
Proche des flots noirs
Se désarticule ton corps vulnérable
Tes bras se tendent vers l’éternité.
–
Alice
———
—
Vendredi 19 février 2010
L’envol d’Icare
La Terre quittée, à l’ombre des bras-ailés
Se tend ton corps fragile vers le ciel azuré
Loin du flamboiement mortel
Une douce chaleur attise ta quête de liberté
Les lents battements d’ailes grisent
Ce voyage vers l’éther
Alice
voir aussi l’article précédent ( sur Apollon et sa concurrence à Icare)…
Pour Juliette En Résonnance : L’envol d’Icare
–