José-Maria Alvarez – Le fruit d’or, lointain
Pour Carme Riera,

Les nuits où brille la lune
je me promène dans mes jardins
sur le port, je contemple les étoiles
et la mer calme.
Ah comme elle me rappelle Alexandrie,
l’air apporte les mêmes
arômes et la même fraîcheur,
et parfois j’imagine que sous mes yeux
ce sont ses rues joyeuses qui dorment.
Que sera devenu Phila ? Qui jouira cette nuit
de son corps que je désirai tant ?
Mon cœur est encore ouvert
à sa grâce adolescente,
je peux encore sentir sa bouche sur mon corps,
ses attitudes infantiles,
la musique de ses bracelets résonne encore
à mes oreilles et console mes nuits.
Pourquoi accepter qu’elle aura,
comme moi, vieilli?
Ni les dieux, ni la nuit ne la ramèneront.
Mais elle vit dans ma rêverie,
je peux en elle retenir ces heures-là.
Et fixer pour toujours dans mes vers
l’éclat de son corps presque impubère.
- extrait d’une parution dans la revue Apulée _2016
Des étoiles miniatures – ( RC )
Et la nuit s’étend partout,
sur les collines, les rivières,
les forêts et les déserts.
Je m’étends sur le sol.
Les herbes devant moi
oscillent dans la fraîcheur du matin,
à peine visibles dans le ciel de velours noir.
Il y a toujours des astres qui scintillent
et dansent dans leur feu d’artifice.
Elles semblent soudain si proches,
qu’on pourrait les croire à portée de main.
D’ailleurs en voila qui zigzaguent,
dans une trajectoire imprévue
et clignotent en dansant .
Ce sont des lucioles,
comme des étoiles miniatures,
dont la lumière se dissout peu à peu
avec l’arrivée de l’aube.
–
RC – mai 2017
Emmanuel Malherbet – Reste-t-il un peu du nord ?
Reste-t-il un peu du nord ?
Où te tiens-tu
toi
sur le fil tendu
de l’été ?
des jours et des jours
et le ciel n’arrange que du bleu
et cogne
et tape en blanc sur les façades blanches
et toi
dans quel repli de fraîcheur
et d’ombre claire ?
dis
comment traverses-tu les nuits
si les nuits
aussi se figent et luisent ?
reste–t-il un peu du nord
où se cacher
—
Emmanuel MALHERBET est publié aux éditions Wigwam