Cathy Garcia – Sol y tierra
le vent
entre chien et loup
la lune cachée
dans le haut tilleul
la douceur
léger frisson
imperceptible
sortilège
les démons de gouttières
miment le combat
quatre ombres
apparaissent
disparaissent
froissent les herbes
le val de mes seins
invite à la balade
et ma pensée va à l’homme.
mais dieu siffle mon âme
comme on siffle un chien
et mon âme danse
une joie
soûle d’espace
solitaire
sol y tierra
et le vent aussi
et le vent.
Marc Exavier – L’espoir est un soleil impair
Lithographie: Georges Braque: soleil et lune II ( 1959)
( extrait des « chansons pour amadouer la mort)
L’espoir est un soleil impair
Un frisson volé aux miroirs
L’espoir est une ruche folle
Une ruée de clignements
Une rumeur aux gras de sel
Une marée mure de sang
L’espoir est un chemin aveugle
Un désespoir qui se recharge
Un écho qui choisit les mensonges
Un gisement de ciels
L’espoir est un fleuve qui rêve
Dans le soir fumant de la soif
L’espoir est une légende confuse
Où l’amertume fermente et soigne
Son goût de cendre et de tumeur
J’habite mes ossements
Cœur à chaos nageur soluble
Une erreur qui crée ses calculs
La vie est un soleil aveugle.
–
On peut lire d’autres extraits ici…
Philippe Delaveau – Les monts bleus
peinture : Morgan Ralston
–
Les monts bleus et le ciel songeur.
Toi
Dont les yeux ardents sont
L’abri du ciel et des monts.
Source, frisson, tristesse, joie.
Je baiserai de ma langueur
Ta bouche.
Je vois les mots se former
Dans tes pupilles, sur tes lèvres.
Et je respire ton haleine.
Je me raccroche à la vie,
Je sais l’existence du monde
Lorsque je tiens ta main.
–
in (Le Veilleur amoureux)
Soleils des gongs – ( RC )

photo: commémoration de l’anniversaire du Bouddha – Indonésie
–
Le frisson, soudain prend de l’amplitude,
Le soleil des gongs, s’élargit .
Proche. On pourrait presque le palper.
Ses rayons fusent dans l’espace
Et se posent sur les ors des Bouddhas.
–
Le temple est sérénité…
Même l’encens est immobile .
Il plane, comme brume d’automne,
Sur l’assemblée agenouillée,
Qui médite …. – orange .
–
RC- juin 2015
Daniel Varoujan – La terre rouge
( poésie arménienne )
Sur ma table de travail, dans ce vase,
repose une poignée de terre prise
aux champs de mon pays…
C’est un cadeau, — celui qui me l’offrit
crut y serrer son cœur, mais ne pensa jamais
qu’il me donnait aussi le cœur de ses ancêtres.
Je la contemple… Et que de longues heures passées
dans le silence et la tristesse
à laisser mes yeux se river sur elle, la fertile,
au point que mes regards y voudraient pousser des racines.
Et va le songe… Et je me dis
qu’il ne se peut que cette couleur rouge
soit enfantée des seules lois de la Nature,
mais comme un linge éponge des blessures,
de vie et de soleil qu’elle but les deux parts,
et qu’elle devint rouge, étant terre arménienne,
comme un élément pur que rien n’a préservé.
Peut-être en elle gronde encore le sourd frémissement
des vieilles gloires séculaires
et le feu des rudes sabots
dont le fracas couvrit un jour
des poudres chaudes des victoires
les dures armées d’Arménie?
Je dis: en elle brûle encore
la vive force originelle
qui souffle à souffle sut former
ma vie, la tienne, et sut donner
d’une main toute connaissante,
aux mêmes yeux noirs, avec la même âme,
une passion prise à l’Euphrate,
un cœur volontaire, bastion
de révolte et d’ardent amour.
En elle, en elle, une âme antique s’illumine,
une parcelle ailée de quelque vieux héros
si doucement mêlée aux pleurs naïves d’une vierge,
un atome de Haïg, une poussière d’Aram,
un regard profond d’Anania
tout scintillant encor d’un poudroiement d’étoiles.
Sur ma table revit encore une patrie,
— et de si loin venue cette patrie…—
qui, dans sa frémissante résurrection,
sous les espèces naturelles de la terre
me ressaisit l’âme aujourd’hui,
et comme à l’infini cette semence sidérale
au vaste de l’azur, toute gonflée de feu,
d’éclairs de douceurs me féconde.
Les cordes tremblent de mes nerfs…
Leur intense frisson fertilise bien plus
que le vent chaud de Mai le vif des terres.
Dans ma tête se fraient la route
d’autres souvenirs, des corps tout rougis
d’atroces blessures
comme de grandes lèvres de vengeance.
Ce peu de terre, cette poussière
gardée au cœur d’un amour si tendu
que mon âme un jour n’en pourrait,
si dans le vent elle trouvait
le reste de mon corps (devenu cendre,
cette poudre en exil d’Arménie, cette relique,
legs des aïeux qui savaient des victoires,
cette offrande rouge et ce talisman
serrée sur mon cœur de griffes secrètes,
vers le ciel, sur un livre,
quand vient cette heure précieuse
de l’amour et du sourire
à ce moment divin où se forme un poème,
cette terre me pousse aux larmes ou aux rugissements
sans que mon sang ne puisse s’en défendre,
et me pousse à armer mon poing
et de ce poing me tenir toute l’âme.
traduction : Luc-André Marcel
Dessein de modèle ( RC )
Quelques petites feuilles, je dois bien en avoir
Y a pas à chercher très loin….. je crois savoir
Que le ramage- vieil hibou – rime avec plumage
Que déjà mes mains t’entourent —- en douce cage
Aussi, si le mistral, en chantant sa chanson
t’a effeuillée , ce n’est pas grave , – revoilà les bourgeons
Que je peux faire en peinture suggérer, plante arrosée
D’aquarelle, couleurs rafraîchies, couperosée
Magicienne aux chouettes, cigognes et autres oiseaux
Voila une autre création, qui sort de mon chapeau
Contre moi, viendras te blottir, si tu frissonnes
A ma chaleur, —- ce n’est que début d’automne…
A te faire sortir des pages, tes textes
Sans frisson aucun dans un autre contexte
Allongée, déhanchée, toute la courbe de tes seins
Fleurira l’abricotier de vie; je te créerai en dessins.
RC – Avril 2012
Patricia Grange – Ennui en estampe chinoise
peinture chinoise atelier churchill
Ennui en estampe chinoise
C’est une goutte
De peinture grise
Qui coule le long
D’une feuille de vie
Au bord du même
Pinceau
Sans jamais
S’arrêter
Sans rien dessiner.
C’est une larme
De froid
Qui roule
Eternellement.
C’est un vide
Palpable.
C’est le café noir
De l’obscurité
Que l’on coupe
Au couteau.
C’est l’absence
De couleurs
D’odeurs
De sons
Où tous les sens
S’éteignent
Comme des étoiles
Jetées dans l’eau
Avec un frisson de râle.
(Patricia Grange)
– Patricia Grange est à l’origine de son site poétique » les jardins de Mariposa »
–
Planter ses yeux dans l’au-delà (RC)
—
J’ai planté mes yeux
Dans un bout de ciel
Je ne sais s’il était bleu
Ou couleur de miel
J’ai vu au-delà, un rayon d’ange
Qui passait par là, une de ses ailes
Qui avait de l’or, et de belles franges
C’était peut-être une demoiselle
Sortie des nuages, sur son matelas
L’ange me souriait, sans vanité
Me faisant un signe, de l’au delà
La tête en bas, ignorant la gravité
Et la physique de Newton…
Oui, celui des pommes…
Un ange vêtu de neige
Echappé de son manège
Donnant la lumière
Sans saveurs d’hier
Ecartant des orages, le bruit
Et du sombre, la nuit
Dessinant un tracé d’avenir
Sur une terre naissante
Grande-offerte à son sourire
Que peut-être j’invente
Car, en regardant mieux
En dessus d’horizons
Je n’ai vu de radieux
Qu’un sourire en frissons
Mais je l’ai gardé, comme une buée
Sens dessus-dessous, la tête à l’envers
En voulant aussi, le distribuer
La terre en a soif …
—
RC 24-03-12
—
I pitched my eyes
In a piece of sky
I do not know , if it was blue
Or honey-colored
I saw , beyond , a ray of angel
Passing by, one of its wings
Dressed in gold, with beautiful fringe
Perhaps was it , an angel-girl ?
Out of the clouds, on a mattress
The angel smiled at me, without vanity
Making me a sign to me , from the heaven
Head down, ignoring gravity
And Newtonian physics …
Yes, the one of the apples …
An angel dressed with snow
Escaped from his carousel
Giving light
Without flavors of yesterday
Dismissing storms, noise
And from the dark, the night
Drawing a path for the future
On a emerging land
Great offered to her smile
Maybe …. I invent ….
Because, looking better
Above, In horizons
I have just seen , bright
A smile , in chills
But I kept it , as a mist
Turned upside down, head upside
Wanting to deliver it
So thirsty is the world .
–
–