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Xavier Bordes – Enluminure noire et or


Avec le soleil du soir      une étoile est tombée dans le vase en cristal      où s’ennuient      sur la table de la terrasse       des fleurs apportées le jour de Noël par des visiteurs amis

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La table elle-même      est recouverte d’un plexiglas qui reflète       à la manière d’une flaque d’eau      le feston inversé des frondaisons       serties dans l’ambre doré du ciel       au ras des monts bleus

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Des étages de longs cirrus clairsemés       s’étirent de l’est à l’ouest      minces et clairs      eux reçoivent encore       la rougeur du soleil disparu       Un alphabet noir de tourterelles      ou de corbeaux

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s’envole vers le sud      vers la mer indigo      en emportant, me dis-je, les derniers espoirs de la journée      Il est à peine cinq heures      et déjà le crépuscule assombrit la chambre où je m’active

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L’étoile s’est éteinte      dissoute dans l’eau du vase      C’est à peine si je devine mes mains      qui travaillent au noir      Peut-être la nuit qui se densifie dehors entrera-t-elle flairer mon encre

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Reconnaîtra-t-elle      dans ce bâton chinois orné d’un dragon d’or      la matière qui      frottée au creux de la pierre reï avec quelques gouttes du ruisseau voisin      parfume d’ambre gris toute l’atmosphère de la pièce ?

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Alain Paire – images d’un fleuve


Lignes rompues par rien que poussière,
captives sans rêve, les voix.
Pareilles à des corps de mendiants
(la nuit, on les voit sur les quais,
ils cherchent le sommeil).

Derrière les vitres jaunies de l’atelier
le peintre reste silencieux.

Courbées leurs silhouettes de voyageurs
font le geste de boire.

(Les dieux gardent muettes leurs images,
des écritures se défont
dans les prières de l’aube.)

Tandis que l’homme redescendait au plus près de la rive,
la cendre grise s’allégeait.
Fraîcheur d’un reflet sur l’eau,
sur son chemin les frondaisons bougeaient doucement ,
tout semblait pouvoir être absous.

 

 


Poème des rosées ( en réponse à Xavier Lainé)- RC


peinture: Nesch Rolf  oiseau tombant   1939

peinture: Nesch Rolf               oiseau tombant           1939

Il est ainsi ton chant d’oiseau,
Qu’il parcourt les espaces,
Et sans deviner sa trace,
Particules de poussières et mots

Tu traverses frondaisons obscures,
Verticales de béton,
Hautes collines et monts,
Et roches les plus dures,

A venir, aux esprits déposées,
Un message, un poème
Exposé, sans théorèmes,
Dans la fraîche vapeur des rosées.

RC   – 2 juillet 2013

–  en réponse  à Xavier  Lainé: dans ses  chroniques  de la poésie

et que je pourrais  compléter  aussi par cet extrait de Marie-José THÉRIAULT,

Sur le papier tes lignes bleues formaient des mots que je n’ai pas compris très vite tant ils dansaient, des oiseaux ont chanté, je ne les avais jamais entendus, l’un d’eux secouait même de très belles plumes, ce n’était pas encore tout à fait ça mais on aurait presque juré que se levait un matin jaune.


THÉRIAULT, Marie-José, Invariance suivi de Célébration du prince, Le Noroît, 1982.


G M Chenot – Au toucher ou à l’ouïe


photo perso:             marché de Guelwongo, Burkina Faso,  village  frontière avec le Ghana

 

 

 

AU TOUCHER OU A L’OUÏE

 

 

L’Afrique en bandoulière

Et les yeux émerveillés

Par de tant de couleurs

Ou de nuances de noir

 

La lumière en héritage

Comme la douceur d’un fardeau

Qui s’évapore en souriant

Dans l’ombre des frondaisons

 

Et cette voix de femme ensorceleuse

Dont on fait des miracles

Des baisers ou des caresses

Dans la saveur de l’instant

 

 

écrit provenant du riche  blog poétique  de GMC