Xavier Bordes – Enluminure noire et or

Avec le soleil du soir une étoile est tombée dans le vase en cristal où s’ennuient sur la table de la terrasse des fleurs apportées le jour de Noël par des visiteurs amis
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La table elle-même est recouverte d’un plexiglas qui reflète à la manière d’une flaque d’eau le feston inversé des frondaisons serties dans l’ambre doré du ciel au ras des monts bleus
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Des étages de longs cirrus clairsemés s’étirent de l’est à l’ouest minces et clairs eux reçoivent encore la rougeur du soleil disparu Un alphabet noir de tourterelles ou de corbeaux
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s’envole vers le sud vers la mer indigo en emportant, me dis-je, les derniers espoirs de la journée Il est à peine cinq heures et déjà le crépuscule assombrit la chambre où je m’active
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L’étoile s’est éteinte dissoute dans l’eau du vase C’est à peine si je devine mes mains qui travaillent au noir Peut-être la nuit qui se densifie dehors entrera-t-elle flairer mon encre
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Reconnaîtra-t-elle dans ce bâton chinois orné d’un dragon d’or la matière qui frottée au creux de la pierre reï avec quelques gouttes du ruisseau voisin parfume d’ambre gris toute l’atmosphère de la pièce ?
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Alain Paire – images d’un fleuve
Lignes rompues par rien que poussière,
captives sans rêve, les voix.
Pareilles à des corps de mendiants
(la nuit, on les voit sur les quais,
ils cherchent le sommeil).
Derrière les vitres jaunies de l’atelier
le peintre reste silencieux.
Courbées leurs silhouettes de voyageurs
font le geste de boire.
(Les dieux gardent muettes leurs images,
des écritures se défont
dans les prières de l’aube.)
Tandis que l’homme redescendait au plus près de la rive,
la cendre grise s’allégeait.
Fraîcheur d’un reflet sur l’eau,
sur son chemin les frondaisons bougeaient doucement ,
tout semblait pouvoir être absous.
G M Chenot – Au toucher ou à l’ouïe
AU TOUCHER OU A L’OUÏE
L’Afrique en bandoulière
Et les yeux émerveillés
Par de tant de couleurs
Ou de nuances de noir
La lumière en héritage
Comme la douceur d’un fardeau
Qui s’évapore en souriant
Dans l’ombre des frondaisons
Et cette voix de femme ensorceleuse
Dont on fait des miracles
Des baisers ou des caresses
Dans la saveur de l’instant
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écrit provenant du riche blog poétique de GMC
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