Rythme, lignes, thème et variations – ( RC )
peinture H Matisse
Une pulsation persiste,
malgré soi.
C’est un motif répétitif,
comme celle de ces frises
Sur le fronton des temples grecs,
mais qui s’offre quelques détours .
Le battement d’un coeur
Que l’on oublie,
Une basse continue
sur laquelle la trame
de la symphonie concertante
prend tout son appui.
Un rythme régulier,
qui se fond dans l’arrière-plan,
– métronome contrebasse,
soutenant la cantate,
dont on devinera le centre
en tendant mieux l’oreille.
Un ange parcourt les firmaments,
on peut suivre son échappée,
( pas le froissement des ailes ) ,
qui pourtant décrit
l’envolée de ses courbes,
Elles s’appuient sur le ciel .
Ainsi les arabesques
dessinées dans la couleur,
ou les spirales enroulées,
jouent chacune de leur accord,
avec l’évidence d’une danse
dans les tableaux de Matisse.
Le temps est une aire indéfinie,
qui s’étend sur la toile :
points et surfaces
relient les lignes entre elles….
Thème, fugue et variations,
Mélodie et contrepoint.
Vois comme le coeur
est, lui-aussi, une musique !
Son battement
est celui d’un tempo,
transformé en courant,
en cascades:
Le flux d’un ruisseau,
inscrit ,
en lettres invisibles,
sur chaque page,
de la partition , son rythme
se combine aux autres:
Une grande portée,
la mesure de la vie :
Une passacaille où le sang
donne le sens:
Celui qui permet de mieux respirer
la couleur des choses.
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RC- juin 2015
Philippe Delaveau – Jean-Sebastien Bach
peinture : Fr Kupka
JEAN-SÉBASTIEN BACH
Au commencement et à la fin de la phrase,
c’est ton visage qui attend vieux maître et ton regard
sous la chandelle au grenier – presque aveugle.
Avec ces bruits d’enfants nombreux entre querelle et rires
dans la maison comme une fugue où se perd
le nom dilaté par les voix de musique,
de tant de signes sur les cinq traits où ta main s’est posée.
L’été qui a mûri les fruits et l’harmonie du monde
offre un répit sur le gué de l’accord au vaste hiver.
Le fil de soie de la mélodie élabore
un chemin sombre et clair sur les décombres
du thème au préalable inscrit et simple
au blason gris des bémols ou des dièses.
Avant l’épuisement de ses détours et la résolution
sur le clavier d’ivoire de la tonique.
Ici ta main rature de sa plume : Seigneur
si ton Nom est grand et pauvre, mon espérance.
Que la joie qui redescend de la voûte avec les cors
et les voix d’anges. Mais dimanche s’approche.
Il faut dans l’harmonie ingérer l’air et que le souffle
illumine un chemin vrai du cœur au cœur.
Puis un accord résout longuement au point d’orgue
le commencement à la fin de la phrase.
Son nom secret d’une musique, Philippe Delaveau, éditions Gallimard, 2008.
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