Le prunus de Fukushima – ( RC )

Loin du tsunami,
et des accidents nucléaires
survit de façon insolente
un prunus, qui n’a avait jamais produit
autant de fleurs.
Les tours des banlieues ont été désertées,
et les rues abritent des courants d’air.
On peut y voir parfois
les bateaux renversés,
éventrés, drôles d’épaves urbaines,
des poteaux brisés dont les cables
se sont enchevêtrés,
pris dans des blocs de béton.
Le prunus, lui, survit.
A le voir, on croirait
que les tempêtes n’ont jamais existé.
Il est passé aux actualités,
a enrichi les pages des magazines étrangers.
Personne ne vous a dit,
que ses fleurs étaient vénéneuses.
« Jouer » à l’apprenti sorcier – ( RC )
Caricature de Escaro
–
C’est une photo où une vedette
pose avec avantage
devant le dernier modèle de la marque.
On pense tout de suite à la dernière voiture
dont la ligne fluide
évoque puissance et raffinement.
Mais j’ai devant les yeux
une photo d’époque,
où le Général De Gaulle, – en tant que président,
prend la pose devant le Redoutable,
premier sous-marin nucléaire,
à Cherbourg.
Avec cette parole en image, plutôt qu’en publicité,
– il s’agirait, comme l’on dit maintenant
de communication –
– ce qui quelque part se ressemble,
puisque l’étymologie nous indique bien :
il s’agit de rendre quelque chose public.
Ici, c’est « montrer ses muscles » :
une page d’actualités,
qu’on verrait bien,
dans les magazines à sensations .
Le Général appose le cachet
de son prestige et de sa fonction.
Mais il semble en même temps absent
et désabusé,
Comme si la finalité même du « sujet »
lui échappait.
( un jouet géant, construit à coups de milliards,
mais dont l’usage serait » redoutable » – d’où le nom ) .
Redoutable pour les autres:
Il s’agit bien d’un fleuron de la défense,
mais redoutable pour nous-même, aussi :
Si, par exemple pour des raisons diverses,
on interprète mal les ordres venus d’en-haut,
ou simplement: le mode d’emploi.
Un jouet évoque bien un jeu…
Le jeu en vaut-il la chandelle ? :
C’est jouer avec le feu,
Et chacun sait que le feu nucléaire, même pacifique
( En pensant seulement à Tchernobyl et Fukushima ),
Peut avoir des conséquences que l’on ne mesure même pas.
L’homme n’est pas né, pour jouer ( encore ),
à l’apprenti sorcier.
–
RC – juin 2015
Ile d’atomes ( RC)

affiche du film "pluie Noire" d'après le roman de Masuji Ibuse
–
C’est une île fantôme
Peuplée de courants d’air
Et venins de vipères
Désertée par les hommes
Vagues aux reflets diamantés,
C’est une longue suite
D’errances et de fuites,
Sur la mer démontée
C’est une ville fantôme,
Peuplée d’activités mortes-nées
D’usines sinistres abandonnées,
Au bourdonnement des atomes
C’est un pays haut en tensions,
Hanté par ses tombes
L’éclair d’une bombe,
Soumis aux radiations.
C’est un avenir bien morne
A l’empoisonnement lent
D’une terre qui attend
Un futur difforme
Qu’on laisse dériver
Au gré de l’océan
Quelque part dans le néant
Pour ne jamais arriver…
——-
It’s a phantom island
Inhabited by air streams
And vipers venoms
Deserted by men
Waves ,with shimmering diamond
This is a long suite
On the vagaries and escapes,
Upon the rough sea
This is a ghost town,
Full of still-dead business
On claims abandoned factories,
To the hum of atoms
It is a country with high voltages,
Haunted by his graves
The flash of a bomb,
Subjected under their radiations.
This is a very dull future
A slow poisoning
In a land waiting
A distorted future
Left to drift
At the will of the ocean
Somewhere in the nothingness
To never arrive …
—-
( en relation avec les évènements subis ou portés par le Japon: Hiroshima, Fukushima, et l’ouvrage « pluie noire » du roman éponyme de Ibuse Masuji et porté à l’écran par Shōhei Imamura ).
In relation with the Japan’s events like Hiroshima, Fukushima, and the novel of Masuji Ibuse » black rain »…
( see the movie with the same name of Shohei Inamura)
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RC 22-03-2012
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L’île aux images – Remember Fukushima
Tikopia, avec son tout nouvel article: (Remember Fukushima)
by Xavier G.
Ma vie n’est qu’attente, j’aime méditer où que je sois, il me suffit d’un peu de silence et d’un beau paysage, je m’assoie et je ne pense plus à rien, c’est une parenthèse, un moment à moi, je rêve, je réfléchis, je me laisse aller à mes états d’âme, sans risque d’une remarque, d’un jugement, d’une compassion maladroite, je m’identifie au grain de sable qui voyage dans le désert ou à la plume qui se détache d’un oiseau, ces instants peuvent être violents quand je prends soudain conscience de quelque chose ou quand je me rappelle d’un disparu, ces derniers jours je pense au Japon, à Fukushima, le sentiment d’absurdité et de néant est encore plus intense, alors ce matin en hommage à tous ces prisonniers du rien, à tous ceux qui affrontent là-bas une menace invisible, j’ai gonflé ces ballons pour les lâcher et ainsi apaiser un peu leurs douleurs.