Leopold Sedar Senghor – To a dark girl
Photo: Denise Bellon
Tu as laissé glisser sur moi
L’amitié d’un rayon de lune.
Et tu m’as souri doucement,
Plage au matin éclose en galets blancs.
Elle règne sur mon souvenir, ta peau olive
Où Soleil et Terre se fiancent.
Et ta démarche mélodie
Et tes finesses de bijou sénégalais,
Et ton altière majesté de pyramide,
Princesse !
Dont les yeux chantent la nostalgie
Des splendeurs du Mali sous ses tables ensevelies.
Paul Bergèse – Au gré des galets
Au repos de la plage
les galets apaisés
tendent leurs joues
à la caresse de la vague.
Couleurs soleil ,
les galets du Verdon,
portent encor des odeurs
des goûts et des musiques.
Souvenirs d’enfance.
Neige, vent, pluie, soleil ,
torrent , rivière et plage.
Combien de souvenirs
dans la vie du galet ?
Mais son visage lisse
est toujours impassible.
Une aventure vibre
au profond du galet.
Musique de fontaine
où s’abreuve un poème.
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Eric Vuillard – Qu’est-ce que c’est, un fleuve ?

photo: Jan-Joseph Stok
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Qu’est-ce que c’est, un fleuve ? Un peu de boue et beaucoup d’eau.
De l’eau.
Cette chose qui coule.
Il y a, dans un fleuve, une multitude de vies et de morts, de chemins, une multitude de galets, de sable, de rochers, et tout ça se soutenant seul et formant une grande cicatrice où l’eau coule.
Et puis il y a les rives. Au-dessus de ce que nous sommes en secret, il y a les rives, où le fleuve quelquefois déborde, emportant tout ce qu’il peut, mais qui sont d’habitude libres, dans la lumière.
extrait de « Congo » voir les » notes de lecture »
L’Ave Maria – ( RC )
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Le ruban de musique
Se déroule
Au fil de l’archet.
Ce sont des couleurs amples,
Qui sentent le bois mûr,
Où les cordes chantent,
Et les doigts dansent.
Un chant s’élève, doux,
Au contre-bas d’amour,
En arpèges se posent,
Comme les vagues le portent,
Ouvrant de futurs horizons,
S’arrondissant comme galets,
Aux accords du piano.
L’offrande se donne,
Aux envols des notes ;
C’est toujours un poème,
Que l’on reçoit,
Les oreilles attentives,
Les mains ouvertes,
Avec l’Ave Maria
De Franz Schubert
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RC- mars 2014
Mémoire de grandes ailes blanches – ( RC )
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A ne pas gagner l’ombre,
Et les étés enfuis,
Sur la longue plage du temps,
Je te suis,
Et te vois de loin,
Marcher toute seule, sous la pluie,
Il y a les îles,
Fouettées par les embruns,
Les perles d’eau salée sur ton visage,
Les galets luisants , glissant sous mes pas,
Et le vent qui t’accompagne,
Avec les odeurs du large.
De grands oiseaux blancs planent en tournant,
Et se rappellent des instants soleils,
Du sable épousant les courbes de ton corps,
Les coques des voiliers aux couleurs vives,
L’air vif, faisant claquer les voiles
Et empli du parfum des orangers.
Bien sûr la Normandie, au pied des falaises,
Est loin de l’Italie,
La lumière se dissimule derrière les nuages,
Comme le bonheur approché,
Mais reste à portée d’elles,
Si j’étais porté moi-même,
Par ces grandes ailes blanches.
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RC – 12 septembre 2013
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Lac – Brassens, cloche ( RC )
photo: gjlh ( voir son blog photos)
Le lac bleuté, le repos, sous le soleil d’été
Les bâtiments voisins se brisent en reflets,
Entourés d’ écrins de sapins,
L’eau est presque immobile sous midi,
Tu es les pieds dans les flots,
A marcher précautionneusement sur les galets
Seuls quelques chiens, jappent la lumière,
Et aussi une auto, écrit dans l’espace,
Une chanson de Brassens,qui nous parvient,
De droite, puis de gauche, enfin s’éteint.
Douze coups marquent la cloche,
Au son fêlé, celle de l’abbaye.
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RC – 21 juillet 2013
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Brigitte Tosi – Un jour la mer ne viendra plus
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Un jour la mer ne viendra plus
Frapper à la porte de mes yeux
Je battrai des paupières,
Oscillant sur la vague
De mon humeur vitrée,
Croyant retenir, encore,
Un peu de vie et de lumière
Le vent coudra ma bouche,
Cette fissure du visage,
Ce rouge murmure,
Cette pâle plainte
De mots hasardeux
Un coup de lune foudroyant
Viendra lisser mon front paré
De tôle grise ondulée
Un jour la nuit viendra
M’échouer dans la mer
La marée haute engloutira
Les chairs mortes de mon corps
Un promeneur distrait
Lancera sur la vague
Les galets de mes yeux
Endormis sur la plage
Un jour le mot
ne viendra plus
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Brigitte Tosi
Aran ( RC )
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Trois petits galets dans l’Atlantique,
Trois vaisseaux de pierre,
Striés dans leur chair,
Au sol de calcaire
Dressent un parcours de murs,
Autour d’une terre maigre,
Et d’herbes arrosées d’eau salée
Lorsque fond un ciel liquide
Où le gris, dispute de l’océan, l’indigo
Trois petites îles se suivent
D’un voyage immobile,
Au Connemara, voisines.
Les soeurs sont sentinelles,
Don Aengus est toujours là
A surveiller l’horizon
Depuis les falaises noires,
Au choc profond des vagues.
Les maisons blanches adossées aux rocs,
Se font lumière, aux ciels de plomb,
Résistent et s’entêtent
Au courroux des tempêtes,
Et aux vents qui les fouettent.
Les îles, échouées sur un socle qui tangue,
Subissent les éléments qui les poussent,
Et où bien peu d’arbres, moussent.
Les hommes qui vivent là,
Aux longues histoires de pêche,
La cicatrice de générations de noyés,
Ont le regard dilué d’eau fraîche.
Vêtus en laine de leurs troupeaux,
Laissés pour compte de leurs terres pauvres,
Ils ont vécu longtemps coupés du monde
L »oral d’un gaëlique d’antan
………………..Sur les îles d’Aran.
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RC – 18 septembre 2012
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