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Les doigts gourds – ( RC ) – le clavier tempéré ( SD )


P Picasso Les menines et la vie No. 29

variation réponse à SD, dont le texte suit

J’ai en mémoire
           le buffet noir
     qu’a peint Picasso,
et qui me rappelle
ce sévère piano droit,
où l’on devait faire les gammes,
faire courir les doigts
sur un clavier
qui restait froid
( et n’avait rien de tempéré ).

Faire que les mains
parcourent les touches d’ivoire,
prenant les blanches pour les noires,
en suivant la Méthode Rose
( on n’espère pas encore devenir virtuose )
on imaginerait qu’elles dansent,
          chacune devant
faire preuve d’indépendance
    dans le mouvement…

Mais je vois bien le tableau :
montée sur le tabouret haut
          ma petite sœur,
tes pieds ne touchant pas terre
sous le regard sévère
de ton professeur :
             encore et toujours
             faire ces gammes,
alors que tu rêvais déjà d’amour :
( tout ce qu’il faut
pour te rendre allergique
à la musique ) :
tu préférais le chant des oiseaux.

RC



Petite fille aux doigts gourds

toi qu’on pressait de faire des gammes

quand tu rêvais déjà d’amour

et qui disais Bonjour Madame

docilement

Toi qui tempérais le clavier

quand te tendait les bras l’infâme

piano droit et l’œil distrait

innocemment

par un oiseau dans l’or du soir

prenais les blanches pour des noires

Susanne Derève


tes mots à survivre (RC)


dessin: planche  de botanique  ancienne

dessin: planche de botanique ancienne

 

 

Peut-être que tu ne survivras pas à tes mots
Si ceux ci portent une charge toxique
Et qu’ils procurent à leur auteur mille maux
En se reproduisant de famille, prolifiques

Mais on peut imaginer que l’inverse le soit
Et qu’en vin des marges, ils remplissent
Les recueils, et d’indépendance, soient
Au point qu’ils te survivent avec délices

Ces signes qui nous inventent
Vont aussi nous guider
A traverser la mort lente
Mourir pour des idées

C’est bien Georges qui le chante
Et toujours, on le fredonne
Brassens nous enchante plus que hante
Et ses paroles résonnent

A la série des pages ouvertes
On peut voir le temps qui tasse
Du jardin, à la grande fenêtre
Les écrits ne s’envolent ni s’effacent

La parole se donne, orale
Les poètes anciens ,heureux élus
Hugo, Rabelais, de Nerval
La parole écrite est encore lue.

L’étonnant cristal d’immatériel
De la parole qui touche l’âme
Traverse encore tous les ciels
Et nous joue encore ses gammes

Shakespeare, Othello et Ophélie
Au théâtre des hommes, éternel
Et la voix cassée de Billie
Si vivante, belle, très actuelle…

Se nourrissent de mots précieux
Distribués à travers l’espace
Comètes et météores audacieux
Mais nous en avons toujours la trace

 

——–

 

Réponse  à JJ Dorio  pour  son  « vin des marges »