Greffées contre le mur de la nuit – ( RC )
–
Tu pénètres dans une forêt particulière,
où les arbres sont des mains
fichées dans le sol,
remuant dans le crépuscule du quotidien.
Et le fil tendu des lignes blanches,
des tracés des avions,
que les doigts ne peuvent pas attraper .
Ils saignent d’une sève incolore,
ne pouvant se refermer que sur l’air,
dont l’atmosphère trompe sur son épaisseur,
habitée des ombres du soir.
Il reste le vol noir des oiseaux
qui ne renonce pas, à leur échappée,
et se joue du mouvement maladroit des mains .
Elles se referment de lassitude,
comme ces fleurs lorsque la lumière s’éteint ;
Plantes étranges rétrécies d’un coup par la terre ,
Le corps dissimulé.
Peut-être incarné dans un sol,
parcouru de longs filaments sanguins,
racines bien fragiles, prolongements d’un coeur lointain .
Il faut s’attendre à ne trouver demain,
que des manches , au tissu raidi par le froid,
et des gants vidés de substance,
mous et inertes ,
Comme si la greffe
n’avait pas réussi
à franchir le mur de la nuit.
–
RC – juill 2015
Henri Etienne Dayssol -Les gants
(H E Dayssol, dirige le site « Voxpoesi », consacré essentiellement à la littérature et poésie corses.

Cet article fait référence aux athlètes levant un poing ganté aux jeux olympiques de Mexico en 1968. On se réfèrera directement à l’article de HED pour l’image: cliquer sur le titre « les gants » . L’illustration ci-dessus provient du site histoiredusport.fr.
LES GANTS
– On ne prendra plus qu’un seul gant,
Celui de la main gauche,
Pour s’habiller le coeur
Et garder le sang chaud;
– Celui de la main droite
On le jettera aux orties
Et on s’en ira tête nue
Serrer la main du vent…
–
– Henri Etienne Dayssol –
Là où mon pays te chante – ( du blog de bleupourpre )-
Viens,
Là _ Il y a
Ce chapelet de lumière
Que les doigts du ciel égrènent
Eternité capturée
Aux filets de la seconde.
Et l’oiseau
Détroussant de son chant
Les violons de l’air .
Viens
Là – Il y a
Le chemin de nos voix –
Des étendues jaunes
Débordant de jarres
Offertes à l’oeil du jour ,
Et des mers aux gants rouges,
Gémissant sous la clameur
Des aurores peuplées.
Viens
Là où mon pays te chante
Dans son apocalyse de syllabes
Là
Où la tension des mains
Se décrispe
Et s’enroule aux baisers des fougères,
Entrelaçant
Les sentinelles vivaces
De la trame de nos sangs.
texte issu de http://bleupourpre.canalblog.com/archives/2011/04/index.html, avec l’aimable autorisation de Nathalie, l’auteur…
photo ; ( montage à partir de photos perso de cabanes de plage au Portugal. )