Marc Alyn – chien d’ombre dans la nuit

J’entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard.
Ma lampe seule veille.
Pas de vent. Nul oiseau. Qui passe dans le noir
à pattes de soleil ?
C’est un chien d’autrefois parti pour l’au-delà
Comme on va à la chasse
Et qui revient parfois vérifier s’il a
Toujours ici sa place.
En silence il m’appelle, en l’ombre il me regarde
Avec ses yeux d’Ailleurs,
Puis je l’entends courir sur son aire de garde,
J’entends battre son cœur.
Il rôde doucement pour n’éveiller personne
Du portail au vieux puits
Et l’effraie le salue de son long cri qui sonne
En l’air pur de la nuit.
Tendre ami disparu dont l’absence me blesse,
Est-ce toi ? est-ce toi ?
Boiras-tu quelque nuit l’eau fraîche que je verse
Dans ta jarre là-bas ?
Mais rien ne me répond.
Le rond de la caresse
Réintègre mes doigts.
Est-ce mon âme aussi qui tire sur sa laisse,
Mon chien de l’au-delà ?
Claude-Michel Cluny – Parlements

Ils se tiennent parfois dans des trous, qui ressemblent aux citernes des morts de Mycènes.
Mais ils ne portent pas nos beaux masques d’or, ils ne sont pas là pour l’éternité.
Pour l’Ossolète l’âge n’est qu’un déclin, la mort une voirie, jamais ils n’ont embaumé, empaqueté de monarque.
On ne sait même s’ils ont des rois.
Est-ce du pouvoir qu’ils bavardent au fond d’un trou, sans couronne, sans gardes?
La pourtant un murmure infuse, qui fait qu’on devine des Parlements de sous-sol, où se psalmodient peut-être des lois qu’on ne connaîtra pas.
Les Ossoletes non plus : après trois pas, le moment qui s’achève tombe dam une urne sans fond, un passé sans âge.
Les basses fosses où ils s’entassent et, qui sait? légifèrent, ne sont guère que des sacs à linge profonds et bêtes comme un suffrage universel. Les dieux font-ils collection de ces secrets perdus ?
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