Exercice préparatoire ( calligraphie paysagère ) – ( RC )

Pour commencer
je vais ouvrir la page
avec une belle journée,
je l’étale, comme un nuage :
– Cette feuille de papier
parlera peut-être
à ma place
quand j’aurai trempé
le pinceau dans l’encrier,
et laissé une trace
grise et noire -:
C’est l’exercice préparatoire
pour que les eaux
s’écoulent des collines,
s’envolent des oiseaux
d’encre de chine:
petite calligraphie modeste
pour peintre amateur :
un paysage en quelques gestes
en ajoutant de jeunes fleurs :
elles s’échappent des mains
comme de celles d’un semeur,
s’éparpillent sur le terrain
en touches de couleur:
J’irai me promener dans mon dessin
laisserai le papier s’envoler
son encre sécher
par le soleil du matin…
Discrète à ses côtés – ( RC )
photo Loïe Fuller – 1921
C’est elle qui suit notre personnage.
Elle en a les gestes, mais pas la consistance,
elle est attachée aux pas,
fidèle et obstinée
s’adapte aux circonstances, se déforme à loisir.
Rien ne peut la soumettre, si ce n’est
l’extinction des lumières.
Elle demeure anonyme, et n’a pas d’autre nom
qu’ombre.
Discrète elle demeure à ses côtés,
jamais elle ne prend d’initiatives.
Est-ce un personnage secondaire,
qui s’en détachera, lorsque la vie
brusquement, le quittera ,
comme on mouche une chandelle… ?
Jacques Borel – les images
peinture: Arnold BÖcklin avec la mort violoniste
Je ne peux pas grand’chose lorsque s’abat sur moi
La grande faulx noire et dorée de la mélancolie,
Seulement ployer un peu plus bas l’échine, ou supplier
De se taire dans la combe la plus obscure du cœur où ils se sont réfugiés
Ce groupe d’aïeux qui se retournent et chuchotent
Comme des soldats frissonnants sous une couverture
Et dont je n’ose pas surprendre les secrets conciliabules;
Retenir un instant cette main, et c’est celle de mon père,
Qui voudrait approcher de la table de jeu
Et poser encore un peu d’or sur le tapis;
Convaincre doucement ma mère de rentrer,
Qu’il n’y a plus de messe à l’église des fous
Et qu’aucun noyé ne l’appelle du fond de cette eau où elle se penche.
Peut-être pourrais-je refuser de reconnaître
Ce sourire d’amer plaisir que j’ai déjà vu sur d’autres bouches,
Ou ce geste de l’épaule qui tremble et ploie
Quand la vague d’un autre corps va la recouvrir de son ombre
Et la rouler sur un lit d’algues où elle retrouvera soudain
La même face confondue de la mémoire et de la solitude.
Dire non, mais puis-je aussi
Dire non à cet enfant dans son lit
Qui murmure à la mort des mots de fiançailles
Et il me semble qu’il ne s’est pas endormi depuis,
Qu’il est là depuis toujours, à tenter d’apprivoiser
Le sommeil aux mains de sable
Les larmes de Peau-d’Ane encore sur son visage
Et la lune sur la vitre qui survit à ses songes.
— Ô images, plus indestructibles que les choses !
Grandes banderoles à jamais accrochées aux façades !
Vous me cacherez jusqu’au bout les profondeurs des fenêtres,
Les gestes, les colères et le tendre recul
Des êtres qui respirent à leur tour dans les chambres;
Le vent qui vous arrachera me balaiera avec vous,
Je vous sentirai encore collées à mes paupières,
Et, dans la déchirure,
La même lampe continuera d’éclairer pour moi
La même marge obscure et infranchissable du monde
Découpée une fois par les ciseaux du temps,
La maison refermée sur les terreurs du jour,
Ce salon vide, cette porte, et sur le mur
Cette figure lentement qui se confond avec sa robe
Et qui en a fini désormais de ressembler à personne.
Chevalet triste – ( RC )
peinture: Alice Rotival – Chinghetti 2012
C’est cet endroit
suspendu dans le temps
qui semble se refermer dans le sommeil ,
où la poussière se dépose
lentement
et finit par tout recouvrir .
L’atelier est désert
depuis la mort du peintre.
Il y a encore des tubes
aux couleurs incertaines .
Ils voisinent une palette éteinte,
quelques pinceaux raides,
et une ébauche qui attend depuis longtemps
sur ce chevalet triste .
Les odeurs de térébenthine
ne sont qu’un lointain soupir .
Vernis fossilisés,
essences évaporées,
tout est déserté ,
sauf les toiles d’araignées
ayant occulté complètement
les fenêtres de l’atelier .
Le deuil se pare d’un voile épais,
juste propice à l’attente .
Le silence même
est à l’image de ces insectes ,
desséché, vide de sa substance
prisonnier de l’immobilité .
Le sommeil de la peinture
aux gestes arrêtés, voué à l’éternité .
–
RC- juin 2019
voir aussi une parmi les nombreuses aquarelles de David Chauvin
Pas d’épaisseur, de celle des pierres – ( RC )
image – montage perso
Je te verrai,
Image présente,
A travers les murs,
Tournant mon regard
Vers où je te sais.
Il n’y a pas d’épaisseur,
De celles des pierres,
A jouer la distance
Avaler les espaces,
Les collines et les villes,
Redessinant tes gestes,
Comme si la barque des songes,
Ouvrait aux portes du jour,
Ta silhouette indécise
Se découpant dans la brume.
–
RC – juin 2014
Rainer Maria Rilke – Automne
Les feuilles tombent, tombent comme si au loin
se fanaient dans le ciel de lointains jardins ;
elles tombent avec des gestes qui se refusent.
Et dans les nuits la lourde terre tombe
de toutes les étoiles, dans la solitude.
Nous tombons tous. Cette main tombe.
Et vois, cette chute est dans toutes les autres mains.
Et pourtant il y en a Un qui retient dans sa main,
cette chute délicatement, éternellement.
*
Herbst
Die Blätter fallen, fallen wie von weit,
als welkten in den Himmeln ferne Gärten;
sie fallen mit verneinender Gebärde.
Und in den Nächten fällt die schwere Erde
aus allen Sternen in die Einsamkeit.
Wir alle fallen. Diese Hand da fällt.
Und sieh dir andre an: es ist in allen.
Und doch ist Einer, welcher dieses Fallen
unendlich sanft in seinen Händen hält.
*
The leaves are falling, falling as if from far up,
as if orchards were dying high in space.
Each leaf falls as if it were motioning « no. »
And tonight the heavy earth is falling
away from all other stars in the loneliness.
We’re all falling. This hand here is falling.
And look at the other one. It’s in them all.
And yet there is Someone, whose hands
infinitely calm, holding up all this falling.
Rainer Maria Rilke – Le livre d’images (Das Buch der Bilder)
Personnages de la balustrade – ( RC )
fresque : San Antonio de la Florida : F Goya
–
–
Tout autour de la balustrade ,
sont rassemblés des personnages
comme dans un tribunal:
Ils semblent être dans l’attente
d’un évènement peu banal
qui ne saurait tarder.
Au-dessus, passent des nuages,
et quelques anges , très sages..
dans un paradis de stuc et de rocs .
On ne sait d’où ils s’échappent,
ni ce qui les dérangent
ou les provoquent .
Tout ce monde se déhanche,
en étoffes et effets de manches…-
mais leur attitude se fige :
Eveillés par le moindre bruit,
leurs têtes, d’un même mouvement,
se penchent brusquement …
Leur regard me suit, mécanique ,
de manière insistante et maléfique ,
dès que je me déplace…
Descendus du monde céleste ,
ce sont comme des rapaces ,
épiant chacun de mes gestes…
Un regard de glace ,
qui vous figerait le sang :
immobilisés sur place …
ce qui me ramène pourtant
des siècles en arrière,
quand les trompettes altières
résonnent dans l’arène :
– Voila donc l’aubaine
semblent-ils se dire :
une occasion rarissime
pour convoquer les vampires
et désigner la victime ….
L’imagination accompagne presque
le mouvement des ailes
se détachant de la fresque .
Ils vont trouver un motif
pour aiguiser leurs griffes,
et basculer dans le réel…
Déjà, brillent des yeux noirs,
que j’avais entr-aperçus …
acérés et cruels…
Oui, je n’aurais jamais dû
entrer dans cette chapelle:
une sorte de purgatoire
En ce lieu,
où l’on chercherait vainement Dieu
la porte s’est définitivement close .
– …. c’est ainsi que fanent les roses …
–
RC mai 2017
Veronique Joyaux – Poème à Salah
peinture – Joachim Patinir, Crossing the River Styx, 1515-24
J’écris aussi pour toi
prisonnier des geôles de Bagdad ou d’ailleurs
Pour toi que l’on fait taire que l’on torture
J’écris pour toi qui n’as pas de mots
Parce que tout enfant déjà tu travaillais
J’écris pour les femmes cachées
dans leurs voiles et leurs maisons
J’écris pour ceux qui n’ont pas la parole
pour leur donner existence et dignité
J’écris pour ouvrir les portes
Je m’immisce dans les interstices.
Si je devais rendre grâce ce serait à des silences
Silence entre toi et moi quand tout se tait et que les gestes parlent
Silence des amitiés ferventes des paroles suspendues
Silence des arbres dans la nuit
Des pas dans la neige un soir d’hiver très doux
Si je devais rendre grâce ce serait à l’infime
Une trace d’oiseau sur la terre ameublie
Un froissement d’aile entre les nuages étonnés
Une parole non dite un espace entre deux corps attendris
Si je devais rendre grâce ce serait à la poésie
Celle de Victor Jara dans un stade du Chili
De Nazim Hikmet dans les geôles de Turquie
De Dimitri Panine dans le Goulag de Sibérie
De Mendela dans l’Afrique meurtrie
De tous les hommes qui parlent
au nom de ceux dont la parole s’est tarie
Si je devais rende grâce j’en serais affaiblie
Mais riche de tous les infinis.
Cette ombre – ( RC )
Image -> opéra de Bavière: la femme sans ombre
——
Indissociable des êtres…
elle colle à la peau, à mes moindres gestes;
elle épie ce que la lumière dit,
se plie sur les angles des fenêtres et dans les montées d’escalier,
se fond dans les autres, ou même les avale…
Elle gravit les surfaces rugueuses sans se blesser,
et s’allonge sans mesure quand le soleil s’abîme,
aplatie sur le sol.
Marquant même par sa présence, le corps sans visage,
errant aux contre-jours,
Jouant à étouffer les couleurs,
De ses bords tantôt précis ou flous.
Y a-t-il aussi celle des âmes,
dont on ne sait rien, une fois parties,
mais dont interroge l’épaisseur et le retour ?
–
RC – avril 2015
Magali Bougriot – Nostalgie d’un baiser
Elle.
Tout en elle me faisait vibrer. Mais comme dans chaque symphonie, chaque partie a sa place, son temps sa mesure, son intensité. Un subtil mélange de sons dans un alliage percutant, profond et puissant.
Elle.
Tout commençait par la trame de fond, la cadence, son regard. Dans ses yeux gris, vert, bleu, je ne saurais jamais vraiment les définir tant leur couleur était variable, j’y plongeais les miens, dans une immensité sans fond, un voyage dans l’hyperespace, une sorte de doux flottement jusqu’à trouver la connexion, l’accroche, ce moment où la grosse caisse lourde et lancinante entre en raisonnance. Le rythme singulier d’un battement de coeur, boom….boboom….boom…boboom…Régulier, constant, rassurant, nous sommes ici, nous sommes 2 et nous vibrons sur la même longueur d’onde. L’alchimie peut opérer. Aucun contact nécessaire, juste ses yeux, les miens, et la myriade de messages synaptiques qui parcourent nos corps au rythme cadencé du sang qui afflux dans nos artères. Boom… Boboom….boom…boboom… Puis s’insinue le doux son d’un violoncelle, le glissement d’une main le long d’un bras, annonce d’une mélodie, les cordes frottées délicatement, le son pur, chaud, une promesse chuchotée… » Je ne veux que toi…. »
Ma peau frissonne sous la pulpe de ses doigts et déjà je sais que la musique s’empare de moi, la transe s’installe, toujours plus profondément, fixant chaque instant sur les partitions de ma mémoire. Ses mains. Ses doigts. Divins, indéfinissables de perfection. Des mains pareilles sont faites pour caresser, pour étreindre, et à ce moment c’est moi qui me glissais entre elles, consciente de ce privilège. Mais comment ne pas toucher sa peau? Ce voile rosé et parfumé dont je percevais déjà les effluves si loin que je pouvais être d’elle. Un appel à la rencontre, le sucré, vanillé, une confiserie à portée de mains, de nez… Les sens en éveil pour mieux m’en délecter… Se retenir…. Et faire durer…. Se retenir… Je parcourais alors les contours de son visage du bout de mes doigts hésitants, comme on toucherait une oeuvre d’art, dans un respect protecteur, sous ses doigts l’exception, en être consciente et ne pas vouloir briser le rêve par des gestes trop brusques, sous peine de se réveiller et de tout perdre… Encore un peu… Encore un peu…. Je revois ses traits tendus, si particuliers, qui rappelaient les gravures grecques aux lignes saillantes et anguleuses, à chaque centimètre un son, nous composions le début d’un requiem. Quand nos corps vinrent à se rapprocher par l’attraction incontrôlée, quand de mes bras je vins la serrer contre moi,quand sur mon ventre, ma poitrine je senti la pression de son propre ventre, de sa propre poitrine, écrasant le peu de self contrôle qui nous restait, c’est tout le rang des cordes qui se mit en scène, dans une envolée légère.
La montée crescendo de la cadence, les doubles croches décrochant nos limites, toujours rythmées par les contre basses s’alliant à la grosse caisse dans nos yeux qui ne risquaient pas de perdre pieds. À quelques centimètres seulement, des secondes qui s’étirent, un temps qui se détend, tout semble figé et si mouvant pourtant. Je peux sentir la chaleur de son souffle contre mes lèvres, un dernier questionnement dans nos regards, vraiment? Maintenant? Tu es sûre? Un silence sur la partition, ce petit carré noir maitre de tout, et tout se suspend, l’éternité. Bien sur que je suis sûre! Bien sûr qu’on l’est! Et dans l’apothéose générale, les cuivres et flûtes entrent en jeu, jouant leur plus belle prestation, alors que les cymbales s’emballent, dans un fracas salvateur.
Nos lèvres se retrouvent en ce premier baiser comme après des millénaires d’absence. Celles qui ne s’étaient pourtant jamais rencontrées se connaissent comme si rien ne les avaient un jour désunies, et rien ne pourra les désunir à présent…
–
Statues sans aspérité – ( RC )
–
Sans aspérité,
La pierre couverte de mousse
S’étire, masquée par les arbres,
Aux branches effeuillées.
C’est une muse, une statue,
Au bout d’une allée…, oubliée.
Il y a un banc à côté,
Qui attend les promeneurs
Pour de tièdes soirs d’été..
Mais , c’est l’hiver à Versailles,
Les pièces du grand bassin,
Ont l’allure morne des eaux
Qui ne reflètent rien,
Et d’autres statues,
Perdent un peu de leur prestance,
Avec leurs gestes figés,
Et leurs têtes dressées,
———- sous un épais chapeau de neige.
RC – 30 mai 2013
Mireille Fargier-Caruso – Ferveur

gouache: Alexander Calder
–
Persiennes closes pour la sieste
une échancrure où se dénouent nos soifs
passage à gué entre songe et éveil
on suit le fil d’un cerf-volant
dans un pays qui nous échappe
on met à nu nos visages
à l’écoute des commencements
accord solaire dans la ferveur des mains
sans crier gare
la trame de nos gestes a signé l’invisible .
Là , où s’accrochent les lointains sur la toile … ( RC )
–
Il est une joaillerie fragile,
Suspendue aux fils,
Toujours bien peignés,
De la toile d’araignée
Ce sont des gouttes pour décor,
Des perles de colliers lisses,
Qui, lentement s’épavorent,
Quand la journée glisse,
En arabesques changeantes,
Les insectes au vol léger,
Viennent alors s’y piéger,
Car la toile est transparente…
Et si c’est une autre toile,
Qui piège le paysage,
Ses étés et ciels d’orage,
Et des myriades d’étoiles.
Par petites nuances
Le tourbillon des doigts lestes
Où de grands gestes,
Soudainement dansent,
Quelques pas de lumière,
Accrochés sur les pourpoints,
Et habits de satin,
L’embarquement pour Cythère…
Nous entrons dans un monde imaginaire,
Emportés dans une aventure,
Où s’affrontent les couches de peinture,
Le cheminement du regard s’y perd,
Jusque dans les aires lointaines
Les miroirs des eaux croisent les jours.
Où , portés, par des ailettes, de jeunes amours
Traversent une perspective incertaine….
Tous ces personnages, ensemble
Se promènent comme dans un parc,
Tandis que l’on embarque .
Et l’eau se ride, et tremble…
> Laissons partir ce vaisseau,
Jusqu’au bout du monde,
Où les couleurs se fondent,
Et aussi …. les coups de pinceau .
Chaque regard est neuf ; aucun n’est usé,
La peinture, a traversé le temps,
Même à travers quelques instants,
Accrochés au musée.
–
RC – juillet 2014
Alberto G – ( RC )
–
Les figures debout
Attachées au socle
Ne se croisent pas
Bronzes filiformes
Hommes de l’absence
Le regard creusé
Les pieds soudés
A la terre glaise
Découpent dans l’espace
Et, de métal, la pâte verte
Leurs gestes immobiles
Parcours des doigts agiles,
de Giacometti
–
RC – 22 décembre 2012 et 8 janvier 2013
–
Taire le silence ( RC )
Si j’apprends à taire le silence
En jetant quelques cailloux dans l’eau
Alors, la surface remue, et se souvient
En cercles concentriques, des éclaboussures
Et des gestes ténus,
Qui repoussent quelques secondes la léthargie,
En laissant , une place à la vie.
Mon geste n’est plus là, mais seulement sa trace
Comme lorsque je passe un doigt distrait
Sur la couche de poussière recouvrant le buffet.
J’apprends à lire, les instants fugitifs,
Le murmure de l’histoire, et l’invisible est crédible
Les brioches dorées, le zeste des parfums,
Le sillage d’un regard, au détour d’un reflet,
Le souffle des choses, agitant les feuillets
Les chapitres du bonheur, que révèle
Un pinceau de lumière à travers les nuées
Eloignées des étoiles, et dénuées
De l’ombre – qui fait l’importance.
Si j’apprends à taire le silence,
C’est pour mieux traduire
Une langue d’avant qui te ressemble
La prolongation d’une grâce
Que n’offrent ni les mots
Ni la parole rhétorique,
Les doigts ouverts de l’invisible
Quand ils te dessinent à mes yeux:
Une veine qui palpite à ton front,
Et la courbe d’une hanche…
J’apprends à lire, les instants fugitifs,
A rassembler les indices,
Peut-être à inventer,
A rajouter des brillances
Et des couleurs de voix,
Imiter rivières et cascades,
Et l’ombre des collines
Qui dessine des courbes
Sur le désir de l’instant
Que les lèvres promettent.
RC – 6 octobre 2012 ( évocation d’une démarche créative… je pensais à la photographie )
–
Amin Khan – J’oublie les visages

peinture: Jean Fautrier: tête d’otage
–
J’oublie les visages
je ne me souviens pas des noms
j’endure
des odeurs et des gestes
des parfums
l’émail de certaines morsures
la vision de certains sangs
des courbes des accidents
des silences profonds
de longues heures et des jours
certains mots les mêmes
des lèvres
de roses luisants
dans la même lumière
du même regard
plein de douceur et d’amertume
AMIN KHAN ( poète algérien )
–
« L’encre versée sur les amours – (RC)
–
L’encre versée sur les amours, – on sait à quel point on s’attache….
Peu disent , des amants, que cela fait tache…
Et puis de cette encre, de ces plaisirs, et cris
On peut en retrouver la trace, les écrits..
On dit bien que si les paroles s’envolent, les écrits restent
Ils sont alors moins volatils et impriment nos gestes
Aussi… à faire venir cette encre par litres
Et à réécrire l’histoire, c’est par chapitres
Qu’on la parcourt en toute saison
Et qu’on emménage en tous horizons
Au creux de son épaule, à l’image de ton visage
Aux sensations de ses mains, c’est déjà un voyage
Qu’un printemps fait éclore par dessus les frontières
Aussi bien aujourd’hui , qu’on écrira l’hier
Du visible, en sensible, encres sympathiques
Je dessine, -mots et images- un portrait magnifique..
RC
5 avril 2012
–
— petit commentaire perso: — » au creux de ton épaule, pour ligne d’horizon » , est extrait du texte d’une superbe chanson interprétée par Catherine leForestier » au pays de ton corps »
—
Ce à quoi répondit Manouchka…
Manouchka
5 avril 2012 at 17 h 01 min
Une Larme versée,
Coule sur ton cou d’Ocre,
Comme une Huile parfumée,
Sur nos Vies médiocres…
Par delà la Lumière,…
… suite visible dans les commentaires à « Messager de l’art »
—
Accompagnement pictural: Andrew Wyeth, peintre américain au style réaliste très particulier,
qui est un des grands maîtres de l’aquarelle, dont je montre deux exemplaires, extraits du
livre « la Suite Helga » ( toute une série étant consacrée à sa compagne, Helga ), au physique un peu « rude »
mais par rapport à laquelle, le peintre arrive vraiment à nous transmettre une sensualité impressionnante..
d’autres accompagnements dans mes posts précédents montrant d’autres oeuvres de la suite Helga …., par exemple trois posts avec des textes de l’écrivaine Else Lasker-Schüler..., ou bien ici
—
Eugène Durif – L’étreinte, le temps 02
Cela,
ne pouvons le voir ni l’approcher que par trouées intermittentes, _ espace silencieux des signes, les gestes frôlés des choses posées dans l’ en-face.
Elles disparaissent, unes et déchirées, la lumière se retire d’elles, les laisse exsangues.
sur ce chemin qui descendait, ouvrait sur le vide à contre-ciel? Une poussée répétée,
douce fut la nuit comme taie sur l’œil
et si nous parlions
c’était en cris déchirés,
langue énigmatique dans l’oubli de la nuit.