Bernat Manciet – Je tiens dans les doigts ces quelques grains encore
vase grec lekythos Pâris & Hélène
XVIII
Je tiens dans les doigts ces quelques grains encore
et de mon pouce naît ce psaume
rare éclaircie de ma journée
mon été tient dans cette paume
je les regarde sans étonnement
et sans plaisir et sans raisonnement
sans nul regret :
ils sont ce qu’ils sont la nuit arrive sérieuse et calme
pourtant je te les donne
pour l’amour du jeune malade
qui m’a guéri d’être un homme accompli
et qui ressemble tellement à ton sommeil
pour le dédain qu’au soir tombant je porte
et pour la honte aussi d’avoir aimé
L’interrogation du soleil ( RC )

photo rgbstock
En lissant, du dos de la main,
Un sable blond, – l’interrogation du soleil
Qui s’étale, en grains
Par millions, ni semblables, ni pareils
Et si ceux ci, recouvrent
L’haleine de mon corps
Qui fait racine, puis s’ouvre
En profondeur, de toutes ses pores
C’est un flux de la mémoire
En fouillant dans son ombre
A chercher dans le noir
Qu’aucune lumière n’encombre
Quand tu te penches, elle ressurgit soudain
Aux rayons de tes cheveux dénoués
Et qu’ au dessus de moi, planent tes mains
Porteuses du soleil, d’un désir avoué.
C’est ton regard, que le ciel achemine
Qui réchauffe le mien
Je n’en sais pas l’origine
Mais j’en connais les liens.
Vivre est une aventure,
On s’écarte des chemins tracés
Vers des sentiers peu sûrs
Mais où tu me fais me lancer
Et c’est encore un peu ivre
Encore en titubant
Que je vais te suivre
Emporté vers l’avant
Mes lèvres ont le goût des tiennes
J »ai laissé derrière, l’hiver des pensées
Un nouveau jour m’entraîne
………….. Et je n’ai plus de passé.
–
RC -21 octobre 2012
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photo Jose Chiyah
François Corvol – Parfois il entre dans la maison
photo Beatrice Helg, rencontres photographiques d’ Arles 2006
Parfois il entre dans la maison
Parfois il entre dans la maison, je l’entends
dans les combles gratter le bois déplacer les grains
est-ce un mulot un loir une pensée je vois
les araignées tisser les toiles pour le retenir
le chat lever un œil, la chambre se tiédir je l’entends
parfois cet air habité ce vent venu de loin
des calottes polaires des bouches inconnues
il veut faire partie de la demeure, il veut le couvert
la chaise le versant, il investit les lieux
puis repus retourne d’où il est venu, nous laissant
démunis les bras nus
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29 février 2012