blés attendant l’orage – ( RC )

Sous un ciel immobile,
ce calme trompeur.
Pas un vent, pas une brise n’arrive.
Les oiseaux se sont tus.
Le sage alignement des arbres
repose sur la ligne d’horizon ,
comme des notes
sur une partition.
Une mer d’épis
dressés les uns près des autres
patiente avant l’orage
résonnant déjà au loin.
Liés à la terre nourricière,
ne pouvant fuir,
ils se tiennent debout
sous la lumière blafarde.
Telle une armée de fantassins
attendant la pluie de fer,
ils portent le renouveau, cependant.
Du champ massacré,
des épis éparpillés
renaîtront d’autres blés,
une fois calmée
la fureur des temps.
Vois comme ce ciel
pesant, presque noir;
est lourd de menaces,
confronte sa puissance
sur les têtes fragiles
courbant bientôt sous la grêle
sans abandonner l’espoir
d’une renaissance…
Hasards (Susanne Derève)
L’arbre rouge, 1909 (Piet Mondrian, 1872-1944)
Pourquoi donc ce bois mort
cet autre a résisté au gel
Pourquoi ce ciel de fin d’après-midi
soleil après la pluie la course
des nuages leur froid baiser
de bruine aux oiseaux de passage
Pourquoi mes roses hachées de grêle
et les tiennes épargnées était-ce
que ce vieux mur les tenait à l’abri
du vent ou le fruit du hasard
celui qui m’avait fait t’aimer
un jour et en payer le prix
et puis ne plus t’aimer
un matin on s’éveille transi
et l’amour n’est plus qu’un bois mort
entre des bras meurtris
un fruit tavelé un remords
Il ne reste qu’à fuir à temps
– avant – d’avoir gâché
ce qu’on a pu sauver de la grêle
et du vent
et ne rien emporter
L’arbre gris, 1911 (Piet Mondrian, 1872-1944)
… qu’un regret du printemps
Laetitia Lisa – En habits d’oubli
peinture rupestre grotte de Chaturbhujnath Nala, Inde, environ 10,000 av JC
Je longe le champ de blés verts
hâtant le pas dans l’herbe haute
pour recevoir encore
un dernier baiser du soleil
avant qu’il ne se couche
en draps ocre et dorés
demain la pluie
demain le froid
pour l’heure la douceur du vent
le chant des grillons et les hirondelles en formation
avec elles je me baigne en le ciel
allongent les brasses lorsque les courants frais
effleurent mes bras nus
avec elles je reste immobile un instant
sous les caresses des courants tièdes
je plonge
dans le bleu des montagnes
jusqu’à ce que la nuit revienne parfaire l’esquisse
de ses gris colorés
je ne peux rien contre le froid et la grêle
tueurs des promesses si près d’éclore dans mon verger
je ne peux rien contre le feu du soleil
tueur des promesses si près de porter fruit dans le tien
sur le dos de quelques mots ailés revenus nous chercher
nous dansons en habits d’oubli
ourlés de nuit .
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Là-haut, ici bas – ( RC )
Là-haut, ici bas.
Sans limites, se poussent les nuages en épaisseurs grises
C’est un ciel d’étains, qui bascule à coups d’éclairs…
Une couverture dont on ne connaît pas la lisière
Tandis que, dans un mélange de clairs et de bruits, la terre s’enlise.
C’est une dispute de géants, à coups de cimeterres
Pour la conquête d’un territoire immense
Et l’on reçoit ici, les échos du combat, en pluie dense
Agrémentée des roulements du tonnerre.
Les fanfares d’Eole embouchent leurs trompettes
Les arbres se secouent en tout sens
Et mêlent leurs membres de toutes essences
Quand s’approche la tempête.
Voila que gifle une tornade de grêle…
Le sol accepte sans résistance
Que les dieux bataillent sans décence
Et s »envoient à la figure leur vaisselle .
Ceux qui connaissent l’endroit se demandent ce qu’il est advenu
Du paysage riant, de sa vallée large, maintenant déserte
Des routes emmêlées de troncs, une marée verte
De branches en tous sens, et du feuillage haché menu…
Il faudra une main large pour écarter les nuages
Et mettre une fin provisoire, aux hostilités
Déjà, s’amoncèlent les dégâts – une calamité
Pour les habitants d’en bas, comptant leurs dommages.
Une main puissante qu’on ne puisse pas mordre
Pour retrouver le chemin de l’entente, et l’esquisse
D’un début de paix et sérénité, une armistice
Que certains nommeront le retour à l’ordre.
Pour fuir la confusion, un peu d’autorité
Que le pays panse ses plaies
Il faut reconstruire, et sans délai
Après l’ouragan , de la fin de l’été.
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RC – 17 octobre 2012
( toute similitude avec les situations politiques ne serait pas complètement fortuite)
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