
suite broutante – photo perso : le Beyrac Lozère 10/2015
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C’est un troupeau dans un enclos en pente ;
Il se gorge de l’herbe grasse,
– un corps solidaire à têtes multiples –
dont la masse dissimule
ce qui reste de sol.
A les voir moutonner, se presser en vagues
de laine à palper du regard,
à défaut des doigts,
dans la tiédeur confuse
ondulée par le soleil .
Lui, rebondirait sur ces îles.
Elles se séparent et gravissent ensemble la pente ;
elles se suivent, et dessinent en beige clair
le tracé du chemin , laissant sur place
les têtes de rochers, nues .
Brebis et bêlements se déplaçant aussi.
( J’aurais voulu plonger dans leur manteau blanc,
les boucles autour des doigts,
connaître de mes paumes
le museau fébrile de l’agneau ).
Mais du troupeau, maintenant hors de vue,
stationné, peureux, sur une autre pente.
Il n’est resté, quelques instants plus tard,
qu’un enclos désert,
derrière les mailles de son grillage .
–
RC – nov 2015
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12/19/2015 | Catégories: photography, self creation | Tags: agneau, brebis, chabriere, enclos, grillage, laine, mailles, manteau, rochers, sol, troupeau, vagues | Poster un commentaire

peinture: John Singer Sargent dames au jardin 1910
en provenance du site » la pierre et le sel »
Le jardin
Arrête-toi au fond de ce jardin
Pour l’air et pour le peu de roses
Arrête-toi, je te rejoins
Tu es plus belle que mon attente
Plus terrible encore quand le temps cesse
Car tu as cessé de vivre dans le temps
Mémoire
Poussant le grillage de fer
Pas à pas sur les terres humides
De la rosée plus que le jour
Je te rejoins
Il n’y a plus personne dans ce jardin
Les quelques pas avaient gravé la terre
C’était mon pas
Ô disparue derrière les ronces.
Poème isolé, écrit en 1989 et 1993, publié par la revue Linea, n° 4, été 2005, p. 14
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05/28/2012 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, d'images, fine arts, les arts nous parlent, peinture | Tags: attente, béatrice Douvre, grillage, jardin, mémoire, pas, ronces, rosée, Sargent | Poster un commentaire
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Quelques pas dans le couloir,
L’écho lointain du parloir
Se déplace avec le son
Cliquetis , le trousseau du maton
La démarche lente,
Les chaussures traînantes…
Et l’ouverture du volet de la porte
Sa face grasse encadrée de la sorte
Et le parcours de son regard louche
Traverse l’espace comme une mouche.
Une lumière un peu terne
Qui s’efface quand il ferme.
Je parcours le décor hideux
Des murs d’un vieux vert huileux
Par endroits graffités
La couverture sur le lit, mitée,
La table bancale dont j’ai hérité
Le formica de ses coins, effrité
Et mes poèmes qui s’empilent
Peut-être bientôt, mille…
– Grand bien me fasse –
Le long du temps qui passe…
Ajoutons , la vieille chaise en fer
Trois livres sur l’ étagère
Pour décrire l’austère
De mon univers
–*
La fenêtre carrée du troisième étage
A pour avantage
D’avoir une vue panoramique
Sur les arbres rachitiques
Et l’herbe pelée
Derrière les barbelés
Puis les miradors
S’ajoutent au décor
Au coin j’ai la vue
Sur une avenue
Un peu à l’écart
Du quartier d’la gare
Un quartier hostile
Du nord de la ville —
Les barreaux s’enlacent
Y a des bras qui passent
A travers l’acier
Du pénitencier.
Exposées en rage
Des mains issues des cages
Demandent conseil
Aux rayons du soleil
S’accrochent à un ailleurs
Qu’on voudrait meilleur
De ceux qui appellent
De ces moignons d’ailes
—
Pauvres garde-mangers
Il y a des rangées
De sacs plastiques blancs
Ballotés par le vent
On dirait que, des cellules
S’échappent des bulles
De la monotonie, du morne
Et de l’uniforme
Et quelques gardiens
Promènent leurs chiens .
Quartier artificiel
Qui grillage le ciel
Quartier d’sécurité
» Tu l’as bien mérité ! »
Pendant que les heures agacent
Se retournent et prélassent
Je suis égaré
Dans quatre mètres- carrés.
Etant dans mes chaînes
A purger ma peine
– Le temps s’est entêté
Et semble s’arrêter
En étant à l’ombre
A broyer du sombre
Bientôt trois années
Assis à ruminer
Elucubrations, divagations
A chaque occasion
» En avant toute ! »
–
Pendant que les gouttes
De cette satanée fuite
Dessinent et délimitent
Comme une sorte d’Afrique
Géographie maléfique
Ou bien une Asie
Sentant le moisi
Un contour sordide
Tout autant humide
Mais, glissant sous la cloison
En rêves d’évasion…
—
RC 4- 03 -2012
—
Et je remercie Brigitte pour son commentaire poétique…
Du coup je mets aussi ce poème de Armando Valladeres ,( poète cubain ) qui passa 22 années en prison (1960-1982) pour ses convictions chrétiennes et politiques. Armando Valladeres a écrit des poèmes d’une haute portée contre la dépossession humaine. L’un de ses textes porte les couleurs de la résistance et mérite qu’on s’y arrête:
« Ils m’ont tout enlevé , les porte-plumes
les crayons, l’encre
car, eux,
ils n’aiment pas que j’écrive.
Et ils m’ont enfoui
dans cette cellule de châtiment
mais même ainsi
ils n’étoufferont pas ma révolte.
Ils m’ont tout enlevé
– enfin, presque tout –
car il me reste le sourire
l’orgueil de me sentir un homme libre (…)
Ils m’ont tout enlevé, les porte-plumes , les crayons.
Mais il me reste l’encre de la vie
– mon propre sang-
et avec lui,
j’écris encore des vers. »
extrait de quand les mots dénoncent les maux…
—
voir aussi ce nouveau post, avec un autre texte de l’auteur cubain...
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03/05/2012 | Catégories: photography, self creation | Tags: acier, Armando Valladeres, étagère, évasion, barreau, chabriere, chaise, fer, fuite, gare, grillage, heures, hostile, maléfique, mirador, moisi, mouche, pénitencier, plastiques, poème, prison, rachitique | 9 Commentaires