Dominique Grandmont – le spectacle n’aura pas lieu ( extrait 01 )
photo Josef Südek
De sorte évidemment qu’ils seraient là sans l’être sous la peau déchirée des murs où des lambeaux d’annonces dessineraient pour eux une carte inconnue peut-être
un quartier comme un autre ces cafés agrandis par la résonance construits tout en longueur pour qu’on ne puisse pas compter les silhouettes ni trouver l’entrée
Un tel silence pourtant le samedi après-midi les guêpes s’énervaient tu le lui disais un peu plus quand on entendait l’hymne national qu’on se serait cru dans un studio après quoi dans des cours envahies d’herbes folles qui atteignent la poitrine ou bien quand tu t’arrêtes en plein milieu d’une phrase la lumière est si fausse que toute la ville est vide
C’est seulement quand ils tournaient la tête qu’on s’apercevait qu’ils n’avaient
qu’un seul profil et pas de visage ou restée dans les yeux mais verts tu l’oubliais toujours comme à travers une vitre l’ombre sans vêtement une route sur la colline
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du chapitre « L’autre côté du vide »
« Le spectacle n’aura pas lieu » a été publié chez messidor 1986, dispo aussi en version numérique.
Gerrit Kouwenaar – Je n’ai jamais …
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Je n’ai jamais rien tenté d’autre que :
tirer des pierres la douceur
tirer de l’eau le feu
tirer de la soif la pluie
cependant le froid me mordait
le pain était salé ou sucré
le soleil un jour vibrant de guêpes
et blanche d’ignorance la nuit
ou noire comme il se doit
parfois, je me confondais avec mon ombre
comme on confond le mot avec le verbe
le squelette avec le corps
jour et nuit étaient souvent de même couleur
sans larmes et sourds
mais jamais rien d’autre que :
tirer des pierres la douceur
tirer de l’eau le feu
tirer de la soif la pluie
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traduit du flamand par Lena Westerink