Alda Merini – rêves
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Le rêve se lève souvent et marche sur ma tête comme un elfe,
un tout petit elfe qui me dérange mais m’amuse aussi.
Combien de rêves ai-je faits ! J’y ai vu quelquefois une lueur magique, il s’agissait parfois de rêves lourds comme des pierres posées dans le centre du cœur.
Moi ces rêves je les ai tous acceptés : les formes me plaisent, qu’elles viennent ou non de l’inconscient.
Si elles venaient de l’inconscient, j’en recherchais l’origine.
Il s’agissait de toute façon de rêves magnifiques, pleins de couleurs, de rêves qui disaient “allez lève-toi ! la vie est belle ; elle est comme nous l’enseigne la nature, elle est toujours au-delà de l’angoisse”.
Et alors je m’asseyais sur mon lit et les rêves disparaissaient et l’air pur du matin entrait et mon corps devenait une merveilleuse statue, la statue d’un guerrier prêt à combattre et à se battre pour sa propre journée.
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extrait de « D é l i r e a m o u r e u x »
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Leeli – Au sujet de lui et autres considérations
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Au sujet de lui et autres considérations
À toi qui l’aime tant
Puis je l’aimer un peu
Ce champ jaune immense
Un Matisse, une mer
Un Dragon sans malice
Où j’ai trouvé en friche
Un terrain mouchoir
Couvert de ronces
Mais foin fou fastueux
Sol sensible tu le sais et j’en passe
J’y ai posé une tente
Bleue ça va de soi
Et j’y dors le soir
Longtemps
Et toi qu’il fait rire
Faconde féconde étonnante
Tu aimes comme moi ce sourire
Certainement
Comme un fauve en cavale
Un pur sang
Sans boulier, ni bolo
Ni attaches
Vous…
Fous de bataille les frères
Deux chiens extravagants
Toujours en joute, en mêlée en tournois
Feintes et valses de mots
Poings sur les I
Virgile en virgule et point final
Je vous envie ce baroud
Et j’en garde le soir
Les mains bien à plat
Le repos du guerrier
Leeli
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Ulysse est de retour ( RC )
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Ulysse est de retour – c’est ce qu’il paraîtrait
Mais se souvient-on, encore de ses traits ?
Ou le reconnaître à quelque chose, peut-être sa bague ?
si son corps émerge un jour d’entre toutes ces vagues…
Or comme la chance tourne, aussi, les vents contraires
Permettent avec Neptune, un retour vers la terre
Contre les sorcières — des efforts insensés
Pour retrouver l’épouse, le pays ( au diable la Circé !)
Non loin d’une petite île, la mer Egée, porte son épave
La côte dentelée, chuchote un murmure, d’entre les agaves,
Les pins , les figuiers , jardin méditerranéen, de Picasso
Les fenêtres ouvertes, la terrasse blanche, et les plantes en pots.
Le voila debout, couvert d’algues marines,
Et sa cuirasse, au cuir d’auréoles salines
Entreprend, blessure oblige, une ascension lente
Glissant des cailloux, que fatigue sa pente…
En route pour sa demeure, il tient à la main
Une lance brisée, un filet d’oursins..
Le retour fera la une, il va falloir que l’on danse
————-Après de longues années d’absence.
Les animaux le reconnaissent d’abord, – têtes curieuses
Des récits du guerrier, pêche miraculeuse
Les centaures,, les nymphes et les chèvres
Chouettes et hiboux, taureaux – et même les lièvres
Ne se souviennent ni d’Hélène, ni de Troie
Mais du héros au regard lointain ( ou bien à l’étroit )
Car, bien au-delà de l’horizon des mers
Selon l’odyssée rapportée par Homère,
Il faut oublier le sang versé, et les larmes
Enterrer les compagnons perdus, et les armes.
Le repos du guerrier évoque les femmes-fleur
La paix retrouvée diffuse du bonheur, l’odeur,
Pour célébrer » la joie de vivre «
Avec Bacchus à s’en faire ivre…
Notre héros est de retour ! La célébrité !
Devant quand même décliner, son identité…
Pénélope, ses prétendants à l’amour
Ne comptaient plus ( après un tel détour)
Qu’ils puissent perdre leur pari
Et la dame, sa patience » en tapisserie »…
Qu’elle défaisait , après le jour , la nuit,
N’a pas dormi, pour mieux tricoter son ennui
L’araignée nocturne, amante pieuse, re-défait sa toile
Comme faisant des voeux, ou porter le voile,
Fait de ses semaines,une longue chaîne de patience
A refaire les gestes, les mêmes, en permanence
Mais guettant l’horizon, et sa moindre barque,
Attendant Ulysse – lui seul sait bander son arc…
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RC 16 juin 2012
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– ( et liens sur six oeuvres de P Picasso)