Pour compléter la playlist – ( RC )

Tout commence en ouvrant les dossiers.
Je cherche de la musique,
pour compléter la playlist.
Je trouve des trucs pour la soirée.
Faut c’qui faut…
Cocktails en tout genre,
boules de lumière
fauteuils profonds, rideaux de velours
ambiance soft, affiches de cinéma,
cadres à l’ancienne sans photos d’ancêtres…
ça commence bien,
ça déménage et monte en puissance…
batterie, solos de guitare,
le chat rayé qui détale,
une bouteille renversée,
un verre cassé,
la tache sur le tapis
qui s’élargit.
C’est juste avant le slow,
vite, des papiers journaux !
Je tombe sur ta voix,
je ne l’avais pas reconnue.
La voilà qui se dresse
appelle le silence,
et tout est avalé, le moindre son,
le cramoisi du velours,
les cocktails évaporés,
le chat collé au plafond,
l’électricité coupée,
les cadres rétrécis…
mais seulement la voix
verticale au milieu du salon
qui provient d’on se sait où.
Tout le monde est saisi
n’esquisse plus un geste,
tout devient gris
rentre dans le passé,
immobilisé dans le papier glacé
à même la photographie,
juste avant l’oubli…
Françoise Gérard – Arpèges

Si peu
trois mots
deux silences
le soupir de la lune
l’eau claire d’une nuit d’été
la chanson douce des étoiles
du bout des doigts sur la corde d’une guitare
dans le jardin parfumé de jasmin
quelques notes en cascade
éclaboussent les passants
en riant
voir le site de l’auteure
Patricia Fort – Dans ma valise
peinture David Lisboa » boîte en valise »
Dans ma valise il y a…
Vos prénoms et le mien
Qui se tiennent par la main
Nos nuits de bohémiens
Des contes et fleurettes
Des rires sous couette
Des sax et des rôles
Bad pas t’es pas drôle
Des boucles bleues
Des cernes sous les yeux
Nicolaï qui s’enjaille
Et nos voix qui s’éraillent
Une écharpe de ciel
Qui me sied à merveille
Des clés de portail
Ma mémoire qui défaille
L’or des blés
La blancheur de l’été
Une corde de guitare
Mais non il n’est pas tard
Le grenier de la France
Et celui de mon enfance
Une madeleine et un marcel
Des souvenirs en dentelle
Un décapsuleur
Des biscuits et du beurre
Une espadrille orpheline
Nos doutes en sourdine
Cinq chemins au levant
Le soleil au couchant
Un sentier pour nos pas
Avec des pierres çà et là
Valentino et des abeilles
Nos bouches groseille
Nos cœurs à l’unisson
Des rimes , des chansons
Une petite fille oubliée
En jupe plissée
Queue de cheval
Des amours qui se font la malle.
Dans ma valise bien rangée
Un voyage immobile
Une parenthèse, une île
Vos vies là, devant
La mienne qui attend. »
© Patricia Fort. – Artenay 17 juillet 2013.
Jean-Pierre Duprey – Une station de vie
–
J’ai dominé toute une station de vie
Ma première enfance est entrée dans la pierre
Mes premières larmes sont sorties avec les passereaux
J’ai vu un Dieu, j’ai vu les hommes
Et mes yeux ne se cherchent même plus
Hier je suis allé sur la montagne qu’habita la lune
Et je suis revenu le cœur plein de tristesse
Il ne me reste plus qu’un souvenir et une guitare brisée
Un saule pleureur se dépouille et m’habille de larmes
Qu’est-il de plus triste au monde que de partir sans chanter
–
Gouttes de sons (RC)
Aquarelle Pierre-Gilles
Quelques gouttes de sons
de la gamme basse
S’extraient du gros caisson
Et font vibrer ma tasse
Et le saxo se déhanche
Le rythme s’accélère
Les doigts courent sur le manche
en accords réverbères
La mélodie s’envole,
Volutes de vapeur s’infusent
Variations en mineur sol,
Que les projecteurs diffusent
Tournicotent et balisent
Basse et guitare mélangées
Beck et Tal improvisent
Rythmes et phrases orangées
C’était la couleur de sa robe
Devenue soudain soie – bleue
Et que la danse enrobe
Nouvel oiseau de feux
Du chapeau plat de Lester
En forme de tourte « pye »
Clamant, blues solitaire,
Mingus , et son « Goodbye »
Aux visages couleur-de-cigare
Perdus dans les ronds de fumée
Que, seuls, la musique réparent
A la saveur du café, exhumés.
Au gouttes de sons , en phase
Autour de la basse électrique
Montent d’autres phrases
En gerbes, couleurs prolifiques
Se séparent et culbutent
En tierces augmentées
Alors que le public exulte
En vagues, mouvementées
RC 11 fev 2012
–
Créé à l’évocation de « Goodbye Porkpye Hat », ( l’interprétation qu’en fait Jeff Beck, et Tal Wilkenfeld) — et plus généralement, des musiques de Charles Mingus
L‘interprétation du morceau ( par J Beck)… sur YouTube
— disponible sur l’album « Wired », et Beckology
et en s’éloignant de Mingus, vers une version plus rock, retrouver Tal Wilkenfeld et Jeff Beck en duo sur BlueWind, un peu « démo », mais toujours musical.