Ashley – automne

automne
un jour sans vent,
au sommet de chaque fleur
un papillon
(Autumn)
A windless day —
On top of every flower,
A butterfly.
Des rivières si profondes – ( RC ) – haïku
Les rivières si profondes,
tes yeux transparents,
la lune s’y reflète .
La course de l’ombre sur l’herbe – ( RC )
Avec la course du jour, sur l’herbe
l’ombre de l’arbre marche
à pas lents , sans l’écraser .
–
RC – juin 2017
Marie-Andrée Balbastre – l’oeil ovale ( haïku )
photo perso – puits « romain » vers Champerboux ( Lozère ) septembre 2016
infiniment profond
le ciel
dans l’oeil ovale du lac
Masaoka Shiki – hortensias ( haïku)
–
Pluie d’automne
les hortensias
se décident pour le bleu.
–
Masaoka SHIKI
–
et en rapport ce petit texte d’ Ed Rostand:
Il est quelque part un massif d’hortensias bleus qui frémit d’un rêve. » [Edmond Rostand]
Pierre Mhanna – Amour et silence .
–
Amour & Silence
( 12 petits textes comme des haÏkai de Pierre Mhanna)… consultables dans la langue d’origine, sur son site…
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Silence cristallin,
au cœur d’une goutte de rosée
la fusion dans le ciel.
~ Cadence de silence –
Un troupeau de papillons
Brûlant dans mon âme.
~ Dans ton éclat de simplicité
coule ma vie
toi fleur de jasmin.
~ Silence crépusculaire,
ma vie luisante
dans la première étoile de la soirée.
~ Vaisseau de silence,
Que les cires d’un coeur vide
soient plus étendues que le ciel.
~ Comme l’aube
Cajole la fleur
Votre souffle dans mon coeur
~ Silence résonnant,
La dernière voix du crépuscule
fusion des gouttes de vin dans le ciel.
~ Disparus bientôt
ces nuages mouvants,
crépuscule du silence.
~ Soleil du matin,
chaque goutte de rosée
une fleur.
insouciant le papillon
au milieu des fleurs blanches,
un nuage dans le ciel.
~ ton parfum
Avec la brise de l’aube
M’appelait à la maison
~ Mes yeux
– deux étoiles arrosées
dans la mer de ton feu.
– (tentative de traduction – interprétation : RC )
LOVE & SILENCE
Crystalline silence,
the heart a dewdrop
melting in the sky.~
Cadence of silence –
A flock of butterflies
Burning through my soul.~
In your simple glow
my life flows
you jasmine flower.~
Twilight silence,
my life shining
in the first evening star.~
Vessel of silence,
The empty heart waxes
Wider than the sky.~
As the dawn
Coaxes the flower
Your breath in my heart~
Resonant stillness,
The last voice of dusk melting
Winedrops in the sky.~
Soon to vanish
these moving clouds,
twilight silence.~
Morning sun,
every dewdrop
a flower.~
Carefree butterfly
amid the white flowers,
one cloud in the sky.~
Your scent
With the dawn breeze
Calling me home~
My eyes –
two stars doused
in the sea of Your fire.
Katica Kulavkova – sécrétions
–
Ne restera de nous
qu’un épanchement discret
proscrit
menu comme un haïku comme une pointe
menue parce qu’ éloignée
– comme le soleil
ce dépôt vivant
où avec le temps
nous nous sommes fondus
spasme après spasme, goutte après goutte
comme des donateurs de sang
il restera au fond
ni la sécheresse ni la soif
ne nous aideront
à goûter à la sécrétion,
à recracher, à rebours.
Se déposera aussi
ce qui s’égouttait par erreur
le long de la fissure
où une vie se continue dans l’autre.
Notre voracité et nos appétits seront apprivoisés
Et rééduqués : nous répondrons
à des noms étrangers
Comme à nos propres.
La fidélité est temporelle, ah les meurs !
Le ciel ensuite tel un spéculum gris
sera embué par notre chaude haleine :
Simple preuve qu’il fait froid,
glacial
le fond
Silhouette élégante ( en forme de haïku) – ( RC )

Sculpture: Germaine Richier – Musée Grimaldi ( Antibes 06 )
–
Sous le regard étonné des nuages
Mer et tant d’azur, pas de Bouddha,
Ta silhouette élégante vient vers moi.
Nuit de coton ( RC )
–
Nuit de coton, Lit, mon ami
Ecrits du noir, mes yeux clos
Papier d’âme au repos
pastel perso: « basse continue » acrylique sur papier 1989
–
Douleur orange ( RC )
peinture : W Turner – Sun Setting Over a Lake-
Comme tu es loin … !
Plaquée en ombre sur le soleil
Aveuglé, d’ une douleur – orange.
–
RC – 26 avril 2013
–
Fabienne Verdier Calligraphe ( RC )
A l’apprentissage
du labeur quotidien
haiku , l’air de rien
Science – infuse ?
sur la page vierge
le geste fuse
Gestes libres
Poignet en mouvements
Effleurement de page
Le pesé, le léger
Le pinceau, la main
Le rapide, le retourné
Mes mots sont mon encre
Et mon encre mes mots
Graphie sans retour
Grains de surface
Calligraphie – l’unique
Poème d’encre
–
RC – 2 avril 2011
— voir aussi les articles consacrés à F V dans les carnets de JLK ( Jean-Louis Kuffer)
–
Setsuko Shimizu – Fleurs d’acacia ( haïku )
photo Phillip Stearns : Hadar_Solar_Acacia
–
Fleurs d’acacia –
De petites étoiles
se réunissent dans la nuit
Setsuko Shimizu
Monique Lévesque – été ( haïku )
–
Monique Lévesque (Baie-Comeau, Québec)
photo Clitie Garretson
–
Été :
midi sur les arbres
une estampe de feuille
au sol
extrait de la revue du haïku, n°29
–
Basho – – Tiphanya ( haïku )
La marée s’est retirée
oubliant le ciel étoilé
dans le creux d’une roche
– Tiphanya : de Basho,
–
Feuille, vent, chat ( RC ) – haïku
–
feuille jaune a tournoyé
Sous la main du vent, déposée
La tête du petit chat, coiffée
–
RC
octobre 2011
–
Chyo-Ni – le fil de la canne à pêche ( haiku)
En allant flâner sur « encres du monde », et donc voir les textes mis en ligne..
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Haïkus de la poétesse Chyo-Ni (1703-1775)
Le fil de la canne à pêche
effleure
le clair de lune.
–
Le temps d’un haïku – matin de givre
matin de givre –
l’ombre blanche
des peupliers
texte extrait de « Le temps d’un haïku » de Damien GABRIELS
voir son site – blog http://carnets-haijin.blogspot.com
—
— écrit qui vient rejoindre mon texte précédent « traces du matin dans le givre »
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Nicolas Vasse – tubes d’éclats souillés

palette et tubes de ant.photos, voir http://www.flickr.com/photos/antphotos/2530684415/
tubes d’éclats souillés
rouleaux sourds du vide
des fioles
des tiges à froufrous
l’établi sale et épais
récif corallien
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bel écrit, simple et évocateur, à la manière d’un haiku, que l’on peut trouver ici
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Philippe Vallet – sous la main mon souvenir
Philippe Vallet est l’auteur de nombreux haikai, dont certains sont visibles sur cette page, voici l’un d’eux
sous la main mon souvenir
d’un chemin presque rectiligne
j’ai froid aux pieds
Marie-Jeanne Sakhinis – le lavoir
Traces de savon
le lavoir en léthargie
garde silence
Marie-Jeanne Sakhinis
Richard Brautigan – « Le Silence de la langue »
Richard Brautigan c’est cet écrivain américain de la « beat generation », qui a fait toutes sortes d’écrits et petits textes, un peu étranges, à la façon haïku américanisée ( d’ailleurs il se réfère souvent au Japon)…
« Le Silence de la langue »
Je suis assis ici maladroitement seul dans un bar avec un réalisateur de cinéma japonais très intelligent qui ne parle pas anglais ni moi le japonais.
Nous le savons les uns les autres, mais il n’y a personne ici pour faire la traduction.
Nous avons parlé auparavant.
Maintenant on fait semblant de s’intéresser à d’autres choses.
Il écoute de la musique sur le phonographe, les yeux fermés.
Je le couche sur le papier. Il est temps de rentrer à la maison. Il me quitte le premier.
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R Brautigan est l’auteur, entre autres de « Tokyo-Montana express »,
« Sucre de pastèque »
« La pêche à la truite en amérique »
« l’Avortement »
« Willard et ses trophées au bowling »
« La revanche de la pelouse »
c’est sans conteste un de mes favoris
Fabienne Verdier, calligraphe – sur le site de JLK
—–
Fabienne Verdier ou l’abstraction vitale
ENTRETIEN Un livre magnifique, rassemblant ses œuvres et un entretien avec Charles Juliet, illustre la démarche exemplaire de l’artiste.
Le parcours existentiel et artistique de Fabienne Verdier fait figure, pour beaucoup, de véritable leçon de vie. Initiée à la calligraphie traditionnelle au fin fond de la Chine, au lendemain de la Révolution culturelle, ainsi qu’elle le raconte dansPassagère du silence, l’humble disciple de Maître Huang Yuan est aujourd’hui une artiste de renommée internationale. Est-ce pour autant une « star » ? Le prétendre serait ne rien comprendre à ce qui l’anime ni à ce qu’elle vit…
– Qu’est-ce qui, depuis votre rude apprentissage en Chine, a changé pour vous ?
– Pour l’essentiel rien n’a changé : j’en suis toujours à me battre pour me construire, et ce n’est pas plus facile aujourd’hui que dans mes périodes d’apprentissage les plus rudes. Cela tient d’abord au fait que la relation au monde actuel est très difficile. Le monde de la consommation fausse notre rapport à autrui autant qu’il menace chacun de nous. J’ai tout à fait conscience, par exemple, du danger que représente ce qu’on appelle le marché de l’art, auquel je participe pour vivre de ma peinture, mais avec réticence, sans aucun goût pour les mondanités, et je sens que plus ça ira et plus je m’enfermerai. Je constate que plusieurs de mes camarades artistes chinois, qui crevaient de faim quand je les ai connus, gagnent aujourd’hui des millions de dollars. Je m’en réjouis pour eux, mais l’art est autre chose pour moi qu’un moyen de se faire de l’argent. On n’a pas idée des sacrifices qu’il représente, et je me refuse d’ailleurs à produire pour vendre.. Je tiens à rester rare afin de préserver mon intégrité ; en fait je me bats contre le marché ! Par ailleurs, je détruis 80% de mes travaux. Ceci dit, je viens de passer deux mois durant lesquels, ayant à présenter mon livre en Belgique et en Suisse, j’ai fait d’innombrables rencontres à la fois émouvantes et stimulantes : de jeunes gens qui doutent de tout et que ma démarche encourage à poursuivre une recherche personnelle ; de vieilles personnes aussi qui me disent que ma peinture les aide à vivre ; et cela va plus loin que la jouissance esthétique : cela touche au sens de la vie. Bref, on me rend au centuple ce que j’essaie de donner.
– Le grand collectionneur zurichois Hubert Looser vous a comparée aux maîtres de l’abstraction lyrique américaine, avant de vous inviter à « dialoguer » avec De Kooning, Cy Twombly ou Donald Judd par des créations qu’il a incorporées à sa collection. Comment l’avez-vous vécu ?
– Looser a découvert mon travail à Lausanne, à la galerie Pauli, puis il a débarqué dans mon atelier avec toute une documentation qui m’expliquait la parenté de mes recherches avec celles de Kooning, de Pollock ou de Barnett Newman, dont je ne me doutais pas. Or j’ai trouvé, chez ces peintres, une préoccupation spirituelle fondé sur des recherches que j’ignorais, recoupant la mienne. Jusque-là, je ne comprenais pas l’art radical d’un Donald Judd. Or la proposition si généreuse de Hubert Looser, de créer des œuvres en résonance avec ces maîtres m’a révélé leurs univers tout en m’aidant à mieux définir la spécificité de mon abstraction.
– Dans quelle mesure celle-ci participe-t-elle encore de sa source chinoise ?
– Il est évident que l’enseignement de mon maître reste une base fondamentale, avec tout ce qu’il implique. Les bâtonnets primordiaux, mais aussi la transmission d’un souffle immense. Ainsi je voulais que ma peinture s’ouvre à une dimension plus universelle, et c’est le sens aussi des grands formats que j’investis comme des paysages. Je m’y promène, J’y rêve. Par rapport aux abstraits américains, je ne me sens pas, comme eux, démiurges tout-puissants, mais plutôt dans la lignée du non-vouloir et d’une connaissance purement intuitive. Ma peinture est une peinture d’au-delà du désir d’art, elle s’accorde à une notion que le bouddhisme appelle l’« ainsité », exprimant avec fulgurance ce qui est ainsi, ce qui doit être ainsi et pas autrement. Sans jugement de valeur, « cela » chute dans le réel. Je foudroie la forme. C’est le sens de l’expression « entre ciel et terre ». Le tableau prend forme parce qu’on est en plein accord avec cette verticalité. J’ai alors le sentiment de travailler dans une sorte de mémoire primordiale. Nous sommes tous des fragments de mémoire. Je ne suis, pour ma part, qu’une petite tête chercheuse de cette mémoire incommensurable. Il y a en chacun de nous des milliards d’univers « à naître », et cette alchimie intérieure qui entre en résonance avec la nature – fondamentale pour moi – mais aussi avec les œuvres les plus diverses, les mystiques du moyen âge ou Gabriel Fauré, Leopardi ou Hofmannstahl, entre tant d’autres rencontres vivantes ou posthumes, constitue l’ « encre » d’où se précipite le trait de pinceau…
Ainsi fulgure la beauté
Un formidable trait vertical de pinceau rouge sur fond vert (couleurs de la passion) et le titreEntre terre et ciel, constituent le fronton du magnifique ouvrage faisant suite (notamment) àL’unique trait de pinceau (Albin Michel, 2001), où se trouvait illustré, non moins somptueusement, la passage de l’œuvre calligraphique à la peinture, et à Passagère du silence (Albin Michel, 2004), récit de l’apprentissage et des tribulations chinoises de Fabienne Verdier. Devenue peintre à part entière, accueillie dans le gotha de l’art contemporain par le truchement de la galerie lausannoise d’Alice Pauli, Fabienne Verdier nous fait entrer ici dans le jardin secret d’île-de-France où, loin de la rumeur du monde, dans le voisinage privilégié de la nature, elle exerce son ascèse créatrice. Un entretien de haute volée, avec l’écrivain Charles Juliet, nous éclaire sur le processus de cristallisation de l’œuvre, de la plus simple donnée quotidienne à la plus profonde méditation, alors que deux reportages photographiques (un portrait en mouvement de Dolorès Marat et un aperçu du Rituel du feu, signé Naoya Hatakeyama, par lequel l’artiste brûle impitoyablement ses « ratés ») nous font approcher la réalité physique du travail de Fabienne Verdier, pour lequel un atelier avec « fosse à peindre » a été construit par l’architecte Denis Valode. On se rappelle alors que cet art de l’épure extrême procède d’un véritable combat, évoquant une sorte de danse de tournoyant derviche, avec un pinceau plus grand que l’artiste, suspendu au plafond et tenu verticalement, dont le trait va saillir comme une foudre liquide. Fascinante « visite », que prolonge l’émerveillement de quatre-vingt peintures admirablement reproduites, où la beauté fulgure.
Fabienne Verdier Entre terre et ciel. Texte de Charles Juliet. Photographies de Dolorès Marat et Naoya Hatakeyama. Albin Michel.
Charles Juliet. Entretien avec Fabienne Verdier. Albin Michel, 73p. (ce petit ouvrage constitue l’édition séparée de l’entretien figurant dans Entre terre et ciel)
Cet entretien a paru dans l’édition de 24 Heures du 18 décembre 2007.