Au hasard des rues – (Susanne Derève)-

Je prenais des rues au hasard
et le hasard me prenait parfois au coin des rues,
parfums que dispersait la brise, de jasmin étoilé,
celui des roses au plein été.
Grappillés aux tonnelles, aux claires-voies des chemins,
à l’ombre des fontaines ( j’y plongeais les mains )
sonnaient une chanson comme le temps à boire,
un accord de piano, un rire nu, un cri,
des gorges renversées au soleil de midi.
– Faut-il avoir les paumes ouvertes pour recevoir –
Mais dans l’angle des porches, aux portes dérobées,
fusaient parfois des pleurs, des injures,
des mains levées.
Ce n’était plus la gouaille, la candeur du jour,
la rose ou le jasmin – ni les chansons d’amour – ,
c’étaient le caniveau, le grondement des chiens,
le ru où la misère levait ses fantassins.
Je fuyais au hasard cherchant d’autres chemins
et mes errances m’y ramenaient le lendemain…
Quelques pas de côté – ( RC )
Quelques pas de côté,
et me voilà, jonglant avec les quatre éléments.
Je m’élève sur un cheval ailé ,
sens le battement de coeur du monde
entre mes mains.
Un petit saut encore,
et je suis au milieu du firmament.
Je tire sur les fils de lumière ,
et ces ciels si changeants,
que je détourne la géométrie du temps.
Je suis parti te chercher,
et voyage encore sur des terres de hasard,
des chemins qui ne mènent nulle part,
et se retournent sur eux-mêmes ,
menaçant la voie lactée …
C’est que ton dessin m’emporte
bien plus loin que je ne pensais,
ton passage a dû s’inscrire dans les refrains
d’une chanson dont j’ignore les couplets.
A chaque pas que je fais, je m’y perds.
Je m’y perds encore.
Ivresse – (Susanne Derève) –

Vivrons nous du souffle léger de Décembre - pierre tendre et tuiles rondes - et des rameaux du grand hiver rouges dans le bleu du ciel, de la promesse des bourgeons sur le bois nu, du dernier sursaut de l’automne, - ivresse, de vin rosé , de vin jeune et de pourpre, de chais silencieux - de l’or paresseux du jour, un boisseau d’ocres et de velours, de verts enluminés de pluie, de l’éclat chancelant du vitrail et de l’offrande de la nuit miroitant de l’averse, une ville à nos pieds, brouillée d’ombre et de vent, de nos mains jointes et refermées innocemment sur la fortune et le hasard, comme on braconne des rêves épars sur les terres blondes de l’été avant que ne l’emprisonnent les neiges blanches de Janvier
C’est juste le hasard, qui m’a placé là – ( RC )
Je n’ai qu’à ouvrir les yeux,
après la nuit,
pour me lancer dans l’aventure,
– car j’ai tout oublié d’avant – ,
et chaque matin
est un nouvel apprentissage,
une nouvelle enfance.
C’est avec elle, que je dois progresser,
apprendre à marcher .
J’essaie de reconnaître les choses,
qui se penchent sur moi,
je leur donne des noms,
qui semblent venir d’une autre langue,
et ne sais qu’en faire.
C’est juste le hasard,
qui m’a placé là .
–
RC – janv 2018
Alain Helissen – ( my life on a horse back ) 10027810

Quine Chevalier – Neige conçue 4
Neige conçue
dans la trace dévoilée
l’arbre l’air l’ardent
trois prières
un feu vers lequel
tendre les mains
et l’oiseau me tire
d’un rêve
je blottis ma joue
sous le ventre des nuits
Au hasard du chemin
la prairie démêle
oublié sous la glace
le tison chantant
d’un fruit venu
Au coeur de la pierre – ( RC )
Caché par le lent défilé des années
Un gemme, comme une larme brillante
s’est dissimulé dans l’obscurité ;
et il faut un hasard heureux
pour la retrouver.
Aussi, tu vas demander à la pierre
comment aller vers elle,
quel sésame te permettrait
d’ouvrir les portes du minéral.
Comment le fossile est-il parvenu
au coeur de la roche ?
La pierre ne sait pas quoi te répondre.
Son langage s’est cristallisé ,
mais tu finis par comprendre
qu’il n’y a pas d’autre porte
que celle de la patience.
–
RC- nov 2016
( D’après un poème de Wislawa Szymborska : Conversation avec une pierre )
Hidden by the slow passage of the years
A gem, like a bright tear
was hidden in the dark,
and must serendipity
to find her.
Also, when you’ll ask the stone
how to get to it,
what sesame could
open the doors of the mineral.
How the fossil managed to go
into the heart of the rock?
The stone does not know what answer to you.
Its language has crystallized,
but you finally understand
there is no other door
than patience.
Les héros du pays sur des chevaux de bronze – ( RC )
photo: Place de la Victoire- Bordeaux
Je suis venu par hasard ;
j’ai vu sur de grandes places,
des héros du pays,
dressés sur des chevaux de bronze,
et l’oeil vide
sous l’air confiné
par des nuages lourds ,
des graffitis inscrits sur le socle.
Je ne connais pas leur nom,
et d’ailleurs quelle importance …
Ce seraient comme des figures,
échappées de l’histoire,
inscrivant les conquètes ,
ou des dirigeants politiques
dans le métal ou la pierre :
davantage de militaires que d’écrivains.
Mais tout évolue,
et les statues des dictateurs,
sont promises à la chute,
comme l’a été le mur de Berlin.
Quelques fragments sont conservés
dans les musées,
plus comme témoignage
que pour leur valeur artistique.
On installe maintenant
des oeuvres plus énigmatiques
ne prenant leur sens qu’avec la matière
et la forme qu’ils adoptent .
Elles sont souvent clinquantes,
issues d’un courant à la mode
mais promises à un avenir aussi éphémère
et seront bientôt remplacées .
Ainsi c’est la décision des élus locaux
d’ériger dans l’espace public ,des monuments,
dont on penserait qu’il y a quelque chose à voir avec la ville :
On se demande quelle relation entretient ,
une tortue avec des grappes de raisin,
voisinant un obélisque .
Mais il ne faut pas chercher trop loin,
les touristes trouvent bien pratique de s’appuyer dessus .
le livre est trop pesant – ( RC )
–
Si le livre est trop pesant,
et la lumière faible,
alors, je ferme les yeux
sur le défilé des pages.
Ce qui se passe dedans ?
j’ignore encore
ce que réservent
les détours de l’histoire.
Elle se déroule sans moi.
Ce sont des récits secrets
auxquels d’autres
pourront accéder.
En attendant me voila reparti
derrière le rempart du sommeil,
avec l’âme qui s’invente
tout un parcours.
C’est comme un insecte
prisonnier dans une boîte
dont les elytres
heurtent les bords.
Il en cherche la sortie,
et le rêve, de même
voudrait repousser les remparts,
en écarter les limites
pour vivre sa vie aventureuse,
détachée du corps,
et des cieux intérieurs
pour s’élancer au-dehors
hors de la conscience,
avec beaucoup de choses
encore inconnues ici :
de la musique, des odeurs
et une couleur de l’arc-en-ciel
qu’il faudrait inventer,
car on ne peut pas la saisir :
elle s’échappe comme le temps
elle est toujours en fuite,
traversant le noir
avec ses propres images
que l’on retrouve en désordre
quand par quelque hasard
on en trouve des traces,
éparpillées au petit bonheur
lorsque le réveil sonne.
Le livre est fermé,
tout à côté,
et on pourrait penser
que des idées ont filtré
dans l’espace nocturne,
comme un joute silencieuse,
une sarabande où les astres
se combattent
et rusent avec l’esprit :
la logique est abolie,
tout est alors possible,
et juste quelques bribes
se retrouvent au matin.
Il faut faire attention
car ces traces fragiles
disparaissent rapidement
– ainsi des bulles éphémères,
lorsque la lumière
commence à filtrer
à travers les volets .
–
RC – oct 2016
Janos Plinszky – Estaré mirant-ho
photo: Matthieu Grymonprez état de Kerala Inde
Je regarderai l’eau couler
les chemins hésitants et tendres ,
l’écriture où se mêlent douleur et hasard ,
leurs longs dessins,
-
sur des pierres mortes
sur des visages vivants –
Je les regarderai avant
de mériter l’oubli .
Henri Rode – Le monstre
LE MONSTRE (fragment)
« Je vois le monstre de préférence (et c’est toujours ici de préférence qu’il s’agit) dans l’objet, le légume, le résidu dont on a su d’abord tirer usage, le fruit pressuré et la montre écrasée, pour les rejeter ensuite dans un coin où l’objet, le fruit, la montre, etc., poursuivent leur existence inutilisable.
Prenons ce tas de pelures d’oignons roux laissé au milieu du fenil apparemment oublié de Dieu et des hommes, une humble toison à peine dorée d’un rayon et qui ne donne au préalable aucune impression de protestation ni même d’existence, qu’un distrait pourrait fouler aux pieds, une araignée traverser sans risque, un balai balayer sans remords. Je songe : trop facile de te passer de toi pour expliquer. Et c’est pourquoi je repasse. Je ne veux pas donner dans le panneau.
C’est au contraire avec un grand souci de sympathie que je me penche sur le tas de pelures. Je les fouille, les sens, des monceaux de vers doivent les travailler mais ici mon observation est courte. Je pourrais expliquer la larve plus l’éclosion sans aboutir à aucune satisfaction personnelle. Chercher une ressemblance n’est jamais le fait du hasard mais d’un besoin intérieur, d’un rassurement dirai-je.
Pour me rassurer quant à la destination de ces pelures prêtes à se dissoudre en poussière, il me faut une expérience neuve et définir pourquoi, pourquoi ? Chaque fois que je passais près du tas et quel que fût mon état d’absence une tristesse incompréhensible me prenait, pourquoi tout déchet, tout objet délaissé dans un coin ne me semblait jamais tout à fait fini ni inutile, et pourquoi en fin de compte mon utilité au jour ne me paraissait ni plus certaine ni plus étonnante que celle du moindre objet, pour peu que je descende aux sources de la création. »
Henri RODE in « Cahiers du Sud » n° 293 (1949)
Cela vaut le coup d’essayer ( un jeu qui en vaut la chandelle ) – ( RC )
–
Il faut miser sur des cases,.
C’est la règle du jeu,
Un peu comme à la marelle.
On se déplace,
puisque c’est le hasard qui décide,
D’un jet de dés.
Le voyage se fait,
de façon instantanée:
On peut passer de la passion,
à la prison – sans transition.
Si c’est un jeu…
qui donc en édicte les règles ?
Le jeu en vaut-il la chandelle ?
mais tout au long de l’existence,
A passer d’une case à l’autre ;
On ne sait quelles sont les chances
de finir sur la case « ciel ».
Les prêtres ont à ce sujet leur idée,
mais il se pourrait, vu ce qu’on connait,
qu’elles soient orientées…
Le mathématicien parlerait de probabilités,
mais tout le monde ne termine pas en même temps,
ni dans la même case…
> » un jeu qui en vaut la chandelle »…
mais celle-ci se consume
inexorablement. La flamme s’abaisse.
Au final, la dernière case se remplit
de cire fondue,
avant que la mèche tombe,
et ne s’éteigne pour de bon…
mais où, précisément ?
je ne peux vous répondre.
–
RC- juin 2015

photo: affiche d’Amnesty international contre la torture
François Piel – Tout hasard
–
–
TOUT HASARD
Cela pouvait arriver.
Cela devait arriver.
C’est arrivé plus tôt
Plus tard
Plus près.
Plus loin.
C’est arrivé
Mais pas à toi.
Sauvé, car tu étais premier.
Sauvé,
car tu étais dernier.
Car seul
Car du monde.
Car à gauche.
Car à droite.
Car la pluie tombait
Ou l’ombre.
Car il faisait soleil
Par bonheur, il y avait là un bois.
Par bonheur, il n’y avait point d’arbre.
Par bonheur un rail, un crochet, une poutre, un frein,
une embrasure, un tournant, un millimètre, une seconde.
Par bonheur une paille flottait sur l’eau.
Parce que, par suite, et pourtant, malgré tout
Qu’eût-ce été, si la main, le pied, d’un pas,
d’un cheveu d’un concours de circonstances.
Donc tu es?
Droit de l’instant encore entrouvert?
Un seul trou au filet, et tu es passé par là?
Je ne puis assez m’étonner, me taire.
Ecoute comme ton coeur me bat.
–
François Piel (1972)
Des particules, s’éparpillent dans la fête – (RC )
–
C’est juste une portée du hasard,
Quand se perd le regard…
Il s’essaie au noir,
En reliant les étoiles,
Pour en faire des figures,
Celles que l’on trouve en peinture
Les constellations se bousculent,
Dans une longue suite,
Celle des années-lumière, en fuite.
Quels miracles lient les morceaux d’azur ?
Depuis longtemps basculés dans le sombre…
Je n’en connais même pas le nombre.
Des mondes entiers, des particules,
S’éparpillent dans la fête,
Etoiles filantes , et comètes.
Il ne reste de leur passage,
Qu’une légère trace.
…. L’instant suivant les efface .
Peut-être fourbues…
Dans l’espace inter-sidéral ;
Je me sens un peu perdu
A l’intérieur , même, de cette carte postale.
–
RC- sept 2014
Du hasard est né cécité – ( RC )
photo Polly Chandler : lay your head where my heart used to be
–
Et si je prends à rebours d’autorité
A jeter les dés autrement ( sans y être invité)
Et décideront d’un autre parcours – de notre vie
C’est l’avenir qui balbutie – et qui change d’avis
Le hasard prodigue en surprises, peut avoir des revers
Et le soleil peut faire place à la journée ( à l’envers)
Plus grise et sombre qu’on l’eut souhaitée
Et nous voilà face aux décisions divines (entêtées)
La grande question, est que nous ne dominons rien
En visibilité courte de ce que nous promet le destin.
Si un ange passe, est-ce que son doigt se pointe sur nous,
Ou nous laisse dans l’ombre – au fond du trou ?
Comment savoir alors, sinon jouer les probabilités
A décider du destin, le hasard ( seul habilité),
Qui en fait tout à son aise – peut-être des miracles
Ou bien la catastrophe. ( faudrait consulter l’oracle….)
Face aux éléments… incendies, tornades, en démence
A utiliser le hasard – je me fais agent d’assurance
Si toujours, en jetant au sol les cauris
Ce sont les éléments qui me sourient
Ou bien, à subir le hasard, – et ses caprices
Passer à côté du vrai, tomber dans le factice
Etre accusé à tort, subir les supplices
Autres agréments et injustices
On peut subir le mauvais sort
Et ne jamais s’en sortir, malgré ses efforts
Tirer la courte paille, le mauvais numéro
Qui jamais ne fera de nous, des héros.
Ainsi les conscrits par le passé, pas de chance
Sont envoyés – par hasard – défendre la France
Enfin, plutôt les seigneurs et puissants
Imposant de la sorte un « don du sang »
Il se peut ainsi que le hasard m’aille
Ou bien goûter le revers de la médaille,
En étant cloué au poteau
Pour avoir perdu au loto…
—-
RC 15 juin 2012
–
Témoins discrets et obstinés ( RC )

objets abandonnés: photo images d’Yci
Restés en patience dans les greniers,
Soustraits au jour, et aux regards
Et tissés de toiles d’araignées
Et qu’on retrouve un jour, par hasard.
Les objets désuets stockés dans un coin
Gardent quelque part un message,
De leur voix venue de loin,
Leurs formes étranges, dont on ne sait plus l’usage.
Manches en bois et parties en fer,
Et l’éclat rouge des cuivres
Ce dont nous parlent les livres,
L’encyclopédie de Diderot et d’Alembert.
Les cabinets de curiosité
Les outils anciens du musée
Dont nous portons l’hérédité
A l’époque des fusées.
Le passé n’est pas éliminé
En traversant l’histoire
Les témoins discrets, se sont obstinés
En nous le donnant à voir
Et portent tout leur sens
Attendant que la mémoire nous revienne
Lorsque nous sommes en présence
Des époques anciennes…
–
Tout ce qu’on trouve enfoui
Au fond de nos tiroirs,
Petit à petit recouvert, du voile de l’oubli,
reste cependant en mémoire.
En dehors de la nôtre, pour agir ainsi
Elle voyage au-delà de l’absence,
Ou plutôt reste déposée, dans le lit de l’ici,
Lorsque la vie accumule, ses sédiments denses
Si lentement, qu’on n’a pas l’esprit d’y penser,
Cachant peu à peu , ce qui fait sa magie
En strates compactes et compressées,
Révélées par les sondages d’archéologie .
Je retrouve les traces,
De ce qui est resté tel quel
Et qui patientent, tenaces
Attendant l’action de la pelle…
Sous le manteau de la terre
On a caché ce qui fâche
Tout ce qui fallait taire
Que soigneusement, on cache
Sous le côté lisse
Et les parterres de fleurs
L’enquête têtue, peut trouver indices
Des drames et mal-heurts.
Sous les tombes muettes ,
Traces révélées de l’ADN
Ou bien , dans les éprouvettes
A remonter le temps qui s’égrène.
–
RC – 17 février 2013
Bête de Gévaudan ( RC )
Dans ces lieux, que je vous décris
Il y a toujours de ces champignons
Que l’on prend pour des lumignons
Des brumes, de l’encre et des cris..
Il n’y a plus grand monde, avant l’hiver
Quelques boeufs, pas de tracteurs
Mais seulement quelques cultivateurs
Et les environs sont déserts
Dans les labours, ils jettent le blé au vent
Comme elle est bête , du Gévaudan…
dans la forêt sombre, luisent des dents
C’était il y a longtemps, c’était avant…
Il y a des chemins qui vont au hasard
Et des bandits de grand chemin
Qui hantent les routes du destin
Lorsque le jour se fait hagard
Si le sombre se pose là, menaçant
Tous les jours ne sont pas dimanche,
Envers l’inconnu un désir de revanche
Mêle de l’inconnu des désirs de feu et sang
Car on raconte beaucoup de choses
Difficiles à vérifier
Et dont il faut quand même, se méfier
Qui font beaucoup de littérature, – et de prose.
On ne sait plus, avant que pierres se fendent
Ce qui est du vrai ou du fantastique,
Le fil du temps, délite l’historique
Et les traces se diluent en légendes…
A trier du grain de l’ivraie,
Les contes, enjolivés par l’âge
Ne sont plus, au reportage
Qu’évènements, où chercher le vrai
Est comme chercher , quelques indices
Ou l’aiguille dans la botte de foin
De ces échos lointains
Qui ont intéressé la police…
Mais provoquent l’imaginaire
D’un esprit élastique
A voir des bêtes fantastiques
Un peu partout sur terre…
Si une bête s’est échappée
C’est toute un affaire
— On parle d’une panthère
Et toutes les calanques sont bloquées…
Il faut verser de l’encre en litres
Le lecteur des gazettes est poussé à l’achat…
Finalement …… ce n’était qu’un gros chat
Dont on fit les gros titres…
Les nouvelles d’ailleurs ne sont jamais pareilles
La Sardine – ( cétait un record )
Avait bouché le vieux port…
C’est vrai qu’on était à Marseille…
On dit bien avec » l’acssent », » Bonne Mère »
– Tu vois pas qu’ils exagèrent…. ?
Mais dans le sombre Gévaudan
… on en fait tout autant….
Et si la « Bête » — ce phénomène
– Dont on fit affaire d’état
N’était qu’une suite d’assassinats
Qui aurait sa forme humaine…. ?
Dont on fit une « Une »
— faute de trouver un coupable
Ce fut la « bête » », le responsable
… les loups hurlant à la lune….
RC – 20 octobre 2012
( voir -entre autres la description détaillée qu’on en a fait, ici… )
–
–
L’horloge du soleil, n’a pas d’aiguille (RC)

photo perso: Champerboux ( Lozère)... soleil au soir sur le causse de Sauveterre d'autres idées de la région ? - c'est sur photo-loz
–
Si l’ombre , avec le soleil, joue à cache-cache
Les nuages au-dessus des vallons, font » tache »
Poussés par le vent, ils balaient l’ennui
Et dessinent, en contraste, des morceaux de nuit
C’est comme d’une grande toile, le dessin
Et au fond, apparaît des maisons de village, l’essaim
Alors, brille soudain d’une fenêtre, le reflet
Un éclat, qui clignote un instant, – en effet
En réponse aux nuages, un instant distraits
Laissant s’évader, de la lumière, un trait
Un trait de pinceau qui repousse l’ombre
Couleurs, retrouvées, que les nuées encombrent
L’horloge du soleil, n’a pas d’aiguille…
Elle désigne, de surprise, un endroit qui vacille
Se dérobe soudain, pour naître encore au regard
Au jeu des statues d’ombres, fruit du hasard
—-
Si l’horloge se figeait – et qu’elle s’immobilise
Un arrêt sur l’image – le temps n’a pas de prise
Le passager, dédaignant les passages furtifs
Fixe, en dehors des jours et heures, le définitif
Tel endroit, empêtré dans l’ombre, jamais ne se réveille
Et tel autre se dessèche, toujours sous le soleil
Voilà qui sur terre, ferait du bruit
A vouloir échanger des morceaux de nuit
Contre, des îles de soleil, la caresse
Toutefois, sous l’ère de la sécheresse
On inventerait un jeu de miroirs
Pour prélever du clair, sur le noir
On ferait appel aux sorciers, et leurs grimoires
Pour trafiquer, les cours de l’espoir
Ce serait, – vous m’avez compris
Encore un mirage, de l’esprit
—-
Mais rassurez vous, ce n’est qu’une illusion
La terre a repris, lentement, sa rotation
Et en levant les yeux, – au dessus de votre rue
Car le soir a placé ses pions, et la lune, – apparue…
–
RC – 16 avril 2012
–
voir précisément à ce sujet les photos de lumières de juin, ici
–
Marie Bauthias – L’aveu clandestin
—
L’aveu clandestin)
Refait ce bruit
ce bruit de mer
d’espace en attente.
La mer n’est plus qu’un bruit
épelé dans le soir
un rêve de jeune buisson.
Le ciel rendait ses copies …
Il n’y a rien à craindre…
Des dames en parenthèses
expliquaient au hasard
le passage des pluies.
Les cadences du ciel
nous ont déjà griffés.
Marie Bauthias
(Verrières, éditions Commune Mesure)
–
Cribas – (J.I 72)

installation- objet: Rebecca Horn
Cribas, encore, avec un de ses publications anciennes.. et toujours une utilisation des mots, très particulière et attachante…
voir son site
Tout ce qu’on a dit de bruyant
Même le silence retrouvé
Ne nous le pardonnera pas tant
Que nos combats seront ébruités
Se battre contre qui
Se débattre pourquoi ?
Quelle farce cette vie
Qui trace des petites croix
Dépressions au dessous
De l’art ceinturé
Les petites fleurs d’été
N’ont pas vu le jour
Il entend un cri qui vient de tout en bas. Il saute le pont. Il fait le mauvais pas. L’air vole une dernière fois, sans faire le bruit du mur.
La vie ne sait pas le bruit. Le silence est une poche d’existence.
Tout ce qu’on a rit en fuyant
Pour abrutir le clown
Lui sur sa balustrade d’argent
Trois fois rien dans les fouilles
Se combattre pour qui
S’abattre pourquoi ?
Quelle force cet ennui
Qui passe pour qui sait quoi
Des torsions de fou
Vomies des remparts
L’embolie des dessous
Les réveils sans hasard
Il prétend être déjà mort dix fois. De maux de tête et de mauvaise foi. Les poètes en colère et leurs pas de travers, bruyants.
Le mauvais poète sourit, et d’un coup de baguette magique fait retentir sa pauvre cloche.
Ça lui fait mal au nœud dans sa tête.
C’est l’heure du baptême
Avec du feu dans l’air
Un souffle sur ses batailles
Chuinté par ceux qui l’aiment
Dépressions au dessus
Des ceintures noires d’aubépines
L’homme s’élève à l’insu
Des coups bas de la rime
Il descend les étages
De sa tour quatre à quatre
Souriant sa victoire
Aux lucarnes des nuages

Installation-volume: Rebecca Horn "Simone de Beauvoir"
Il s’entend revivre pour une fois, le poète, juste avant de mourir comme une dernière phase. Le temps poisse et la caravane de tête se prélasse. On ne les reconnaît pas, même s’ils sont las ils se lassent en cachette, les poètes au rez de chaussée avec les clowns !
Cribas 08.10.2007