voir l'art autrement – en relation avec les textes

Articles tagués “hier

Pablo Neruda – Aujourd’hui –


Henri Lebasque – (1865-1937) –

Nous sommes aujourd’hui : hier, doucement, a chu
entre des doigts de jour et des yeux de sommeil,
demain arrivera de sa verte démarche,
et nul n’arrêtera le fleuve de l’aurore.

Et nul n’arrêtera le fleuve de tes mains,
pas plus que de tes yeux le sommeil, bien-aimée,
tu es le tremblement des heures qui s’écoulent
de la lumière abrupte au soleil de ténèbres,

et sur toi c’est le ciel qui referme ses ailes
et il t’emporte et il t’apporte dans mes bras
ponctuel, avec sa courtoisie mystérieuse.

C’est pour cela que je chante au jour, à la lune,
à la mer et au temps, à toutes les planètes,
à tes mots de clarté, comme à ta chair nocturne.

*

.

Es hoy : todo el ayer se fue cayendo
entre dedos de luz y ojos de sueño,
mañana llegará con pasos verdes :
nadie detiene el río de la aurora.

Nadie detiene el río de tus manos,
los ojos de tu sueño, bienamada,
eres temblor del tiempo que transcurre
entre luz vertical y sol sombrío,

y el cielo cierra sobre ti sus alas
llevándote y trayéndote a mis brazos
con puntual, misteriosa cortesía :

por eso canto al día y a la luna,
al mar, al tiempo, a todos los planetas,
a tu voz diurna y a tu piel nocturna.

*

La centaine d’amour

nrf

Poésie Gallimard


Parfois les choses durent – ( RC )


R Papillon - grosse main rec.jpg

Parfois les choses durent
autant qu’elles le peuvent :
– C’est comme la preuve
de ce qu’elles endurent .

Il y avait quelques traits,
ceux de ton écriture,
posés dans le carnet,
avec désinvolture :

Comme ils m’étaient dédiés
ils sont restés,
au coeur même du papier :
on les dirait incrustés

unissant les paroles d’hier,
comme celles du temps qui passe
et se dépose sur la matière
avec une légère trace .

  •   C’était un échantillon
    de la brillance de l’été :
    – Souviens-toi du papillon
    qui s’était frotté

sur la page :
avant qu’il ne s’en aille
pour un autre voyage :
– Il a laissé quelques écailles

qui brillent encore :
des pensées oubliées
– Comme un trésor
au fond de l’être aimé .


RC – avr 2017

( à partir des « cahiers du déluge »  « constat #17 ) de Marlen Sauvage


Le cours d’eau blanc, issu du sol – ( RC )


 

 

 

 

 

 

 

 

image virtuelle – visualparadox

Sous la neige empilée
Tu imagines creuser un tunnel.
Il s’enfonce petit à petit
dans les profondeurs.

Tu y rencontres  des murs de glace,
où des pierres semblent suspendues,
et des sables colorés,
répartis  en strates.

Les milliers d’années écoulées,
sont là, sous tes mains.
En fait, tu creuses dans  l’hier,
Toujours plus loin.

Et remonter à la source…
( ce qui me fait sourire )  – une  source :
Comme  si elle  avait un début,
Et un débit de cours d’eau.

Un cours d’eau blanc,
dont l’origine  –  de lents flocons,
Ne serait pas  aérienne,
Mais issue du sol,  même.

RC-  fev  2015

 

 


La joie ( Ile Eniger) – Pluie d’été ( RC )


A partir du beau texte  de Ile Eniger,  ( le premier), j’ai écrit le second…

 

photo:Jacques Hemery          1978 –               lavandes à Valensole  –  scan de tirage  argentique

 

La joie

 

Le pain brûlé des terres

La lumière en bras de ruisseaux

La perfusion du jour sur les heures de nuit

Les veines au cou de la montagne

Les vignes lourdes de vin vert

Le ciel marine à force de brasure

Les oursins de lavandes dans l’océan des champs

Les fenêtres ouvertes pour reprendre leur souffle

Et les rideaux fleuris

Les pas derrière la porte

La présence

La vie pleine forge

La centaine des blés pour un seul coquelicot

Le rouge du soleil en face

La joie

Légère comme une espadrille.

 

Copyright © Ile Eniger

 

 

pluie  d’été

 

Légère comme une espadrille

Le pas suspendu

Au dessus des brumes

Elle flirte avec les dunes

Et se saisit des montagnes

Pour en faire des chapeaux

Qu’elle repose,de biais

Dans l’océan des champs

Si bien peignés de blés

Et qu’elle va visiter

Lorsque le ciel caresse le sol

Encore chaud de l’hier,

Et d’une fin d’été

Aux parfums de lavande

Et de la terre mouillée.

 

RC  – 11 septembre 2012

 

en rapport avec la photographie  voir  aussi cet article

 

 

 

Copyright © R Chabriere

 


Jorge Luis Borgès – Je suis


image: montage perso

 

 

Je suis le seul homme sur la Terre et peut-être n’y a t-il ni Terre ni homme.
Peut-être qu’un dieu me trompe.
Peut-être qu’un dieu m’a condamné au temps, cette longue illusion.
Je rêve la lune et je rêve mes yeux qui la perçoivent.
J’ai rêvé le soir et le matin du premier jour.
J’ai rêvé Carthage et les légions qui dévastèrent Carthage.
J’ai rêvé Lucain.
J’ai rêvé la colline du Golgotha et les croix de Rome.
J’ai rêvé la géométrie.
J’ai rêvé le point, la ligne, le plan et le volume.
J’ai rêvé le jaune, le rouge et le bleu.
J’ai rêvé les mappemondes et les royaumes et le deuil à l’aube.
J’ai rêvé la douleur inconcevable.
J’ai rêvé le doute et la certitude.
J’ai rêvé la journée d’hier.
Mais peut-être n’ai-je pas eû d’hier, peut-être ne suis-je pas né.
Je rêve, qui sait, d’avoir rêvé.

Jorge Luis Borgès
.

 

 


Tout et son contraire s’assemblent (RC )


peinture: détail de Ch Camoin:         Le jour ni l’heure: Minaret à Tanger,             musée de Grenoble

Un peu de lumière sur les  choses
Que les années  nous  déposent
C’est  toujours, en effet
Des dialogues, avec l’ombre, le reflet
Qui prend alors  toute sa place
Lorsque les jours  s’amassent
Et prennent  pour l’hier
Le tout et son contraire
Si Yin et Yang ne se ressemblent
Ils sont faits pour vivre ensemble…

RC  –  1er juillet  2012

 

photo           Srivinas – miroir brisé


Dialogue des reflets (RC)


peinture : Velasquez : les Ménines détail –porte du fond

 

Dialogue des reflets

Cette fenêtre plate

N’ouvre sur aucune profondeur

Que la perspective éclate

En suivant ses lignes ferveur

 

Se révèlent à travers elle

Reflets et lumières

Qui n’habitent pas du réel

Mais le champ des hiers

 

Que tu ne vois pas de face…

Un dialogue du regard

En quelque sorte, une préface

Etablie avec mon miroir

 

Derrière, se jouent les scènes

Découpées dans le temps

Et souvent parsèment

Les espaces du vent

 

Des Velasquez en Ménines

Les psychés inclinées

De la chute en abîmes

Aux décors subliminés

 

Tu perçois dans le lisse

Ce que tu sens et devines

Les parcours factices

En brillances et patines

 

Reflets des matins

Les lumières fugaces

Des glaces sans tain

A la profondeur vorace

 

Portent vers le soir

Les portraits captés

L’épopée des noirs

Des regards arrêtés.

 

Si le miroir révèle

Les instants ébahis

C’est aussi en parcelles

Qu’il t’a saisie, et trahie

 

RCh  8-12-2011

 

 

A noter  que le critique  et philosophe  sur l’art, Daniel Arasse, est l’auteur  dans ses études  sur les tableaux  d’une  analyse  très intéressante  sur le  célèbre tableau de Velasquez:  » les Menines »…  qui a posé  « question » à beaucoup de gens  entre autre  à des artistes, tels  que Picasso, qui en a fait de très belles  et personnelles  variations, ainsi  que  le sculpteur et peintre Manolo Valdès

peinture: William Ireland - Dressing Room (1998)

photographie: Man Ray: Meret Oppenheim


Le heurt des ombres fait silence (RC)


C’est une ligne qui jamais ne fatigue

Elle porte une surface, rase ou plissée, selon,

Le heurt des ombres fait silence ,et

Le ciel s’incruste avec, courbe l’horizon

Et nous, de même…….

 

rencontres   -  aquarelle non figurative  - - création perso

Ce que le jour donne à voir, nous l ‘habitons

Et le tragique modèle les ombres, en érosion

Griffe et sépare d’un trait de pinceau nerveux

Des plateaux majestueux, la toile horizontale

Avec des rêves d’îles, c’est le souvenir d’une mer,

D’un espace en suspension, avec la part d’attente

 

Accrochée aux sentiers et bouquets vert-de-sombre

De l’aimée qui n’a jamais goûté

L’austérité veloutée, et des gris feutrés

Et du souffle neigeux du chant de la terre

 

Regardant le passage de l’hiver

En se rappelant ce qui fut hier

La grande mer qui conduisait à toi

Et moi, de même ……..

 

la peinture  en accompagnement, est une  création personnelle  intitulée  « rencontres »,   technique utilisée : aquarelle