A la mer retirée (RC)
A la mer retirée…
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Comme si on avait tiré un drap de dessous
La mer s’est retirée à regrets des plateaux
Basculé petit à petit, sans faire de remous
En laissant des îles comme des grumeaux
L’eau qui portait sa patience
La grande patience d’un ressac renouvelé
L’eau nourricière des bancs de poissons denses
A glissé sur le dos d’un pays soulevé
A laissé exsangue les plateaux dénudés
A la chaleur d’août, sans couverts, la poussière
La caillasse , la bourbe des abandonnés
Et le sinueux des premières rivières
Je vois aussi les stupides bancs de sable
Que ne marque plus la plage et ses parasols
Mais le sel incandescent sans terre arable
La rectitude d’un horizon sans heurts ni sol
En parcours géographique si c’est d’Aral
La mer, ou plutôt son souvenir rétréci
Les carcasses penchées des bateaux de métal
Disent qu’il y a plus d’ailleurs qu’ici
Le vent les tourmente et les habite
La rouille multiplie son cancer
De ces bâtiments en fort gîte
Qu’ ont connu l’eau avant le désert
Les embruns, les mouettes et les orages
Les vagues porteuses, et les algues
Mais aujourd’hui sont en paysage
Aussi incongrues que des chouettes
Au milieu d’un repas d’anniversaire.
Ces anciens navires en partie désossés
Marquent en sinistre l’avancée somnifère
D’une léthargie gluante aux ailes affaissées
Aux herbes vénéneuses, qui s’insèrent
D’un péril sournois nous envahit
Même , de ces forteresses et châteaux de fer
L’image d’une vie qui file et trahit.
Ce texte créé le 25 octobre 2011 , est en quelque sorte une prolongation du « heurt des ombres fait silence », écrit 5 mois plus tôt….
puisque , des grands plateaux calcaires, du Larzac au Sauveterre, c’est bien de çà dont il s’agit, d’une mer qui a tout laissé « en plan »
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voir aussi « feuilleter le recueil des causses » ( mai 2013)
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Photo personnelle; Causse de Sauveterre, vers Montmirat ( Lozère)