Patrick Aspe – Les rires sont des oiseaux de passage
Les rires sont des oiseaux de passage
la mémoire une éponge
la nuit une dissidente
tangue la vie des fuites lentes
mascarades sans limites
comme un filin d’acier au dessus du vide
je revois l’olivier des allées
la maison rose sous les cyprès
les grands peupliers jaunes d’octobre
précipice sans fond
sabordage des illusions
danse macabre aux sons des tamtams
le cri vient du ventre friable et déchiqueté
attirances des bleus voilés d’or sur la mer qui balance
la forêt d’endort aux silences des pins
chagrin parfumé d’oranges
imaginons cette vague sur le sable doré
lancinante passion des mains qui passent sur ton dos l’huile frémissante
la colline des horizons
sables mouvants de l’enfance
mon chevalier foudroyé d’ignorance
dragon frissonnant de flammes
la lune échappe aux brouillards
élève toi élève toi vers les neiges des cimes mon cœur brisé
l’azur pur tourmente l’épée qui s’agite …
Blés des causses – ( RC )
photos perso :causses Méjean & Sauveterre
Les petites sorcières de la nuit,
se cachent entre les pierres,
présentes et toujours immobiles ,
même dans la brume du jour.
En silhouettes inanimées ,
elles activent leurs ombres ,
endossant leur poids de silence.
Leur échappant , des vagues vert-jaune
ondulent au sol , caressées par le vent.
Les blés contredisent les gris austères .
Le causse a son discours
empreint de mystère
qu’on ne peut traduire,
avec des mots .
Mêmes les images
ne parlent que d’instants .
son étendue ne se cerne pas .
Comme l’ancienne mer qu’elle recouvre ,
il a quelque chose d’une houle
qui se prolonge aux horizons ,
avant de chuter brutalement
au plus profond des gorges.
–
RC – juin 2017
Je ne sais plus parler le langage des songes – ( RC )
–
Je ne sais plus parler
Le langage des songes,
Et les partager avec toi,
C’est une vague,
Elle déferle, lointaine,
Et mélange ses images,
Vue aux lointains,
La vague des rêves,
Une parmi d’autres,
Se fond en léger frisottis,
A la surface des océans.
C’est vrai, il faudrait plonger,
Dans les profondeurs,
Pour suivre les courants,
Et les bancs des poissons.
Ces poissons de rêves,
Que tu chevauches peut-être,
Vers des horizons sous-marins :
Il ne serait pas question
D’en parler, ou seulement,
De façon muette,
Ce serait alors,
Sous les remous,
Sous les bateaux,
Notre façon de traverser,
Les étendues d’eau,
Les étendues de mots,
Et l’on décrirait sans le dire,
Toutes les couleurs,
Des coraux,
Qui peuplent notre esprit.
–
Allons, Shéhérazade – ( RC )

détail de peinture de G Moreau : » Jupiter & Semelé » 1895
–
Allons Shehérazade, et rêvant
de partager tes senteurs d’orient,
il y a la course des vents d’or,
sur les collines de ton corps,
Comme dunes du désert,
où même le soleil se perd,
dans des creux d’ombre,
et ta chevelure sombre
Et comme l’étendue se plisse,
ensorcelée d’épices,
S’il y a , Shéhérazade, mille et une nuits,
Des feux d’artifice éclatent sans bruit,
> Ils illuminent ta peau lisse,
jusqu’à ton regard de réglisse.
Tes essences voyagent sur toi, lentes,
respiration entêtante.
Elle exhale toutes les moissons,
et presse mes horizons,
J’y ressens le tiède et le frais,
même en ce que tu gardais secret…
dévalant courbes et pentes,
aimée, aux fragrances de menthe..
La mer de ton ventre, bascule au nombril,
c’est en creux, un tourbillon, une île ;
une île au trésor ? – pas besoin de parchemin,
pour le lire et t’envelopper de mes mains…
Silences, attentes et fièvres,
voyagent sur le carmin de tes lèvres…
écoutant le cœur qui résonne,
autant que ta peau frissonne.
Je n’ai pas besoin d’être ailleurs,
car, souveraine, toute en fleurs,
tu rends jalouse , même la lune,
– exultant de parfums, que j’hume.
tu captes de tes seins la lumière,
et le vent n’a plus qu’à se taire….
–
RC – 14 décembre 2013
—
et comme je viens de trouver ce poème de Baudelaire…,
je le joins…
—
Le serpent qui danse
–
Que j’aime voir chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !
Sur ta chevelure profonde
aux âcres parfums,
mer odorante et vagabonde
aux flots bleus et bruns,
comme un navire qui s’éveille
au vent du matin,
mon âme rêveuse appareille
pour un ciel lointain
Tes yeux où rien ne se révèle
de doux ni d’amer,
sont deux bijoux froids où se mêlent
l’or avec le fer
À te voir marcher en cadence
belle d’abandon
on dirait un serpent qui danse
au bout d’un bâton
sous le fardeau de ta paresse
ta tête d’enfant
se balance avec la mollesse
d’un jeune éléphant
Ton corps se penche et s’allonge
comme un fin vaisseau
qui roule bord sur bord et plonge
ces vergues dans l’eau
Comme un flot grossi par la fonte
des glaciers grondants
quand l’eau de ta bouche remonte
au bord de tes dents.
Je crois boire un vin de Bohème,
amer et vainqueur
un ciel liquide qui parsème
d’étoiles mon cœur !
Charles Baudelaire…
Nanni Balestrini – Arianne 1

peinture Wolf Vostell 1967
arrêter impossible
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voir, toujours le beau site d’une autre poésie italienne…
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Les horizons encore, derrière (RC)

peinture: Erich Heckel: chevaux blancs 1912
Il y a tant d’horizons encore, derrière la tombe du silence,
Tu peux partir blessée, à déchirer la lune
Et l’image de l’aimé,
T’enfoncer dans les ornières, et t’égarer en chemin
Les oiseaux de passage, – ils ne te prennent pas ta voix,
Mais de la leur, te montrent, au petit matin,
Le jour naissant, dans ses habits de rosée,
Et la voie, un chemin ténu
Qui finit bien, un jour
Par sortir de l’hiver
–
RC – 30 avril 2013
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