Nizzar Qabbani – tout livre traitant des prophètes
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J’essaie -depuis mon enfance- de lire tout livre traitant des prophètes des Arabes,
Des sages des Arabes… des poètes des Arabes…
Mais je ne vois que des poèmes léchant les bottes du Khalife
pour une poignée de riz… et cinquante dirhams…
Quelle horreur!!
Et je ne vois que des tribus qui ne font pas la différence entre la chair des femmes…
Et les dattes mûres…
Quelle horreur!!
Je ne vois que des journaux qui ôtent leurs vêtements intimes…
Devant tout président venant de l’inconnu..
Devant tout colonel marchant sur le cadavre du peuple…
Devant tout usurier entassant entre ses mains des montagnes d’or…
Quelle horreur!!
en savoir un peu plus sur l »Nizzar Qabbani
Michel Hubert – captif d’un homme
image : Gandy
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Quand on sait ce qu’est la perversité
pour qui je désespère
d’une larme trop facile
sans que le corps étouffe
et se détruise dans l’horreur de mes mains
- quand on est soi-même pervers sorcier qu’une jeunesse afflige –
quand on sait à quel rôle ultime de frontaliers seront voués ses yeux à la seconde même de glisser dans la mort on applique à chaud la lumière des givres
Je pleure ?
moi le sourcier de mon visage pour tuer l’hypnose de la lampe dans ce long souterrain
( j’ai deux petites épingles de bronze une dans chaque main pas plus grosses que le plus petit des chagrins )
je me suis approché sans trembler de mes yeux
toute affiche d’un fleuve si belle
si chromatique soit-elle finira dans la nuit de l’égout
Sylvia Mincès – Un ô combien charmant fatras
Dans un cerceau de haine galactique,
je dévore un ordinateur
au parfum séculaire de citron
et d’orgelet magnétique.
Dans un cercueil d’angoisse poitrinaire,
je palpe, de mon orteil en cendre,
un haut-d’ici étiré sur cinq trous
que débilisent igrek colonnes
de guignols en atomes.
Dans un nid d’horreur féerique,
je joue au je-te-tiens-tu-me-tiens-par…
avec un monstre à œil vert :
le premier qui rira, hara-kiri fe-ra !!!
Sur ma bouée d’hélium percée, je gloup
bloup
bloup
Malika Farah – Papillon

papillon azuritis
Deux extraits de l’ensemble de textes intitulé « papillon », de Malika Farah, visible dans le recueil « dans tous les sens » ed La Passe Du Vent Parution : 17/05/2001
Hissez là-haut ! Encore plus de recul !
Portées au-delà de l’ennui, sérénité et lucidité s’élèvent.
Dans ce lieu rêvé, l’âme est en sursis.
Rêve, papillon, de lumière d’étoiles.
Papillonne au-delà de la simple jungle terrienne et menaçante !
Rien autour du débordement de la vie,
Que le va et vient du vent
Portant un air de désir inassouvi,
Vole, papillon, les ailes déchirées.
Survole l’horreur,
Survit ! le mal s’enlise seul.
Sous la lumière divine, l’envol est possible.
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Arbre de l’humanité, l’esprit en chacune de tes feuilles.
Quand le corps se décompose en une poussière d’ange.
Plane au-dessus des branches d’oxygène,
Pour nous pauvres mortels.
L’automne arrive au gré du vent, on vole et se régénère
En des âmes profondes !
Malika FARAH
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Salomé aux mains douces (RC)

peinture: Lukas Cranach : Salomé & la tête de St Jean Baptiste
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Salomé aux mains douces
En chevelure rousse
Joue peut-être les vautours
En habits de velours
Son visage est bien rose
Le tout, sans ecchymoses
Rose sans pétales
Et St Jean est pâle
Enfin, juste sa tête…
C’est après la fête
On s’est rempli la panse
Et la Salomé danse
Presque en transes, danse
Et…… mérite récompense
Afin que rien ne prive
Du spectacle , les convives
Et contribue à la fête
On amène le prophète…
Elle obtient la tête de Jean
Sur un plateau d’argent
Posée délicatement
Et presque joliment
A la manière d’un saucisson
( c’est la décollation)
L’opération est simple, elle consiste à séparer
Le corps de la partie supérieure, qui permet de penser
Bien sûr il y a quelques éclaboussures ,et c’est assez
Impressionnant, mais plus propre que de scalper…
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Le peintre nous rapporte avec délices
Des instants inscrits en histoire– ce supplice…
Qui sont toujours délicats
Mais rendus en couleurs, en habits d’apparat
….. Aurait-elle tué le prisonnier
S’il n’avait eu les mains liées ?
Sa veste matelassée
En aurait été froissée !!
Ce qui serait dommage pour l’aventure
Et aussi, pour la peinture
Cà aurait fait un couac
…Même chez Cranach
St Jean est une « chose »
De celles qu’on dépose
Avec les gâteaux
Le tout sur un plateau…
Salomé en tailleur
A le regard ailleurs
Et semble bien encombrée
Par la lourde épée
Comme marteau et enclume
(avec son chapeau à plumes)
Calée dans son cadre
Comme à la parade
Un peu dégrisée
Son regard rusé
Qu’on voit au musée
N’a rien d’aiguisé..
Au jeu des horreurs
On y voit la mort
Venir rôder par ici
Et suivre les prophéties
…
Mais la peinture fascine
La foule jubile et assassine
Pâmoison, sensations, et adoration
En grandes files,pour voir l’exposition.
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RC 2 avril 2012
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