voir l'art autrement – en relation avec les textes

Articles tagués “hypothèse

Juste une hypothèse sur l’existence des choses – ( RC )


Matisse  fenêtre noire      .jpgpeinture: H Matisse

 

J’ai crû que c’était le matin.
J’ai regardé ma montre.
Il est plus de 9 heures .
La météo n’en a rien dit
( on ne l’aurait pas crue ).
Ou bien ce serait un saut dans le temps .
            La nuit s’en engouffrée dans le jour
a profité d’une brèche :
J’ai ouvert la fenêtre.
L’éclipse du temps s’est étendue
pendant la nuit,
et se prolonge 
jusqu’à l’immobilité des choses.

        Je distingue à peine les murs d’en face.
Le béton,     les cheminées,       d’autres fenêtres.
Elles portent un voile de deuil.
Aucune lumière.
Les lotissements sont bien là,           obscurs.
Les immeubles ne présentent que des surfaces,
plantés au sol comme des esquisses de décor.
A peine plus noirs       que le fond d’encre.
Les rues où rien ne circule.
          Tout a été happé par le silence.
A la façon d’un Malevitch
qui aurait peint du noir sur du noir.

        C’est bien le matin,
d’après l’heure   ,
mais peut-on l’appeler encore comme ça ?
        Le jour s’est perdu quelque part,
happé par l’infini,
–       que sais-je ?
A moins que j’aie seulement rêvé:
un rêve de lumière,       caressant les choses,
                                     la pensée d’un astre,
( juste une hypothèse sur
l’existence des choses ),
que rien ne viendrait confirmer .


RC – mai 2018


Passage de l’ange ( RC )


peinture P Gauguin, – détail –  » D’où venons-nous, que sommes nous, où allons nous ? »

peinture  –  partie centrale         » D’où venons-nous,que sommes nous, où allons nous  ?  »   1897

 

 

Comme on dit,       sur terre,

–      Au creux d’un silence,

passe l’ange     ( un mystère),

Lui,      sans bruit,   danse..

 

On ne le voit pas,

Seuls ses cheveux ( d’ange ),

        S’agitent ici-bas,

Si ma tête penche,

 

Je sens, assis sur le vent,

Ses ailes qui me dépassent,

Et l’ange, ( ou ce revenant ),

–        Grand bien me fasse –

 

Semblait chercher son chemin,

>         Ce qui me fait marrer…

Que ces êtres de lieux lointains,

Puissent ainsi s’égarer —–

 

Si loin des dieux et déesses,

Au terme d’un long voyage,

Seul     ( panne de GPS ) ,

descendu de son nuage.

 

C’est            parce que c’était dimanche,

Et, que, poursuivant      un diable fourchu,

Au long cours d’une   météo peu étanche,

Vit aussi cette sorcière aux doigts crochus,

 

Perforant d’un coup de roulette russe,

A cheval        sur son vieux balai,

Un vieux             cumulo-nimbus

Ce      qui ne fut pas sans effets…

 

Perdant               l’appui de l’arc-en-ciel,

…           pour le pique-nique ( c’était fichu),

Notre ange en oublie de fixer ses ailes,

Et se trouve à errer parmi nous, ainsi déchu…

 

Ou, peut-être objet d’un malaise,

>            C’est une supposition,

Une possibilité,   une hypothèse…

Mais ,          qui pose question…

 

Ou alors,           c’est mon ange gardien,

<                Qui veut mieux me connaître,

Me parler, dialogue ouvert, établir des liens,

Lui, qui m’a vu naître…

 

Ou encore, ange égaré, peut-être

Cherches tu      la bonne adresse,

La bonne porte, la bonne fenêtre,

D’une âme               en détresse ?

 

>              Quelqu’un d’un peu fou,

lui demandant « D’où venons-nous ?

                              – Qui sommes-nous ?

                               –   Où allons-nous ? »

 

Mais   –   que prend-t-il donc aux humains,

De poser   des questions embarrassantes,

S’il ne leur suffit pas de lire les lignes de la main ?

Et ,               sans réponse satisfaisante…

 

Peut-être             la raison de sa présence,

Ici,              dans les odeurs de poisson frit,

Dans ce bas monde, le don de sa confiance,

Apparaît , aussi, sous un ciel chargé ,et gris…

 

Déposant sur la terre,

Un parfum subtil               qui l’entoure

D’une traînée d’étoiles,        de lumières

Et de l’ombre,         redit un peu le jour.

 

 

RC – 24 juin  2013

peinture: Paul Gauguin: lutte de Jacob avec l’ange 1888


La matière vidée d’elle-même ( RC )


peinture: Curt Frankenstein

peinture:        Curt Frankenstein

………   Je vois à travers les murs , des maisons cimentées, Il y a trois fois rien, et les matériaux flottent bizarrement dans une atmosphère de coton, chaque chose a pris une texture autre, et décide de sa position.
Les poutres  se croisent et envisagent un dialogue inédit, les vantaux des fenêtres battent  sur l’air, où se mélangent les végétaux  et la pierre.
Il vient une joyeuse  suite de framboisiers, qui surgit d’un ancien papier peint, pour s’enrouler  sur les tuyauteries,                   amoureusement.
L’escabeau aux anciennes  coulées  de peinture, servant de perchoir à des lézards multicolores, attendant on ne sait quoi, ….peut-être des insectes errant sur les lourds fauteuils du salon  pris par des racines, et ne dévalant pas un angle,       que l’on peut qualifier  de faux plat, défiant l’horizon bleuté des montagnes, là-bas.

Si loin,  si proches.

La matière  s’est  vidée d’elle-même, de sa masse et de sa chair,
Et retournant nostalgique, vers l’abstraction, sur l’hypothèse incertaine, où lutter contre la pesanteur ne serait plus nécessaire,….         comme un jeu dont les règles s’inverseraient, à la fantaisie des heures.

Et la vie de même,qu’une rivière fantasque,  prenant un autre cours,  changeant son tracé, au gré du relief et des époques.

RC   –  16 juin 2013