les yeux démesurément ouverts sur la nuit – ( RC )

peinture: Léon Bonnat – le lac de Gérardmer- 1893
–
C’est cette nuit, quelque part,
le don du sang en héritage,
qu’au-dessus du lac
aux profondeurs noires,
je vois cliqueter
la mécanique des étoiles.
C’est un grand appel silencieux,
aussi étrange qu’un rire de chauve-souris,
qui m’effraie autant qu’il m’attire.
Il n’a de calme que l’apparence,
car tout peut avoir lieu
au sein du liquide obscur.
L’air, dans sa moiteur,
a cet aspect fatigué
des choses qui se fanent,
repoussant en ses extrémités,
autour de la clairière proche,
une jungle aux arbres en fer forgés…
Malgré son lent clapotement,
il me vient à l’esprit que l’eau,
de même, est figée,
comme une plaque de métal,
que je pourrais m’y risquer
sans pour autant m’enfoncer,
aussi loin que je puisse
pour accéder à l’îlot sombre,
en son centre.
Je sais que des barques
y abordent certains jours,
et on y débarque des cargaisons funèbres.
Cet îlot , je le sais gardé
par des statues sévères
à la base couverte de mousses…
Cette nuit,
je combattrai
la violence muette des enchantements.
Je mourrai, peut-être,
englué dans les vases fourbes,
ou paradoxalement aspiré
par le ciel monotone, mais le coeur net,
semant l’épouvante dans les planètes,
les yeux démesurément ouverts sur la nuit.
je partage et distribue
03/09/2020 | Catégories: Art, fine arts, peinture, self creation | Tags: épouvante, étoiles, îlot, barques, chauve-souris, clairière, funèbres, lac, métal, mousses, noir, nuit, obscur, planète, statues, vases, violence, yeux | 1 commentaire