Izou, couleur de fumée – ( RC )

Où es tu maintenant
toi qui veillais sur mes nuits,
poids doux de tes pattes
sur mon visage ?
Pelage gris-brun
l’ ange animal
qui veillait
sur le château de la nuit…
Toute proche encore
à la façon d’un enfant
qui se pelotonne
dans mes rêves.
Petit cœur battant
dans un corps
couleur de fumée,
velours de l’ombre …
Et soudain,
la coupe des jours
sonne par le creux
de ton existence.
Ainsi la vie s’absente,
la sonate s’est tue,
la corde du violon
brisée, ne peut être réparée .
Pourquoi faut-il
que rien ne perdure,
que la lumière de ton regard
s’éteigne ?
Pourquoi as-tu quitté mon songe éveillé
et les lueurs du jour ?
Il n’y a pas de réponse,
je le sais .
Rien d’autre que le souvenir .
C’est peu de chose ;
dans l’immatériel,
tu continues à vivre ainsi .
Où es-tu maintenant ?
–
RC- juill 2019
Gabriela Mistral – l’amour muet
trad Nicole Laurent-Catrice
( variante dans Biblioteca Premio Nobel, éd. Aruilar : Amor, Amor.)

Si je te haïssais, je te jetterais ma haine dans des mots, ronde et sûre; mais je t’aime et mon amour ne se fie pas à ce parler des hommes, trop obscur.
Tu voudrais qu’il s’exprime en cri déchirant, mais il vient de si profond qu’il a, défaillant, répandu son flot brûlant bien avant la gorge, bien avant la poitrine.
Je suis comme un étang gorgé et tu me crois un jet d’eau inerte.
Tout cela à cause de mon silence tourmenté qui est plus atroce que d’entrer dans la mort !
Ainsi ne me touche pas. Je mentirais si je te disais que je te livre mon amour dans ces bras tendus, dans ma bouche, dans mon cou, et toi, croyant que tu l’as bu tout entier, tu t’abuserais comme un enfant aveugle.
Car mon amour n’est pas seulement cette gerbe rebelle et fatiguée de mon corps, qui tremble toute au frôlement du cilice et qui s’attarde dans son vol.
Il est ce qui est dans le baiser et ce n’est pas la lèvre; ce qui brise la voix, et ce n’est pas la poitrine; c’est un vent de Dieu qui passe en déchirant la branche de ma chair, immatériel!
.
El amor que calla